Cinéma23 décembre 20170Le brio

Avec « le brio », Yvan Attal réalise une excellente comédie sociale.

Pierre Mazard (Daniel Auteuil), professeur de droit à Assas, est connu pour ses provocations à tonalité volontiers raciste. Lorsqu’à son premier cours, une étudiante maghrébine arrive en retard, il s’en donne à cœur joie. Cet énième dérapage lui vaudra le conseil de discipline.

Le président de l’université lui tend une perche. Il s’agit de coacher l’étudiante qu’il a humiliée et de la présenter à un concours d’éloquence. Neïla Salah (Camélia Jordana) flaire le piège. Mais recevoir des cours particuliers d’un professeur aussi contesté que respecté constitue une opportunité formidable.

C’est qu’elle est ambitieuse, Neïla. Elle vit avec sa mère dans un appartement à Créteil, est totalement imprégnée de la culture beur de banlieue et aime secrètement un ami d’enfance, Mounir (Yasin Houcha), chauffeur Uber. Mais elle veut devenir avocate et est prête pour cela à adopter les codes de la société « française de souche ».

L’apprentissage des stratagèmes pour convaincre, que Mazard impose à son élève, est dur. Il passe par du maintien corporel, par le changement de garde-robe, par des séances de déclamation dans des wagons de métro face à un public captif mais pas conquis d’avance.

À mesure que progresse sa transformation en « petite française », l’écart avec les potes de banlieue et avec Mounir lui-même se creuse. Mais qu’est-ce qui marque la filiation l’émigration : parler en verlan ou garder la tête haute ?

Le film d’Yvan Attal est drôle, émouvant et pertinent dans sa mise en scène du grand écart entre deux cultures juxtaposées, celles de Paris et de sa banlieue. Daniel Auteuil est fascinant dans le rôle d’un professeur cynique qui peu à peu se laisse envoûter par l’élève que la menace de son exclusion de l’université lui a fait accepter à contrecœur. Camélia Jordana est belle, aussi bien lorsqu’elle tient tête au professeur ou aux garçons de la cité que lorsqu’elle plaide avec ses tripes dans le concours d’éloquence.

L’important, dit Mazard, ce n’est pas de dire la vérité, c’est de convaincre. J’ai été convaincu par « le brio ».

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