Prière des Musulmans en France

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Le récent sondage de l’édition électronique du Monde sur la question de la prière des Musulmans dans la rue fait apparaître une majorité en faveur de leur interdiction « absolue ». Je ne m’attendais pas à un tel résultat.

Le résultat du sondage révèle que 48% des lecteurs ayant voté sont en faveur de l’interdiction absolue de prières collectives dans la rue. Les autres se partagent entre deux autres manières de voir la question : construire des mosquées et transformer des lieux clos (grandes salles par exemple) en lieux de prière.

Je crois pour ma part qu’il faut encourager la construction de mosquées comme d’églises et de synagogues et permettre aux croyants de pratiquer leur foi collectivement sans se sentir marginalisés ou suspectés. Je n’ai pas de réticence à l’égard de prières dans la rue, pas plus que je n’en ai pour les messes en plein air.

Il faudrait interpréter le sondage. Il mêle probablement les réponses de personnes qui au nom de la laïcité souhaitent cantonner la religion à la sphère privée, et d’autres pour qui l’Islam doit être combattu car il est synonyme d’islamisme et qu’il charrie guerre sainte et fanatisme.

L’une et l’autre attitudes me semblent erronées. La laïcité marche de concert avec la tolérance et ne me semble pas faire bon ménage avec quelque interdiction « absolue » que ce soit. La diabolisation de l’Islam ne rend pas justice aux hommes et aux femmes musulmans qui, dans l’histoire et aujourd’hui, vivent leur religion comme une humble acceptation de notre condition d’humains, frères et sœurs devant Dieu.

L’Islam est le nouveau cheval de bataille de l’extrême droite, en France et ailleurs en Europe. Il est temps de réagir.

Photo « transhumances »

Back to Versailles

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La presse mondiale a publié en bonne place la photo du Prince Charles et Camilla dans leur Rolls Royce prise à partie par des manifestants.

Dans The Guardian du 11 décembre, Martin Rowson revient sur cet épisode. Le Parlement Britannique vient de voter une forte augmentation des frais d’inscription à l’Université. La manifestation d’étudiants dégénère. La voiture du Prince Charles et de Camilla, qui se rendaient à une soirée, est bombardée de projectiles.

Dans le dessin de Martin Rowson, la Rolls est conduite par le Chancelier de l’Echiquier George Osborne, qui semble foncer cyniquement sur la foule. A ses côtés, le Premier Ministre David Cameron, anxieux, tire la langue. Sur le tableau de bord, le ministre Libéral Démocrate Vince Cable, qui se trouve ironiquement chargé du dossier, est dans le rôle d’un  toutou mécanique désarticulé. La légende dit « sans rancœur, même s’il est encore vice premier ministre » : il s’agit de Nick Clegg, que l’affaire des droits d’inscription, qu’il avait promis de supprimer avant de gober leur augmentation massive, place dans une position intenable.

A l’arrière de la voiture, Camilla semble stupéfaite. Charles, rouge de peur et de colère, ordonne au chauffeur « pour l’amour de Dieu, ramenez-nous à Versailles ! ».

Illustration : dessin de Martin Rowson dans The Guardian.

WikiLeaks

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Au-delà du débat sur la justesse morale ou la pertinence politique des fuites organisées par WikiLeaks et relayées par de grands journaux européens tels que Le Monde ou The Guardian, il faut reconnaître qu’elles apportent un éclairage intéressant sur les informations à la disposition de décideurs tels qu’Hillary Clinton, la Secrétaire d’Etat américaine.

Je suis pour ma part convaincu que WikiLeaks et l’idéologie de la totale transparence qui lui est sous-jacente sont dangereux. Les diplomates et les cabinets ministériels, comme les individus eux-mêmes, ont besoin d’un espace intime dans lequel ils peuvent sortir du cadre et penser librement. La crainte que tout puisse être mis un jour sur la place publique peut renforcer la langue de bois et décourager tout effort collectif pour comprendre la réalité comme elle est et non comme on aimerait qu’elle soit.

Il reste que les révélations de Wikileaks sur les courriers diplomatiques sont intéressantes. « Transhumances » a consacré le 31 octobre un article à la mort de l’ancien président argentin Nestór Kirchner, une personnalité complexe, difficile à caractériser. Dans Le Monde du 29 novembre, Paulo A. Paranagua se fait l’écho des interrogations d’Hillary Clinton.  Le portrait de Kirchner frappe par sa profondeur psychologique et sociologique. Je cite une partie de son article.

« En juin 2006, un mémo confidentiel obtenu par WikiLeaks et examiné par Le Monde s’attache à décrire le mode opératoire « unique » du dirigeant péroniste, le « style K ».

Souvent « erratique », il se caractérise par « la tension extrême sur le court terme ». « Employant à l’occasion une rhétorique de gauche, populiste, Kirchner a démontré dans la pratique que ses inclinations idéologiques étaient toujours moins importantes que les nécessités politiques locales « . Et de préciser : « cela ne veut pas dire que Kirchner n’a pas de sympathies pour la gauche, mais qu’elles sont complètement subordonnées à ses intérêts politiques et à ses ambitions personnelles ».

« La politique étrangère du gouvernement Kirchner est toujours subordonnée aux considérations politiques internes, ajoute le texte. Le président Kirchner n’est pas doué pour la diplomatie et ignore souvent les règles élémentaires du protocole. Pour prendre ses décisions, Kirchner compte sur un groupe de vieux conseillers de plus en plus réduit, la plupart d’entre eux sans expertise sur l’international, les affaires ou l’économie. »

Sur un terrain plus personnel, « le profil psychologique de Kirchner comprend le besoin de garder toujours le contrôle de la situation, la prise de décisions rapides et définitives, la lutte constante contre ceux qu’il perçoit comme des ennemis, et la tendance à répondre aux défis par la confrontation plutôt que par la négociation. »

A ce propos, le mémo cite une confidence du secrétaire légal et technique du chef de l’Etat, Carlos Zannini : « Le président et moi, nous nous levons chaque matin, regardons les journaux, et essayons d’imaginer comment survivre ce jour-là ». Des « changements rapides de tempérament » caractérisent le comportement présidentiel. « L’état de santé de Kirchner exacerbe et détermine peut-être ses émotions et sa psychologie. Le président Kirchner souffre d’irritation intestinale depuis des années. »

Selon des médecins américains, cela suscite souvent une personnalité « rigide, méthodique, consciencieuse, avec des tendances obsessionnelles compulsives ». « D’où le peu d’attention pour le protocole de cérémonies longues ou les horaires rigides, qui ne permettraient pas à Kirchner d’avoir un accès rapide aux toilettes. »

Un mémo de juillet 2006 créditait M. Kirchner de « succès majeurs » sur le plan politique et économique, mais considérait qu’il avait démesurément renforcé l’exécutif au détriment des deux autres pouvoirs. Il avait ainsi « affaibli le système argentin de contre-pouvoirs » et « affaibli des institutions démocratiques déjà fragiles ». »

Photo « transhumances » : l’intérieur du Dolomieu, le cratère du Volcan de La Fournaise. On peut « lire » sur cette paroi l’histoire éruptive du volcan.