Festival de musique de Lacanau

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La seconde édition du Festival de Musique de Lacanau, « Musical’Océan », propose trois concerts dans la salle L’Escoure de Lacanau-Océan les 25, 26 et 28 août.

Le premier concert, le 25 août, nous a offert une magnifique surprise. Intitulé Vent d’Est, il était principalement consacré à des compositions de Mathieu Névéol, 29 ans, inspirées des musiques populaires de Roumanie et d’autres pays d’Europe Centrale.

Violoniste virtuose, Mathieu Névéol a constitué Nomad’Lib un groupe composé d’un accordéon, d’une contrebasse et d’une guitare. S’y était joint pour la soirée le violoncelliste François Salque. La réunion de tels instruments est peu commune. Elle plonge cette musique à la fois dans la grande tradition baroque et dans la culture populaire.

« Playera », une composition de Pablo de Sarasate, un basque d’Espagne, associait violon, accordéon et contrebasse. L’émotion était intense. Mathieu Névéol présenta le premier mouvement de son œuvre « Ripple Marks », du nom des vaguelettes de sable laissées par l’Océan à marée descendante sur les plages du littoral Atlantique.

D’autres surprises nous attendaient en cette soirée magnifique : l’excellente acoustique de la salle L’Escoure ; la visite à l’entracte de l’exposition du sculpteur François Didier ; le cocktail offert à la fin du spectacle par une pâtissière qui s’installera à Lacanau cet automne.

Illustration de « www.musicalocean.com »

Maubuisson Hanoï

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Les grands week-ends d’été, la piste cyclable entre Maubuisson et Carcans Océan pourrait être classée rouge par « Bison Futé ».

Maubuisson a aujourd’hui un faux air de Hanoï. Une nuée de vélos a pris possession de l’espace et jongle entre les voitures bloquées par un gigantesque embouteillage. Il y a des vélos pour grands et petits, des VTT flambant neufs et des vélocipèdes hors d’âge sortis du grenier pour l’occasion, des tandems, des vélos articulés, des vélos avec remorque.

Le chargement est hétéroclite : enfants casqués, planches de body-board, caisses de pique-nique avec bouteilles de rouge, serviettes de bain, parasols, crèmes solaires, pelles et sceaux. L’armée du Vietcong avançant en vélos sur la piste Ho-Chi-Minh n’était pas plus lourdement équipée. Des européens du nord pédalent avec leur matériel de campement et le ravitaillement pour un mois.

On rencontre sur la piste des joggers, des patineurs à roulette ou à patinette, des poussettes d’enfant poussées par des piétons ou des patineurs, des promeneurs avec ou sans chien. Une famille insouciante du danger flâne tranquillement sur la piste tandis que des vélos croisant à grande vitesse tendent d’éviter les jeunes enfants.

Circuler sur la piste n’est pas sans danger. Peu d’usagers sont attentifs à leur trajectoire. Des enfants zigzaguent, par inexpérience, par jeu ou par épuisement. Des rêveurs contemplent la flore des bas-côtés. Des cyclistes du dimanche renouent avec une pratique du vélo oubliée depuis vingt ans. Les croisements tiennent souvent du hasard, voire du miracle.

Au parking de la plage, des centaines de bicyclettes alignées attendent tranquillement leur propriétaire. Il y a tant de monde que deux intervalles de surveillance des bains ont été mis en place. Une grosse femme ficelée dans un maillot sans forme laisse voir une peau devenue, sous l’effet du soleil, rose jambon. Une pin’ up se fait voir dans sa beauté dans un bikini rose.

Photo « transhumances »

Œil pour œil

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Au nom du principe « œil pour œil », un juge saoudien vient de demander à deux hôpitaux s’ils accepteraient de sectionner la moelle épinière d’un homme accusé d’avoir rendu paraplégique un homme qu’il avait blessé.

