Musique malienne au Barbican

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Le Mali était à l’honneur hier soir dans l’immense auditorium du Barbican à Londres.

La star du concert était le groupe Bassekou Kouyate & Ngoni Ba qui suscita l’enthousiasme par son rythme époustouflant, par la qualité et l’étrangeté du son des calebasses et des ngonis (instrument à cordes à caisse étroite) et surtout par la joie des musiciens sur scène. Leur musique est profondément enracinée dans la tradition griotte. Elle résulte aussi d’un effort pour rendre cette tradition intelligible par des auditeurs du monde « globalisé ». « Il n’existait pas de théorie musicale de base du ngoni, et les vieux griots avaient leur propre façon de se référer aux notes, dit Bassekou Kouyate. J’ai travaillé à mettre en place un cadre de sorte que les notes sont maintenant reliées aux gammes occidentales et il est possible à des personnes hors de notre monde musical d’apprendre à jouer le ngoni ».

C’est ce même travail interculturel qui m’a fasciné dans le récital de Ballaké Sissoko à la kora, (instrument à cordes de la taille d’un homme avec à sa base une caisse sphérique) et Vincent Ségal au violoncelle. J’avais acheté et aimé leur disque, « Chamber music ». Les deux hommes son assis côte à côte, Ballaké dans un boubou d’un blanc éclatant, Vincent dans un classique costume – cravate gris.

Ballaké Sissoko est issu d’une famille de griots mandingues. La conversation musicale entre les deux artistes est d’une grande délicatesse. Un thème développé par Ballaké à la kora est interprété par Vincent au violoncelle avec une couleur différente, mais fidèle jusque dans les nuances. Leur musique invite au recueillement, à la méditation de ce qui nous distingue et de cette mélodie universelle qui nous réunit.

Illustration : pochette du disque « Chamber Music ».

Fluidité

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Javier Cantera, Président du groupe de consultants en ressources humaines espagnol BLC, donne dans sa newsletter un point de vue original sur la réforme du droit du travail en Espagne.

Javier Cantera déplore l’esprit cloche-merle qui préside selon lui au débat sur la réforme du droit du travail, avec des partenaires sociaux nostalgiques du passé. Il plaide pour un changement pragmatique qui tienne compte de l’évolution de l’environnement et de l’impératif de compétitivité. La sécurité de l’emploi est-elle seulement dans la loi et non dans les capacités des personnes ? Il faut travailler sur notre façon de penser, et en particulier :

  • – Redéfinir le bonheur comme une expérience de la fluidité

  • – Démasquer les pièges de l’esprit, les siens et ceux des autres

  • – Se concentrer sur la passion pour la qualité de la vie au travail

Il faut réinventer nos zones de confort et resituer notre motivation dans « l’être » plus que dans « l’avoir ». Javier Centra cite le livre « flow » (flux, fluidité) écrit par Mihaly Csikzzentmihalyi dans les années 90. Celui-ci dit que le bonheur se trouve où l’on accepte un défi. Le bonheur surgit d’états d’expérience optimale, de ces moments où l’on se sent « possédé » par un profond sentiment de jouissance, celui d’être le propriétaire de ce que l’on fait et comment on le fait. Dans ce monde du travail, nous devons chercher à profiter des moments positifs de nos enthousiasmes. Il faut couler comme une source pour que notre esprit se plaise dans l’action professionnelle.

Javier Cantera avoue lui-même qu’il ne se voit pas à une table de négociations entre syndicats et patronats pour défendre ses thèses. Mais celles-ci rejoignent en partie celles qu’avait exposées Dominique Strauss-Kahn au cours de la précampagne pour les élections présidentielles de 2006. Il fallait, disait-il, redéfinir la sécurité du travail comme la garantie de parcours de transition et de formation entre différents emplois, au lieu du bétonnage d’acquis intangibles.

Photo « transhumances » : ruisseau au Voile de la Mariée, Salazie, Ile de la Réunion.

Amitié

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Nous venons de passer un délicieux week-end de retrouvailles ensoleillées avec des amis rencontrés durant notre période madrilène, entre 2001 et 2007.

Qu’est-ce qui, dans la multitude des relations que l’on se fait au long de sa vie, explique que certaines prennent plus d’importance ? Qu’est-ce qui nous donne envie de passer un week-end ensemble, alors que nous sommes maintenant dispersés entre Orléans, Lyon, l’Aquitaine, la Bretagne et la Grande Bretagne ? Quelle est la chimie qui opère entre des personnes extraverties au risque de l’exubérance et d’autres qui trouvent en elles-mêmes l’énergie qui les fait agir ? Qu’est-ce qui se passe entre des personnes captivées par des savoirs techniques et d’autres qui vivent d’intuition artistique ? Pourquoi les convictions religieuses ou politiques ne nous séparent-elles pas ? Pourquoi nous réjouissons-nous de nos différences comme d’un bouquet de fleurs parfumées ?

Le « parce que c’était lui, parce que c’était moi » de Montaigne et La Boétie ne me convainc guère. Notre groupe est probablement né du choc du décès d’Axelle, à l’âge de seize ans, en 2002. Il se nourrit du fait que plusieurs de ses membres franchissent le cap de la retraite et qu’il existe entre nous une communauté de génération. Mais l’amitié est surtout le fruit d’un travail au jour le jour. Si Brigitte, Elise et Pascale n’avaient à cœur d’appeler pour souhaiter les anniversaires et prendre des nouvelles ; si Frédérique et Didier n’avaient eu envie de nous faire partager leur joie d’emménager dans une demeure historique au milieu d’un jardin splendide, au bord d’un pré où broutent les ânes Lolita et Pepito ; si Anissa n’était venue plusieurs jours avant nos retrouvailles pour préparer d’exquis mets marocains pour notre colonie ; alors l’amitié se diluerait au rythme des vœux annuels, qui permettent seulement au feu de couver sous la cendre.

Photo « transhumances » : manège à Toulouse.

La bastide de Grenade

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Faire son marché dans les rues et autour de la halle de Grenade sur Garonne est un enchantement.

La bastide de Grenade est l’une des trois cents villes nouvelles créées aux 12ième et 13ième siècles en Aquitaine pour fixer de la main d’œuvre et mettre en valeur les terres agricoles. Son plan est rigoureusement perpendiculaire. Signe des temps, l’église Notre Dame de l’Assomption, bien que d’amples proportions, n’occupe pas le centre de l’espace. Celui-ci est dévolu à la halle, un bâtiment harmonieux dont la charpente de chêne et de sapin des Pyrénées repose sur d’élégants piliers de brique. La ville est faite pour le commerce, la religion n’est plus tout à fait son cœur. Aujourd’hui aussi, des villes nouvelles gravitent autour de centres commerciaux.

Se promener un samedi matin de juin dans le marché de Grenade offre un moment de plaisir. Les produits maraîchers sont frais et appétissants, les plantes aromatiques embaument, c’est une symphonie de couleurs, de soleil et d’ombre.

Les habitués discutent avec leurs commerçants préférés de maturités et de recettes. A un angle de rue, un vendeur de disques diffuse La Montagne de Jean Ferrat. Aux terrasses de café, des familles se désaltèrent. Dans la chaleur de midi, tout est comme au ralenti. Le bonheur est là.

Photo « transhumances » : façade sur la Place Jean Moulin de Grenade, dont la centre est occupé par la halle.