Alliance militaire

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La signature par le président français et le premier ministre britannique de traités scellant pour cinquante ans une collaboration intime entre les armées des deux pays est un événement remarquable.

Ancien ministre de la Défense du Cabinet Fantôme conservateur, Bernard Jenkin a déclaré selon le Guardian : « il ne peut pas y avoir de fusion stratégique avec un pays qui a historiquement, et qui a encore, des objectifs stratégiques diamétralement différents sur la scène mondiale ». On mesure l’énormité, pour le courant de pensée auquel il appartient, d’un accord qui, à côté de la création, presque banale, d’une force d’intervention commune de 10.000 hommes, revient à partager l’arme nucléaire : « interopérabilité » des porte-avions, complémentarité géographique des missions des sous-marins, développement d’un laboratoire en France pour tester les bombes. Si ce n’est pas une fusion, cela y ressemble à s’y tromper !

Le premier ministre anglais David Cameron a évoqué le pragmatisme : il s’agit de mettre en commun des moyens pour réduire les budgets militaires tout en conservant une ambition mondiale. Méfiant à l’égard d’une défense européenne sous l’égide de Bruxelles, il est à l’aise avec un traité bilatéral qui pourrait s’élargir demain à l’Allemagne, aux Pays-Bas ou à l’Espagne.

Il a rappelé que la Grande Bretagne n’était allée seule à la guerre qu’en deux occasions au cours des trente dernières années, en Sierra Leone et dans les Malouines. Il a toutefois, semble-t-il, oublié une occasion où elle y est allée mal accompagnée : en Irak.

Photo « The Guardian » : le sous-marin britannique HMS Astute ensablé près de l’Ile de Skye

Centenaires

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L’INSEE annonce qu’il devrait y avoir au moins 200.000 centenaires en France en 2060. Ils étaient 15.000 au début de cette année.

Ce phénomène n’est pas propre à la France. Le quotidien italien La Repubblica s’interroge sur les aménagements du cadre de vie qui seront nécessaires pour accueillir ces cohortes de personnes atteignant un âge encore récemment impensable. Il se réfère en particulier à la « semaine de la cuisine sûre » organisée par Ikea. Et il offre aux centenaires le gâteau qui orne cette chronique.

Camden Town

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Camden Town, un quartier au nord de la gare de St Pancras à Londres, est devenu l’une des principales attractions touristiques de Londres.

Le dimanche, on estime que plus de 100.000 personnes visitent les puces de Camden. La station de métro est fermée une bonne partie de la journée pour éviter que la foule provoque des accidents sur les quais étroits de la Northern Line.

Ce n’est pas un marché, mais plusieurs, qui se sont développés depuis les années soixante dix sur un site traversé par le Regent’s Canal, les voies de chemin de fer de la gare de Euston et celles de l’Overground. Les plus fameux se sont installés dans les entrepôts voisins des écluses (Lock Market) et dans les anciennes écuries de l’hôpital où étaient soignées les chevaux qui tiraient les péniches sur le chemin de halage (Stables Market)

Camden est le monde de l’extravagance vestimentaire, où il est possible pour peu d’argent de se constituer une garde-robe indienne, gothique ou carrément loufoque. Des centaines de boutiques proposent des mets du monde entier, que l’on savoure debout entre les stands. Des ateliers et galeries d’art se sont installés. Certains vendent des objets de pacotille, mais d’autres profitent de l’effet de la mode pour s’adresser à une clientèle « posh » (élitiste).

Visiter Stables Market procure une vraie expérience sensorielle. On piétine, on se bouscule, on tâte les tissus et les objets. On y admire des sculptures de chevaux, des cariatides, des statues de divinités. On cligne des yeux au faisceau des projecteurs. On savoure des samossas, des nems et des loukoums. On est assourdi par les musiques diffusées à tue-tête, les boniments des vendeurs et la rumeur de la foule. On est enivré par les fumets de cuisine et les émanations des lampes à parfum.

Photo « transhumances ». Stand de restauration en plein air à Lock Market, Camden Town.

Hélicoptère monétaire

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Se référant à la fameuse phrase du Gouverneur de la Federal Reserve Ben Bernanke disant qu’il n’hésiterait pas à lancer des billets de banque d’un hélicoptère s’il le fallait pour sauver l’économie, le journaliste du Guardian Simon Jenkins préconise de les lancer sur les pauvres et non sur les banques.

Dans The Guardian du 27 octobre, Simon Jenkins préconise une approche non partisane de la politique de coupes budgétaires massives détaillée il y a quelques jours par le Chancelier de l’Echiquier George Osborne. Après tout, elles ne feront que ramener la dépense publique au point où elle en était il y a dix ans à peine. Malgré ces précautions oratoires, c’est une politique de soutien de l’économie par la dépense publique et non par l’injection de liquidités bancaires qu’il appelle de ses voeux.

« Parce que les banquiers on mis la Grande Bretagne dans le pétrin, on suppose qu’il faut les supplier, les soudoyer et les cajoler pour en sortir la Grande Bretagne (…) Au cours des deux dernières années, les banques ont été secourues avec d’énormes sommes d’argent, et cependant on ne leur a rien demandé en retour(…)

Si on veut imprimer de la monnaie pour stimuler l’économie, on la met directement dans la demande. On la donne aux gens réels. Au lieu de cela, nous avons le Gouverneur de la Banque d’Angleterre, Melvin King, qui admet dans Prospect Magazine qu’il « croit » que l’aide quantitative va marcher, deux ans après qu’elle a échoué, « même si je ne peux vous dire quand » ou apparemment comment. Sur les milliards qui ont été donnés aux banques, pas un penny ne semble avoir atteint l’économie réelle. C’est sans doute l’échec le plus éclatant de la politique économique moderne. Même son architecte, Alistair Darling (Chancelier de l’Echiquier dans le Gouvernement Brown) demande « où est l’argent ? ».

(…) L’argent devrait être lancé d’hélicoptère non aux banques mais à ceux qui sont le plus susceptibles de dépenser à court terme, principalement les pauvres. La meilleure façon de déverrouiller une banque est de faire tinter les tiroirs-caisses. »

Le point de vue de Simon Jenkins est critiquable. Il y a une grande différence entre la politique monétaire (prêter aux banques) et la politique budgétaire (donner aux pauvres). Il n’est pas sûr que les mesures visant à stimuler la consommation, par des allocations ou par une réduction de la TVA, soient efficaces : dans une économie ouverte comme celle de la Grande Bretagne, elles risquent d’accroître les importations et d’amplifier les déséquilibres.

La question posée sur le « quantitative easing » est toutefois légitime. La rentabilité des banques s’est fortement rétablie depuis un an grâce au trading sur le marché interbancaire de l’argent prêté par la Banque Centrale. Etait-ce le but ultime recherché ?

Un débat est aussi en cours en Grande Bretagne, non sur le principe de coupes budgétaires (elles faisaient aussi partie du programme travailliste), mais sur leur rythme. Le marché de l’immobilier résidentiel est de nouveau orienté à la baisse ; l’exportation ne semble pas prendre le relais comme moteur de la croissance. La diminution des dépenses publiques ne risque-t-elle pas d’entraîner de nouveau de pays dans la récession ?

Photo The Guardian : images de George Osborne défendant son budget au Parlement.

Référence de l’article : http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/oct/27/pleading-banks-osborne-plan-b