Corps et Esprit

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La troupe Alvin Ailey American Dance Theater est actuellement en tournée au Royaume Uni. Son spectacle est un magnifique hommage à la puissance spirituelle de la danse.

L’American Dance Theater a été crée en 1958 par Alvin Ailey (1931 – 1989). La troupe est dirigée depuis sa mort par Judith Jamison, qui devrait à son tour passer la main l’an prochain.

C’est précisément par « Hymn », une chorégraphie de Judith Jamison de 1993, que s’ouvre le spectacle. Les danseurs mettent en forme, en mouvement et en volume des textes d’Alvin et Judith qui célèbrent le corps comme expression de l’esprit humain. La seconde chorégraphie est une création par Christopher L. Huggins intitulée « Anointed » (Oint), avec une magnifique musique de Moby et Sean Clements et des costumes à dominante rouge qui renforcent la sensualité des corps des danseurs. La troisième est Révélations, une œuvre de 1960 d’Alvin Ailey sur des negro spirituals.

On est frappé par la diversité des danseurs. Tous sont athlétiques, mais ils sont grands ou petits, trapus ou élancés, noirs ou blancs. Ils sont invités à mettre dans la danse leur propre personnalité. Il n’y pas le corps d’un côté, l’esprit de l’autre. Il n’y a que le corps, et dans la vibration des corps en mouvement, l’esprit d’une personne, l’esprit d’une troupe, l’esprit de l’humanité tout entière.

Photo de la chorégraphie « Hymn ». La troupe est au Saddlers Wells de Londres jusqu’au 25 septembre, puis en tournée à Nottingham, Birmingham, Plymouth, Cardiff, Bedford, Edimbourg et Newcastle. 

Du Greco à Dali

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Amateurs parisiens de la peinture espagnole, dépêchez-vous : le dernier jour de l’exposition « du Greco à Dali » au musée Jacquemart – André est dimanche premier août !

La référence au Greco de cette exposition extraite de la collection Pérez Simón est un peu abusive : il n’y a de lui qu’une toile de format miniature. En revanche, on y trouve de nombreux chefs d’œuvre de Dali, aux côtés de Ribera, Murillo ou Picasso.

Je retrouve avec plaisir l’œuvre de Joaquín Sorolla, dont nous aimions visiter la maison musée à Madrid. Le traitement de la lumière est exceptionnel.

Un chef d’œuvre de l’exposition est le portrait de femme andalouse peint par Julio Romero de Torres vers 1925 – 1930.

Illustration : Soleil du Matin, par Joaquín Sorolla y Bastida (1901).

Site Internet de l’exposition : www.cultrurespaces-minisite.com/greco-dali.

Site Internet du musée Sorolla à Madrid : http://www.museosorolla.mcu.es/.

Cartes magnifiques

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 La bibliothèque Nationale (British Library) de Londres présente jusqu’au 19 septembre une exposition intitulée « magnificent maps ».

« Les cartes traitent rarement seulement de géographie. De belles cartes de valeur ont ornée les murs depuis l’époque romaine et même plus tôt, manifestant ainsi le pouvoir, le goût et l’influence de leurs propriétaires », dit le catalogue de l’exposition.

L’exposition n’est pas organisée chronologiquement, mais regroupe des cartes d’époques différentes selon le lieu où elles étaient affichées : la galerie d’un château, la salle d’audience, la chambre à coucher royale, le cabinet des curiosités, la rue, la maison du marchand, le bureau du Secrétaire d’Etat, la salle de classe.

Illustration : carte de Londres vue par l’artiste Stephen Walter, www.stephenwalter.co.uk.

Duane Hanson, le rêve américain

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Le Parc de la Villette à Paris présente une exposition consacrée au sculpteur américain Duane Hanson. Ses sculptures hyperréalistes mettent en scène des américains moyens, accablés par une vie qui ne correspond pas au rêve américain.

Duane Hanson (1925 – 1996) a principalement sculpté des personnes humaines en taille réelle, d’après des moulages qui permettaient à l’artiste de reproduire fidèlement jusqu’aux rides du visage. Mais son ambition, au contraire du Musée Grévin, n’était pas la ressemblance avec ses modèles. Il les choisissait délibérément quelconques. Son ambition était de saisir la personne humaine perdue et comme pétrifiée par son destin. Les personnages, des ouvriers, une femme de ménage, une meneuse de parade semblent épuisés, à bout de ressource. Figés comme au bord de la mort, ils expriment aussi le courage qu’il faut pour rester debout malgré tout.

Le catalogue de l’exposition, publié par Actes Sud, contient des textes magnifiques du philosophe et écrivain français Bruce Bégout. Voici un extrait du commentaire de Man with Walkman, œuvre réalisée par Duane Hanson en 1989.

« Un flot de graisse qui enfle, déborde de touts parts et enserre le corps rendu gourd et maladroit. L’obésité (…) est symbole d’une obésité sociale, spirituelle, charnelle qui s’affiche partout sans vergogne. (…) (Le corps) stocke trop de calories en prévision en prévision d’activités grandioses qui ne verront jamais le jour – c’est là l’aspect comique de l’obésité : le gaspillage d’une énergie sans usage (…) Comme si l’individu, prévoyant de futures pénuries se constituait des réserves à même la chair. Au cas où. (…) On comprend pourquoi, dès lors, les personnages de Hanson se figent sur place et donnent l’impression de ne plus pouvoir bouger. Le trop-plein d’énergie qu’ils ont emmagasinée les empêche de se mouvoir. Leur obésité, synonyme de pouvoir, d’abondance, de richesse, se convertit en fixité. Et à la fin, leur corps balourd cloué sur place perd tout lien avec le monde, les enfermant dans leur prison de graisse. »

Illustration : Man on mower, Duane Hanson 1995.