Back to Newcastle

 

Newcastle upon Tyne fut le plus grand chantier naval du monde. La ville peine aujourd’hui à inventer son avenir postindustriel.

La chaîne britannique de télévision britannique a consacré une émouvante émission à la ville de Newcastle upon Tyne, au nord de l’Angleterre : « a journey back to Newcastle, Michael Smith’s deep North ». On peut la regarder à l’adresse suivante :

 http://www.bbc.co.uk/iplayer/episode/b00tr1gm/A_Journey_Back_to_Newcastle_Michael_Smiths_Deep_North/.

J’ai une passion pour les villes phares de la révolution industrielle qui tentent sur les friches industrielles de s’inventer un avenir : Bilbao, Pittsburgh, Birmingham. Newcastle upon Tyne en fait partie. A l’époque de sa splendeur, 2 navires sur 5 produits dans le monde sortaient de ses chantiers. Il n’en reste rien aujourd’hui. L’émission de Michael Smith, né à Newcastle et vivant à Londres, est un hommage lyrique à l’esprit héroïque de cette cité de fer et d’acier. Elle s’étend longuement sur le démantèlement des chantiers navals et la détresse de ceux qui y ont travaillé.

Newcastle est fameuse pour les ponts enjambant la Tyne qui attestent de son ancienne avance technologique. Un pont du millénium a été construit en 2000 pour desservir le nouveau centre culturel de la cité, Gateshead. Voulu par « Tony et Mandy » (Blair et Mandelson) dans l’esprit du nouveau Labour pour revitaliser la ville par la culture, cette réalisation effraie Michael Smith : ne s’agit-il pas d’un château (castle) de cartes que le tarissement des fonds publics menace d’anéantissement ?

Photo : le pont du Millénium de Newcastle on Tyne

Woburn Abbaye

 

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Woburn n’a plurien d’une abbaye depuis que le monastère cistercien fut exproprié par Henry VIII et rasé deux siècles plus tard pour construire l’actuel château des ducs de Bedford.

Woburn est à environ 80 kilomètres au nord de Londres. Le château actuel date du dix-huitième siècle. Il est encore propriété de la famille des Bedford, qui décida de l’ouvrir au public en 1955 pour couvrir les frais de son entretien. On y trouve une magnifique collection de porcelaine de Sèvres et d’argenterie, de nombreux éléments de décoration extrême-orientaux, une « grotte » analogue à celle du Palais Fonseca à Lisbonne.

Le jardin et le parc dessinés au début du dix-neuvième siècle par Humphry Repton permettent d’admirer d’immenses arbres et de flâner à proximité de troupeaux de cerfs et de biches. On ne compte pas moins de 9 variétés de cervidés à Woburn Abbaye.

Photo « transhumances »

Copie Conforme

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« Copie Conforme », le dernier film du réalisateur iranien Abbas Kiorastami, nous propose un fascinant portrait de femme.

Dans une petite ville de Toscane, un critique d’art (joué par le chanteur d’opéra William Shimell) donne une conférence sur son dernier livre consacré à la valeur des reproductions. Au premier rang, une femme (Juliette Binoche) semble boire ses paroles ; comme le dira son jeune fils, elle est fascinée par l’orateur. Elle l’invite à passer ensemble l’après-midi. Il y a tant de réserve et de distance entre eux, elle semble si écartelée entre le désir de la rencontre et la timidité, qu’on croit qu’ils viennent de faire connaissance.

En réalité, ils sont maris et femme depuis quinze ans, mais elle élève seule leur fils. Elle tente de faire sa reconquête. Elle l’entraîne dans le village où ils ont passé leur nuit de noce, près d’un sanctuaire censé porter chance aux dizaines de couples qui viennent s’y faire photographier et reproduisent ainsi le modèle originel du mariage parfait. Désespérant de retrouver un homme sur l’épaule de qui reposer sa tête, elle se maquille et met ses plus belles boucles d’oreille et le supplie de la regarder.

