Cheryl Cole

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La chanteuse britannique Cheryl Cole vient de donner des interviews très personnelles à la télévision (avec Piers Morgan) et au Guardian Magazine (avec Simon Hattenstone).

Qu’est-ce qui fait d’une femme une star ? L’interview de Cheryl Cole sur ITV 1 samedi 23 octobre le laisse entrevoir. La jeune femme est seule face au journaliste, à un auditorium de plusieurs centaines de personnes et à des millions de téléspectateurs. Elle est belle sous les projecteurs. Elle s’exprime d’une voix douce, avec un délicieux accent de Newcastle.

Elle vient de vivre une année affreuse : son divorce d’avec le footballeur Ashley Cole et la malaria dont elle a failli mourir à la suite d’un séjour en Tanzanie. Invitée à noter sur une échelle de 1 à 10 l’intensité de sa souffrance, elle sort du cadre et indique 11.

Cheryl vit dans un autre monde, jet-set, paillettes et sunlights. Pourtant, lorsqu’elle est là en face de nous, avec son parler de petite fille du nord, ses larmes et sa sincérité, elle semble vulnérable et proche. N’est-ce pas cette contradiction qui fait d’elle une star ?

Photo The Guardian. Référence de l’article : http://www.guardian.co.uk/culture/2010/oct/23/cheryl-cole-interview-simon-hattenstone

Transhumances

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J’ai reçu de nombreuses réponses d’amis à la question posée le 3 septembre à l’occasion du premier anniversaire du blog : « que pensez-vous de « transhumances » ?».

La tonalité générale de ces réactions est positive. Les lecteurs apprécient que je fasse partager sentiments, impressions et commentaires. Ils disent admirer la constance à alimenter ce blog avec des articles bien écrits et documentés. Ils visitent le blog avec plaisir et curiosité. Ils trouvent les articles riches, divers et lisibles, les photos agréables à regarder.

Une suggestion est, pour éviter le risque de monotonie, d’écrire plus rarement et de varier les tons, les genres et les styles par un travail sur l’écriture. Une autre piste d’amélioration serait d’afficher des opinions plus tranchées de nature à susciter des débats. Dans le même sens, celui de susciter de l’interactivité, je suis encouragé à visiter d’autres blogs et à créer des passerelles et des débats d’idée.

« Transhumances » a maintenant un lectorat fidèle, mais qui reste modeste : sa fréquentation est en moyenne de 20 à 30 pages consultées par jour. Aucun grand média national ne s’en est jamais fait l’écho, pas même Le Monde qui l’héberge. C’est probablement dû en partie à la multiplicité des thèmes traités, qui prive le blog d’une identité claire. Au cours des mois à venir, il en restera ainsi : le blog est le journal des choses que j’apprends chaque jour, mis à la disposition de la grande communauté des francophones par le moyen du Web. Mais je chercherai progressivement à privilégier la qualité sur la quantité, à me centrer sur des situations de « transhumance » d’un état individuel ou collectif à un autre, et à établir des passerelles avec d’autres blogueurs.

Photo Brigitte Denecker, Canary Wharf

Victor Hugo pendant l’exil

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« Transhumances » a rendu compte il y a un an du tome 1 de la biographie de Victor Hugo par Jean-Marc Hovasse. Le tome 2 (Fayard, 2008) couvre une partie de la période d’exil, entre 1851 et 1864.

A la fin du tome 1, nous avions laissé Victor Hugo s’enfuyant en train de la France vers la Belgique déguisé en ouvrier. Il s’était opposé au coup de force de Louis Napoléon Bonaparte. D’innombrables républicains avaient été tués ou envoyés au bagne. A Bruxelles, il retrouve la communauté des proscrits, mais ce premier lieu d’exil n’est pas sûr. Il s’installe à Jersey de 1852 à 1855 puis dans l’île plus accueillante de Guernesey. En 1860, il refuse l’amnistie des proscrits.

Dans l’intervalle, sa production intellectuelle est incroyablement dense, de Napoléon Le Petit à William Shakespeare en passant par les Contemplations, la Légende des Siècles, les Misérables et un grand nombre d’articles, de manifestes (en particulier contre la peine de mort), de discours. Sa correspondance est considérable.

