Henry Moore à Perry Green

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La visite à la maison et aux ateliers du sculpteur Henry Moore à Perry Green, non loin de Hertford, offre une magnifique promenade printanière.

Pour visiter la propriété dans laquelle Henry Moore et sa femme Irina emménagèrent lors du Blitz de Londres en 1940, il faut réserver à l’avance. On ne pénètre dans la maison elle-même qu’équipés de chaussons. Chaque pièce est surveillée par un jeune étudiant qui s’offre pour un commentaire du cadre de vie du sculpteur et des œuvres d’art qu’il collectionnait, peintures de Degas ou de Renoir, masques de Nouvelle Guinée, coraux.

Le parc est étendu. L’herbe est fraîchement coupée et on hume un délicieux parfum de fleurs et de printemps. Comme au musée Chillida d’Hernani, au Pays Basque, d’immenses sculptures jalonnent la prairie. Leurs volumes, la matière dont elles sont faites, leur couleur, entrent en contraste ou en résonnance avec les arbres en fleur. Le soleil les caresse et fait subtilement varier leurs volumes.

A mesure que ses œuvres se vendaient et que sa fortune s’accroissait, Moore agrandit son domaine et fit construire plusieurs ateliers capables d’abriter la production d’œuvres de grand gabarit. Ces ateliers se visitent et enseignent la technique du sculpteur, de la réalisation de maquettes en modèle réduit à l’utilisation du polystyrène pour simuler de plus grands volumes.

Photo « transhumances » : statues d’Henry Moore à la Henry Moore Foundation, Perry Green, Hertfordshire.

Le Concert

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Le film Le Concert de Radu Mihaileanu (2009) raconte une belle et invraisemblable histoire. Il trouve un ton juste entre la sensibilité bouleversante de la musique de Tchaïkovski et le ton de la farce.

Andrei Filipov (Alexeï Guskov) travaille au Bolchoï, comme homme d’entretien. Trente ans auparavant, sous Brejnev, le concert de Tchaïkovski qu’il dirigeait comme chef d’orchestre avait été interrompu par la police parce qu’il avait refusé de licencier ses musiciens juifs. Il intercepte un fax invitant le Bolchoï à donner un concert au Théâtre du Châtelet à Paris. Pourquoi ne pas reconstituer l’orchestre de l’époque, se faire passer pour le Bolchoï et saisir sa chance ?

Andrei exige que la soliste soit une jeune française, Anne-Marie Jacquet (Mélanie Laurent). Ce choix n’a rien d’innocent : Anne-Marie est la fille de la soliste du concert interrompu, morte quelques années plus tard dans l’Archipel du Goulag. Pour Andrei, le concert de Paris est l’occasion de reprendre le fil rompu à Moscou et d’atteindre « l’ultime harmonie ». Anne-Marie aura la révélation de sa filiation.

Le film balance entre l’émotion sublimée par la musique de Tchaïkovski et le choc comique de deux cultures, celle de la Rive Gauche envahie par une bande de barbares buveurs, indisciplinés, arnaqueurs mais aussi saouls de musique et d’envie de vivre.

« L’ultime harmonie, dit Radu Mihaileanu, c’est le rêve que veulent atteindre mes personnages russes qui ont été mis au ban de la société. On a tous été, à un moment donné, ravagés par la vie et « envoyés au tapis » comme on dit en boxe. C’est très difficile de se relever et c’est précisément ce que mes personnages tentent de faire ; ils essaient d’abord de retrouver l’estime d’eux-mêmes, puis de se remettre debout et de redevenir des êtres humains dignes. Pour retrouver l’ultime harmonie, ne serait-ce qu’une seconde – le temps d’un concert – et pour prouver à eux-mêmes qu’ils ont encore la force de rêver et d’être debout. C’est une petite victoire sur la mort qui nous guette en coulisse  (…) L’humour que je préfère est celui qui est une réponse à la souffrance et à la difficulté. Pour moi, l’humour est une arme joyeuse, ludique et intelligente – une gymnastique de l’esprit – contre la barbarie et la mort, une fracture de la tragédie qui en est sa sœur jumelle. »

Et Alexeï Guskov ; « on peut partir d’une simple histoire d’un homme ordinaire et la généraliser, dans la tradition chaplinesque, à la dimension épique. »

Photo : Mélanie Laurent et Alexeï Guskov.

Wigmore Hall

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Wigmore Hall se distingue des autres salles de concert de Londres par son intimité et par un caractère délicieusement désuet.

Nous profitons du passage à Londres de ma filleule Marie, qui joue du violon dans un orchestre amateur en région parisienne, pour assister à un concert de musique baroque au Wigmore Hall. Des personnes très âgées descendent d’un autocar avec d’infinies précautions et se confondent en remerciement pour la patience du chauffeur. Tirées à quatre épingles, elles correspondent très exactement à l’image que l’on se fait du vieil aristocrate anglais.

Contrairement au Royal Albert Hall, au Royal Festival Hall et au Barbican, qui frappent par leur gigantisme, c’est l’étroitesse du lieu qui étonne. La quinzaine de musiciens du group English Concert a du mal à trouver place sur la scène. L’auditorium est tout en longueur. L’acoustique est excellente, et la configuration du lieu permet une grande proximité du public avec les artistes.

Bien que restauré il y a une quelques années, Wigmore Hall est resté dans l’esprit de ses constructeurs en 1901. Il a un côté légèrement suranné qui ne manque pas de poésie. La scène est surmontée d’une coupole décorée d’une fresque représentant l’humanité luttant contre l’inaccessibilité de la musique. Ce n’est pas un chef d’œuvre, loin de là, mais le spectateur se sent membre d’une communauté de mélomanes enracinée dans le temps. Wigmore Hall produit environ 400 concerts par an, ce qui signifie plusieurs dizaines de milliers depuis sa fondation.

(Photo : Wigmore Hall, http://wigmore-hall.org.uk)

Fascination du chemin de fer

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Le National Railway Museum de York est le plus grand musée du genre au monde. Il offre une fascinante promenade dans l’histoire, la technologie et l’esthétique d’une industrie née en Angleterre au dix-neuvième siècle.

Le musée présente des répliques ou des originaux de locomotives et de trains qui ont marqué l’histoire du transport ferroviaire, de la « rocket » de George Stephenson (1829) au Shinkansen et à l’Eurostar, en passant par le Mallard (record de vitesse à la vapeur en 1938). Les locomotives à vapeur dégagent l’émotion d’un temps passé qui ne reviendra pas. Elles sont belles, avec leurs tubulures, leurs instruments de mesure en cuivre, l’enchevêtrement des roues et des bielles.

Dans l’atelier, des machines éventrées attendent d’être remises en état. Dans le magasin, des milliers d’uniformes, de plaques commémoratives, de maquettes ou de signaux évoquent l’univers ferroviaire. Aux quais d’une gare fictive, des trains d’autrefois sont stationnés, dont le palace roulant de la Reine Victoria.

Photo « transhumances »