L’homme finit par lui déclarer qu’elle est plus belle aujourd’hui qu’au jour de leurs noces, mais le malentendu est insurmontable. Il n’est pas possible de remonter le temps, de remonter de la copie à l’original et de l’original au modèle. Le film laisse un profond sentiment de frustration et de tristesse, mais cette profondeur abyssale fait la beauté de l’œuvre cinématographique.

Juliette Binoche a reçu pour ce rôle la palme de la meilleure actrice au Festival de Cannes. « Quand mon personnage lui parlait comme s’il était son mari, je parlais à William exactement comme s’il était mon mari », dit Juliette. « Alors que nous travaillions ensemble, nos rythmes discordants tombaient bien et nous n’avons jamais essayé de briser ce rythme. Jouer, c’est comme peler un oignon, vous devez retirer chaque couche pour en révéler une autre ». Elle dit aussi « je n’ai pas le sentiment d’avoir des racines. Les racines que je peux avoir sont plus à l’intérieur de moi que là où je vis ». Et encore : « Mon but a toujours été d’avoir des expériences humaines dans mon travail ».

Photo du film « Copie Conforme ».

Archange Sauvetage Résiliations

 

Tenter de sortir d’un contrat de téléphonie est une expérience kafkaïenne.

Lors de notre départ d’Espagne, nous nous étions rendu compte que nos contrats de téléphonie ne pouvaient être résiliés qu’en appelant un numéro vert accessible seulement du pays : une voie sans issue pour les abonnés ayant le mauvais goût d’aller vivre à l’étranger. Ils n’ont d’autre solution que de laisser les factures s’accumuler et d’attendre qu’une injonction de payer leur procure enfin un canal de communication viable.

De retour de vacances d’été en France, nous constatons que le connecteur du modem de notre Notebook était resté derrière nous. Par coïncidence, nous avons l’occasion d’étendre, pour un coût minime, notre abonnement de téléphone mobile chez un autre opérateur. Il faut donc résilier l’abonnement « bande large » de notre Notebook.

L’accès au service clients de l’opérateur « Three » requiert une fine navigation entre les options successives proposées par un serveur vocal. Enfin, un opérateur me pose une série de questions d’identification, m’interroge sur l’objet de ma demande, et me renvoie sur le Service Résiliations.

L’opérateur « Résiliations » me soumet de nouveau à l’épreuve de l’identification. Il s’exprime avec un fort accent indien, et la conversation n’est pas aisée. J’invente un pieux mensonge : je demande la résiliation du contrat parce que je n’en ai plus besoin – de fait, nous ne l’avons pas utilisé pendant notre séjour estival en France. Mon interlocuteur ne s’avoue pas battu : que reprochez-vous au service de Three ? Je ne reproche rien, je veux seulement résilier… Pourquoi voulez-vous résilier ? Parce que je n’en ai plus besoin… Pourquoi n’en avez-vous plus besoin ? C’est une question personnelle, je n’entends pas répondre à cette question… Pourquoi ne voulez-vous pas répondre ? Et pourquoi voudrais-je répondre à la question de savoir pourquoi je n’entends pas répondre…

C’est finalement Kafka qui me sauve. Alors que l’opérateur « Résiliations », dont le salaire est probablement indexé sur le nombre de contrats sauvés, me propose toutes sortes de formules à prix réduit, je lui assène que je ne veux qu’une chose, résilier le contrat et sortir le plus vite possible de cette situation kafkaïenne. Le mot magique laisse mon interlocuteur groggy et il jette l’éponge.

Suis-je d’ailleurs vraiment sauvé ? Je devrais recevoir d’ici un mois le solde de mon compte. Mais il est bien possible que l’Archange Sauvetage Résiliations tente un nouveau raid pour prévenir cette délivrance.

Photo « transhumances »