En exil, Victor Hugo reconstitue sa cellule familiale : sa femme Adèle ; son fils Charles, passionné par des innovations telles que le spiritisme et la photographie, aspirant écrivain au maigre talent ; son autre fils François Victor, qui mène à bien une monumentale traduction de Shakespeare ; sa fille Adèle, solitaire, renfermée, musicienne, psychologiquement déséquilibrée ; Auguste Vacquerie, le beau-frère de la fille disparue, Léopoldine ; et, dans le même pâté de maisons, la maîtresse, Juliette Drouet, celle qui avait sauvé sa vie dans les heures dramatiques de décembre 1851. Autour de la famille, partageant l’exil, à Bruxelles ou à Paris, des camarades, des amis ou des éditeurs. Tous sont puissamment attirés par le magnétisme du maître de maison ; tous, sauf Juliette, ont besoin d’air et aspirent à s’éloigner, de son bon gré ou malgré lui.

Il déploie une énergie phénoménale, que ce soit dans la rédaction de ses poèmes et de son roman, dans la relecture des épreuves, dans la négociation de ses contrats d’édition, dans l’action militante, dans la peinture, dans ses voyages au Benelux et en Rhénanie, dans la décoration pièce par pièce d’Hauteville House, la maison qu’il a achetée à Guernesey, comme dans la séduction des jeunes domestiques de la famille.

A Jersey, la famille Hugo pratique assidument les tables tournantes : des esprits s’invitent parmi eux et font connaître leurs pensées en frappant. Peu à peu, Victor Hugo crée sa propre philosophie et sa propre religion, fondées sur l’idée que les objets, les plantes, les animaux et les humains sont habités d’un esprit immortel. Certains esprits ont un degré de conscience plus élevé et dialoguent entre eux au-delà des siècles : Victor Hugo se sait l’égal d’Eschyle, Isaïe, Dante, Michel-Ange et naturellement Shakespeare, ce qui ne manque pas de provoquer la raillerie de ses ennemis.

« Il faut détruire toutes les religions afin de reconstruire Dieu. J’entends : le reconstruire dans l’homme. Dieu, c’est la vérité, c’es la justice, c’est la bonté. C’est le droit et c’est l’amour ; c’est pour lui que je souffre, c’est pour lui que vous luttez » (lettre à Auguste Nefftzer). « J’ai la foi que c’est dans l’infini qu’est le grand rendez-vous. Je vous y retrouverai sublimes et vous m’y reverrez meilleur (…) La vie n’est qu’une occasion de rencontre ; c’est après la vie qu’est la jonction » (Préface de mes œuvres et post-scriptum de ma vie).

Le livre de Jean-Marc Hovasse est une œuvre scientifique : plus de 350 pages de notes critiques sur les presque 1400 pages du livre. Pourtant, il se lit comme un roman. Le lecteur devra patienter pour le tome 3, annoncé pour le bicentenaire de Waterloo en 2015 !

Couverture de la biographie de Victor Hugo par Jean-Marc Hovasse.

Danser la ville

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Le Palace Theatre de Watford vient de présenter deux créations de la compagnie de danse Shobana Jeyasingh : Bruise blood (hématomes) et Faultline (faille). Elles nous parlent d’antagonismes et de coopérations dans les villes modernes.

Le Palace Theatre recrute généralement son public dans le troisième âge. Ce soir, les adolescents et les jeunes adultes sont en majorité, certains venus en cars spéciaux. Dans le monde de la danse britannique, la compagnie de Shobana Jeyasingh est connue pour sa créativité et sa capacité à exprimer l’air du temps. Elle se présente elle-même ainsi : « la chorégraphie de Shobana Jeyasingh traite de la manière dont nous vivons aujourd’hui. Elle reflète une société dans laquelle l’identité culturelle, le changement technologique et l’effacement des frontières traditionnelles sont des thèmes dominants dans les vies de tous les jours ».

Les huit danseurs évoluent sur des musiques originales. Le rythme est trépidant, comme celui d’une grande ville européenne emplie d’une population cosmopolite sans cesse en mouvement.  Les personnages se cognent les uns aux autres, s’évitent, se rencontrent dans des mouvements où la force de l’un et de l’autre se conjuguent dans une harmonie qui défie la pesanteur.

Les tenues de scène mettent en évidence la féminité et la masculinité des corps. Il n’y a pourtant pas de recherche sur le couple et l’attraction sexuelle. Les danseurs des deux sexes jouent la même partition. Il arrive que les danseuses portent leurs partenaires hommes.

La troupe, dirigée par Shobana Jeyasingh, née à Chennai en Inde et vivant à Londres, est internationale. Les danseurs sont d’origine britannique, espagnole, finlandaise, italienne ou vietnamienne. Ses membres sont des athlètes, capables d’imprimer à leur corps des postures et des mouvements esthétiquement superbes.

Photo : Shobana Jeyasingh Dance Company, www.shobahajeyasingh.co.uk