The Guardian du 19 août mentionne une dépêche d’Associated Press : « un juge saoudien a demandé à plusieurs hôpitaux s’ils pourraient endommager la moelle épinière d’un homme après qu’il eut été condamné pour avoir attaqué un autre homme avec un couteau de boucher et l’avoir rendu paralysé. C’est ce qu’ont rapporté des journaux hier. L’Arabie Saoudite applique la Charia strictement, et il lui arrive de décider de punitions fondées sur l’ancien code de « l’œil pour œil dent pour dent ».

Abdul Aziz Al Matari, 22 ans, qui était resté paralysé à la suite d’une agression, demanda au juge d’appliquer à son attaquant, selon la Charia, une punition équivalente. Le journal Okaz dit qu’un juge de la province de Tabuk, dans le nord-ouest du pays, a demandé à au moins deux hôpitaux une opinion médicale sur la question de savoir s’il serait possible de rendre la moelle épinière inopérante. L’article indique que le principal hôpital de Riyad, l’hôpital spécialisé Roi Faysal, ne procèderait pas à l’opération. Il cite une lettre de l’hôpital disant « qu’il n’est pas possible d’infliger un tel dommage », fondant apparemment son refus sur des raisons éthiques. »

Les religions se prêtent à des interprétations légalistes. Pour nombre de fanatiques, Dieu est un Juge tout puissant qui fait appliquer un code rigide et inspire la terreur. Mais la compassion (l’un des piliers de l’Islam sous le nom d’aumône) fait aussi partie du patrimoine génétique des religions. Nombre de croyants prient un Dieu qui est esprit, énergie et amour. Fanatiques et prophètes peuvent-ils coexister ? Ou bien faut-il maintenant chercher des vérités multiples, sans la sécurité des dogmes, hors des religions ?

Illustration: Yves Tanguy, indefinite divisibility, Bullaflo Museum

Welcome to Thebes

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Le National Theatre de Londres donne la nouvelle pièce de Moira Buffini mise en scène par Richard Eyre, « Welcome to Thebes » dans laquelle la mythologie grecque et les guerre civiles africaines se superposent.

Comme le film de Claire Denis « White Material » (voir « transhumances » du 6 juillet), la pièce « Welcome to Thebes » a pour cadre une guerre civile en Afrique. Mais alors que le premier décrit l’engrenage qui va broyer le personnage joué par Isabelle Huppert, la seconde entend prouver qu’il n’y a pas de fatalité et que les hommes – en l’occurrence, surtout les femmes ! – peuvent changer leur destin personnel et celui de leur peuple. Le film évoque le Rwanda ; la pièce, le Liberia de Charles Taylor et de la Présidente Ellen Johnson-Sirleaf.

Moira Buffini, une jeune dramaturge britannique de trente-cinq ans, superpose la mythologie grecque, et particulièrement l’entêtement d’Antigone à donner une sépulture à son frère vaincu malgré l’interdiction royale, aux événements politiques d’aujourd’hui. Thèbes est ravagé par une guerre civile meurtrière. Une milice armée envahit le théâtre et crie des injonctions aux spectateurs, dont celle d’éteindre les téléphones portables ! Le décor évoque un palais présidentiel détruit. Un hélicoptère atterrit avec un vacarme assourdissant. Tiré à quatre épingles, le premier citoyen de la superpuissance, Athènes, arrive à Thèbes pour une mission humanitaire. Il doit rencontrer la présidente élue, Eurydice, et son cabinet composé presque exclusivement de femmes. Eurydice est écartelée entre sa propre rancœur pour son fils assassiné et sa politique de vérité et justice. Saura-t-elle infléchir le destin que les dieux ont décidé et que le devin aveugle Tirésias déclame ?

Dans le rôle de d’Eurydice, Nikki Amuka-Bird est belle, tout simplement. Quant à David Harewood dans le rôle du premier citoyen d’Athènes, il évoque irrésistiblement la grâce et l’ascendant de Barak Obama.

Photo The Guardian : Nikki Amuka-Bird et David Harewood dans Welcome to Thebes