Justice18 juillet 20210Un jeu sur la prison et ses peines

RPS (remise de peine supplémentaire) est un jeu de société qui immerge le joueur dans la réalité de la vie en prison.

 De deux à six personnes peuvent jouer. Le plateau se compose de 52 cases correspondant aux 52 semaines de l’année. À chaque joueur est attribué un pion, qui, comme au Monopoly, avance selon un jet de dé.

 La différence avec le Monopoly, c’est que la prison n’est pas l’une des cases, la plus redoutée. C’est l’ensemble du jeu qui s’y déroule. Dans un premier temps, chaque joueur tire une carte, qui indique la peine à laquelle il est condamné. Par exemple : « sévices graves ou cruauté envers les animaux, 2 ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende » ; ou encore « participation à une association de malfaiteurs, 10 ans d’emprisonnement et 150 000€ d’amende ».

Le joueur écrit sur le plateau la date de fin de sa peine, sachant qu’il est présumé être entré en prison le 1er janvier. Puis il calcule les remises de peine auxquels il a droit : 3 mois pour la première année, 2 mois pour les suivantes, sachant qu’elles peuvent être retirées en cas de mauvaise conduite. Une nouvelle date de libération attendue en résulte.

 Le hasard du tirage du dé lui fait parcourir les moments de la vie carcérale : la cellule, la promenade, le parloir, l’école, le rendez-vous avec le ou la CPIP (conseiller d’insertion et de probation), l’extraction médicale vers l’hôpital (UHSI), ou bien une permission d’insertion.

 Il arrive que le pion tombe sur une case rouge, « faute disciplinaire ». Outre le passage pour quelques jours au quartier disciplinaire, il faut tenir compte d’un retrait de réduction de peine. Par exemple, pour la détention d’un téléphone portable, 7 jours au quartier disciplinaire et 21 jours de retrait de réduction de peine, autant de jours de prison à faire en plus. En sens inverse, participer à une activité socioculturelle ou se soumettre à une obligation de soin donne droit à une réduction de peine. Le joueur efface la fin de peine prévue antérieurement, et écrit la date recalculée.

« RPS » a été imaginé par Arbi Madjah lorsqu’il était lui-même détenu. Le jeu est imprimé en Bretagne et assemblé dans les ateliers d’insertion du pays rennais. Un fascicule donne le mode d’emploi du jeu, explique les catégories d’infractions punies par la loi en France (contraventions, délits et crimes) et les peines correctionnelles ou criminelles qui sont encourues. Il décrit, pour chacune des cases du tableau de jeu, les lieux et les moments de la vie en prison.

 « RPS » se présente comme un outil de prévention de la délinquance, « l’objectif étant d’éduquer les jeunes à la réalité de la vie carcérale et d’en montrer les différents impacts humains, dans une démarche dissuasive ». Son public serait donc des jeunes potentiellement délinquants, incités par des éducateurs à y jouer pour instiller en eux la crainte de la prison.

 Il me semble que le public potentiel du jeu est, bien davantage, les citoyens ordinaires qui ressentent de la curiosité pour cette boîte noire qu’est la prison. Quelles sont les infractions qui peuvent y mener ? Quel est le quotidien d’une personne détenue ? Celle-ci peut-elle, par son comportement, influer sur la durée de sa peine ? C’est une immersion qui est proposée, et celle-ci est aussi divertissante qu’enrichissante.

Arbi Madjah, auteur de « RPS, le jeu », lors d’un rendez-vous avec des responsables du Ministère de la Justice.

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