Bookmakers

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Les élections britanniques auront constitué une bonne affaire pour les « bookmakers » britanniques : 40 millions de sterlings de chiffre d’affaires !

Les « bookmakers » britanniques recherchent fébrilemement dans l’actualité des objets de paris susceptibles de générer du chiffre d’affaires. Le surgissement du libéral-démocrate Nick Clegg (Cleggmania) et la perspective d’un parlement suspendu (sans majorité absolue) ont suscité un intérêt inédit des parieurs. Les enjeux ont atteint environ 40 millions de sterlings cette année contre environ 10 millions en 2005.

Selon Patrick Barkham, journaliste du quotidien britannique The Guardian, on a parié sur le vainqueur dans chacune des 659 circonscriptions, sur l’existence ou non d’une majorité absolue, sur la première circonscription à déclarer ses résultats et sur de multiples autres sujets.

On a notamment parié sur la question de savoir si Gordon Brown allait virer Sue Nye. Sue est l’organisatrice de la malheureuse rencontre avec une retraitée, Gillian Duffy, qui avait évoqué une invasion d’immigrés. Ignorant qu’un micro était resté branché, le Premier Ministre s’était plaint amèrement d’avoir du rencontrer cette « bigote ». Le « Bigotgate » est resté un moment marquant de la campagne électorale.

(Photo The Guardian : un représentant du Bookmaker Ladbrokes assis à côté d’un panneau annonçant des paris pour les élections du 6 mai).

Malaise paysan

   

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La revue Télérama vient de publier une passionnante interview par Vincent Rémy de Marc Dufumier, agronome et militant de l’environnement, consacrée au malaise paysan. « Transhumances » en publie quelques extraits. La version intégrale peut être consultée à l’adresse suivante : http://www.telerama.fr/monde/les-agriculteurs-ont-perdu-leurs-reperes,54883.php

« Les citadins, qui ont un peu oublié ce qu’était l’agriculture, s’inquiètent surtout de la qualité sanitaire des aliments : dioxine dans le poulet, vache folle dans le steak, pesticides sur les légumes, hormones dans le lait, ça commence à faire beaucoup. Ils s’interrogent sur le bien-fondé d’une politique agricole commune (PAC) qui a abondamment subventionné les agriculteurs sans qu’on soit récompensés par la qualité des produits. Quand ils vont à la campagne, ils voient des paysages défigurés (…)  

On accuse les agriculteurs au lieu d’incriminer le système qui les a poussés à spécialiser exagérément leur agriculture et à la standardiser. Les agriculteurs disent : on a fait ce que les clients nous demandaient ; et les clients répondent : ce n’est pas ce qu’on a demandé. Cela vient du fait qu’entre eux, deux intermédiaires dominants, l’agro-industrie et la grande distribution, ont imposé des produits standards. Quand vous voulez faire épiler des canards par des robots, il faut que les canards naissent tous identiques, donc clonés, nourris avec la même alimentation, apportés le même jour à l’abattoir qui doit les traiter d’une seule et même façon…

(…) C’est un renversement complet : les agriculteurs sélectionnaient des variétés adaptées à leur terroir, les terroirs doivent désormais s’adapter à un faible nombre de variétés. Les agriculteurs n’ont plus à leur disposition que très peu de variétés végétales et un nombre décroissant de races animales.

Comment en sortir ? Il faut commencer par recombiner agriculture et élevage. C’est difficile parce que les agriculteurs se sont endettés dans la course aux machines, puis dans l’agrandissement des exploitations pour amortir ce matériel. Quelqu’un qui vient d’investir dans une grosse moissonneuse-batteuse ne peut investir dans une salle de traite, et inversement.

(…) Aujourd’hui, il faut revoir la copie : pour que les contribuables acceptent de continuer à financer nos agriculteurs, ces derniers vont devoir produire un environnement sain et beau et des aliments de bonne qualité. Quels sont les moyens d’y parvenir ? En généralisant les appellations d’origine protégées, avec une certification, comme pour le bio. Les agriculteurs seraient rémunérés non plus par des aides directes mais par des prix garantis, parce que le consommateur accepterait d’acheter plus cher ces produits. C’est possible puisque, malgré la crise économique, on importe 10 % de produits bio supplémentaires chaque année pour pallier l’insuffisance de la production française. Donc il y a bien un marché croissant pour des produits de qualité.

