Oscillations

100530_corinne_dauger3.1275260904.jpg

 

L’Espace Lhomond, près du Panthéon à Paris, a présenté du 28 au 30 mai une exposition de peintures et sculptures de Corinne Dauger illustrées par des textes d’Annie Armelin intitulé « Oscillations ».

Nous avons rencontré Corinne et Annie à Madrid il y a quelques années par l’intermédiaire de Marie Noëlle Condé, qui animait un atelier d’écriture. C’est avec Marie Noëlle que nous visitons l’exposition « Oscillations ».

Le catalogue de l’exposition s’ouvre par une toile intitulée « fly away ». Le paysage est urbain, des bureaux, des logements, un centre commercial peut-être. Il s’en dégage un sentiment d’irréalité, en partie en raison des nuages cotonneux, qui retiennent la lumière tout en la diffusant. Enchâssé dans le tableau principal, un panneau noir supporte l’image d’une jeune femme vue de dos sur une balançoire. Ses cheveux blonds suivent et amplifient l’oscillation. Elle vit au rythme ondulatoire de la ville. Le titre de l’œuvre suggère qu’elle s’enfuit, mais son pouls semble battre au contraire au rythme de la métropole.

Le poème d’Annie illustrant le tableau s’intitule « le fil » et parle d’abîme et d’insouciance. J’aime les œuvres de Corinne, qui ont souvent pour cadre des gares, des carrefours, des lieux de la vie de tous les jours transfigurés par l’imagination de l’artiste. Les textes d’Annie, imprimés sur métal à côté de chaque tableau, leur ajoutent une autre dimension.

Site de Corinne Dauger : www.corinnedauger.com

Helmut Newton

100519_helmut_newton.1274476700.jpg

Le musée de la photographie de Berlin, ouvert en 2004 dans les locaux d’un ancien casino, abrite 1000 œuvres prêtées par le photographe australien d’origine allemande Helmut Newton (1920 – 2004).

Newton a photographié des célébrités, artistes, hommes politiques, sportifs. Mais c’est sa fascination pour la femme, son obstination à la représenter à la fois impudique et mystérieuse, entre la beauté plastique et la tension érotique.

Une vidéo présente le travail de Newton, les heures passées avec un modèle pour obtenir exactement la lumière, la courbe du corps, l’expression du visage qui feront d’un instantané un trésor pour l’éternité.

Illustration : photo de Helmut Newton. www.helmutnewton.com

Mondes irréels

100519_hommage_goya_odilon_redon.1274475479.jpg

Près du château baroque de Charlottenburg, un quartier de Berlin, se trouve un extraordinaire musée consacré aux mondes surréels : la Collection Scharf Gerstenberg.

Ce musée, une maison bourgeoise articulée autour d’un escalier central à colimaçon agrandi par une aile moderne de verre et de béton, fait face à une autre extraordinaire collection, consacrée à la peinture et à la sculpture du vingtième siècle : la Collection Berggruen. Les surréalistes, Masson, Magritte, Ernst etc. ont naturellement leur place dans la collection Scharf Gerstenberg consacrée aux mondes irréels.

Mais la collection s’intéresse à des artistes qui, dès le 19ième siècle ont cherché à « regarder les yeux fermés », extériorisant dans leur peinture des mondes issus de leur inconscient, avec le minimum d’autocensure. Elle donne une part importante à Goya, directement par son œuvre et par l’hommage que lui rendit Odilon Redon.

La seconde salle est en grande partie, de manière inattendue, à Victor Hugo, et en particulier à son « esquisse d’une île ». Le musée nous offre un magnifique voyage dans l’imaginaire, de Giovanni Batista Pironesi à Salvador Dali et d’Henri Laurens à Joan Mirò. Les explications diffusées par l’audio guide sont d’un très haut niveau.

Illustration : Odilon Redon, hommage à Goya, 1895.

Le Royaume d’Ifé

100425_ife-front-cover_144.1272230793.jpg

Le British Museum présente jusqu’au 6 juin une belle exposition intitulée « Kingdom of Ife, sculptures from West Africa ».

Ainsi que le dit le prospectus de l’exposition, « Le Royaume d’Ifé était une cité-Etat puissante, cosmopolite et riche en Afrique de l’Ouest (dans ce qui est maintenant le sud-ouest du Nigéria). Il prospéra comme un centre politique, spirituel et économique du douzième au quinzième siècles de notre ère. Il fut un point de convergence de réseaux commerciaux locaux et de longue distance. Cette exposition majeure présente des exemples exquis de sculptures d’Ifé en cuivre, en pierre cuite et en pierre. »

La découverte des statues d’Ifé à partir de 1910 révolutionna la compréhension de l’art africain par les occidentaux. Jusque là, les masques rituels nous avaient orientés vers une interprétation abstraite, rituelle, stylisée. Les sculptures d’Ifé sont au contraire naturalistes. Les visages sont multiples, scarifiés de multiples façons. Les artistes ont voulu leurs œuvres ressemblantes. Sans aucun doute, ce sont des hommes puissants d’il y a plus d’un demi millénaire que nous contemplons tels qu’ils étaient de leur vivant.

Il se dégage de ces œuvres beauté, force et sérénité.

Photo : couverture du catalogue de l’exposition