Les Préraphaélites au Musée d’Orsay

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Le Musée d’Orsay présente une exposition intitulée : « une ballade d’amour et de mort, photographie préraphaélite en Grande Bretagne, 1848 – 1875 ».

La photographie a été inventée par Daguerre ne 1839. Le mouvement préraphaélite est né en Grande Bretagne, à l’initiative des peintres Millais, Rossetti et Hunt, en 1848. L’exposition du Musée d’Orsay montre les connexions entre une technique, qui allait devenir une forme d’art, et une école de peinture qui prétendait renouer avec la naturalité d’avant Raphaël et l’académisme.

Dans les années 1850, photographes et peintres britanniques partagent une même passion pour le détail des paysages végétaux. Comme les peintres, les premiers photographes mettent en scène des pièces de Shakespeare ou des sonnets de Tennyson.

L’affiche de l’exposition associe un portrait d’une jeune femme, Jane Morris, par son amant Dante Gabriel Rossetti, et une photo prise par John Parsons selon une mise en scène par le peintre.

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On est touché par des photos d’une très belle jeune actrice, Ellen Terry par Charles Dogson, professeur de mathématiques à Oxford et auteur, sous le nom de Lewis Carroll, d’Alice au Pays des Merveilles. Le peintre George Frederic Watts fit plusieurs portraits d’Ellen. A son tour, il fut photographié par Julia Margaret Cameron (1815 – 1879), dont plusieurs clichés sont présentés dans l’exposition. Julia offrit des clichés à Victor Hugo, alors en exil à Guernesey. On sait que l’écrivain français ainsi que son fils Charles s’étaient intéressés très tôt à la photographie.

La personnalité de John Ruskin (1819 – 1900) est très présente dans l’exposition. Critique d’art réputé, Ruskin avait défendu les préraphaélites contre leurs adversaires, en particulier Charles Dickens. Il fut aussi un fervent défenseur de la photographie, qu’il décrivait comme « l’écriture du soleil ». On voit ainsi côte à côte une photographie de la ville de Fribourg, qu’il fit prendre par un de ses assistants, et un tableau de la ville qu’il réalisa lui-même.

Illustrations : Jane Morris, peinte par Rossetti.

Concert Baroque à St Martin-in-the-Fields

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L’église St Martin-in-the-Fields, sur Trafalgar Square à Londres, accueille tout au long de l’année des concerts de musique baroque.

Programmer Vivaldi, Bach, Mozart et Pachelbel n’est pas particulièrement audacieux. On est sûr de trouver un public au-delà du cercle restreint des mélomanes avertis. On pourrait faire la fine bouche si le choix de ce genre de musique ne s’imposait par le lieu.

St Martin-in-the-Fields est l’oeuvre de l’architecte James Gibbs. Elle fut consacrée en 1726. Elle a fait l’objet d’importants travaux de restauration dans les vingt dernières années. L’espace intérieur a été réaménagé pour une plus grande visibilité et une plus grande flexibilité. La voûte décorée de dorures a été remise à neuf. L’éclairage a été soigneusement étudié. On éprouve un sentiment d’harmonie et de plénitude, le même que procure la musique baroque dans le divertissement comme dans la gravité.

Le chef d’œuvre du travail de restauration est la verrière est de l’église, au fond du chœur. Installée en  2008, elle est l’œuvre de l’artiste iranienne Shirazeh Houshiary et de son mari architecte Pip Horne. Au centre du vitrail se trouve un puits de lumière, une ellipse inclinée. Au matin, elle reçoit les rayons du soleil ; la nuit, c’est un volume blanc artificiellement éclairé. Des traits montent de la base du vitrail à l’arc qui le surmonte ; à  proximité du puits de lumière,  ils se tordent de manière à l’éviter et poursuivre leur ascension. Des traits horizontaux structurent ce mouvement vers le haut. Le symbole de la croix est évident : le vitrail est torsion, souffrance, douleur ; il est aussi lumière, action de grâce, résurrection.

La rencontre de l’architecture baroque réinterprétée par des artistes modernes et de musiciens baroques de génie offre une expérience inoubliable.

Photo The Guardian : verrière est de St Martin-in-the-Fields.

Les collages de John Stezaker

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A Londres, la Whitechapel Gallery propose actuellement une exposition de l’artiste britannique John Stezaker.

Le catalogue de l’exposition indique que l’artiste britannique John Stezaker, né en 1949, « est fasciné par le leurre des images. Prenant des clichés de films classiques, des cartes postales anciennes et des illustrations de livres, il fait des collages pour donner aux vieilles images un sens nouveau. En ajustant, retournant et découpant des images distinctes ensemble pour créer une nouvelle œuvre d’art unique, Stezaker explore la force des images trouvées. »

Regards amoureux dédoublés (comme dans l’image ci-dessus), paysages rendus inintelligibles par un carré blanc, visages masqués par un paysage… Stezaker joue les trouble-fête dans notre fascination pour l’image dont nous attendons qu’elle soit toujours simple, construite et rassurante.

Illustration : John Stezaker, Love XI, 2006, Collage.

http://www.whitechapelgallery.org.uk/

Raconter la pierre

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La chaîne culturelle britannique BBC4 présente une série d’émissions intitulée « Romancing the Stone : The Golden Ages of British Sculpture », « Raconter la pierre, les âges d’or de la sculpture britannique ».

L’émission est réalisée et présentée par l’historien de l’art Alastair Sooke. Deux séquences m’ont particulièrement frappé.

La Cathédrale de Wells, non loin de Bath, est célèbre pour les statues qui ornent son portail ouest. On voit et on admire aujourd’hui la pierre nue. Mais lorsque la cathédrale fut construite, les statues étaient peintes de couleurs aussi flamboyantes que celles des vitraux. Les procédés numériques permettent aujourd’hui de restituer virtuellement ces teintes éclatantes. L’effet est saisissant : on se sent soudain transporté dans un univers esthétique voisin de celui des temples hindous les plus lumineux et étincelants.

La BBC nous emmène aussi visiter l’église de Ewelme, dans l’Oxfordshire. Elle conserve un gisant en marbre d’Alice de la Pole, de 1475. Elle est présentée en habits de cérémonie, les mains jointes. Ce qui est exceptionnel, c’est la statue de son cadavre, nu, décharné, tordu par la souffrance et la peur de la mort, dans le caveau sous le gisant. Il y a là comme une allégorie de la dualité de la vie des personnages riches et célèbres : sous la posture publique gît une nature rongée par l’angoisse. Le message officiel est optimiste : la foi et l’espérance ont le dessus sur la maladie et la mort. Alice a souffert, mais sa piété lui gagne une éternelle sérénité.

Illustration : Cathédrale de Wells, http://www.britannia.com/history/somerset/churches/wellscath.html. Site Internet de l’émission : http://www.bbc.co.uk/programmes/b00ydp2y