(…)  C’est cela qu’il faut renégocier : un transfert massif des subventions européennes vers l’agriculture de qualité. Une partie de ces subventions pourrait aussi rémunérer des contrats que les collectivités locales passeraient avec les agriculteurs pour le maintien du bocage, d’un environnement diversifié, afin de permettre notamment la survie des abeilles, donc la fécondation des fruitiers avec moins de pesticides et d’insecticides. Au final, on ne parlerait plus de subventions, de mendicité, mais de gens droits dans leurs bottes jouant un rôle de service public. »

Photo Télérama, Marc Dufumier

Nouvelle ère politique en Grande Bretagne

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Quel que soit le résultat des élections législatives au Parlement Britannique le 6 mai prochain, quelque chose de très profond parait avoir changé : le bipartisme entre Conservateurs et Travaillistes semble bien mort.

En un sens, la Grande Bretagne est déjà entrée dans le tripartisme. Pour la première fois, un débat télévisé a été organisé entre les « premier-ministrables » ; et pour la première fois,  le troisième parti, Libéral-Démocrate, a été invité.

Son leader, Nick Clegg, est apparu comme le grand vainqueur du premier des trois débats. Du coup, son parti est crédité d’environ 30% dans les sondages, après le Parti Conservateur mais avant le Parti Travailliste.

Dans The Observer du 25 avril, Will Hutton stigmatise « un système de votre grotesque » qui contribue à une Grande Bretagne injuste. Et pour cause. Utilisant le logiciel de simulation de sièges de la BBC, le journaliste découvre que si les trois partis se partageaient chacun 30% des voix, les Travaillistes obtiendraient 315 sièges, les Conservateurs 206 et les Libéraux Démocrates seulement 100. Imaginant que les Conservateurs obtiennent 33%, les Libéraux 30% et les Travaillistes 27%, les Travaillistes obtiendraient malgré tout une majorité de sièges (262), les Conservateurs arriveraient en deuxième position (257) et les Libéraux Démocrates seraient à la traine avec 102 sièges.

Le système du premier concurrent arrivé au poteau dans chaque circonscription a été défendu jusqu’à présent tant par les Travaillistes que par les Conservateurs. Ces derniers escomptaient une victoire écrasante qui leur aurait permis de redessiner à leur guise la carte électorale.

Cette fois, il semble que les choses vont changer. Il y a de fortes chances que les Britanniques élisent un « Parlement suspendu » (Hung Parliament) sans majorité absolue. Les Libéraux Démocrates marchanderont alors leur participation au Gouvernement contre une loi électorale. Et même si un parti obtient la majorité absolue, la sous-représentation au Parlement des Libéraux Démocrates poserait un problème de légitimité tel qu’il ne pourrait être ignoré. Une dose de proportionnelle devrait être de toute manière injectée dans le système.

Photo : Nick Clegg, Gordon Brown et David Cameron avant le second débat télévisé, sur Sky News. Photo The Guardian

Piégés à Tenerife

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Dans le quotidien britannique The Guardian du 19 avril, Gill Hornby donne un récit plein d’humour de son séjour forcé à Tenerife, à la suite de l’annulation de tous les vols.

(…) Nous y voilà encore. A Tenerife. Sous le ciel d’un bleu ennuyeux. Scrutant la mer sans ferries. Piégés.

 Bien sûr nous sommes parmi les fortunés. Nous ne dormons pas dans les rues ou les terminaux d’Europe continentale, nous avons encore nos chambres d’hôtel. Nos vacances ont juste, en théorie, été prolongées. Sauf que, à ce qu’il semble, les vacances sont une question de choix. Il faut vouloir être en vacances, ou bien cela cesse d’être des vacances. Et quiconque nous a envoyé des SMS « profitez bien ! » ou « jaloux » peut s’attendre à un shampooing à notre retour.

Notre brève ruée sur le « paradis » a perdu son charme lorsque le nuage de cendres a perdu son côté drôle, autour de l’heure du thé jeudi. (…)

Depuis lors, la station touristique a changé d’identité. Nous ne sommes plus des hôtes, nous sommes des captifs. Nous en avons assez des frites – imaginez-vous ! – assez de Sky News, assez du soleil. Nous nous trouvons d’une drôle de couleur, comme des criminels en attente d’extradition : le brun d’un braqueur de banque.

 Photo : Le Teide, sommet de l’île de Tenerife, un volcan loin de l’Islande ! www.hotasa.es.