Mange, Prie, Aime

100925_mange_prie_aime.1294485449.jpg

Le film de Ryan Murp hy « Mange, prie, aime, nous parle d’une femme qui s’échappe d’un mariage exemplaire de l’extérieur, malheureux de l’intérieur.

Adapté d’un best seller d’Elizabeth Gilbert, le film raconte l’histoire de Liz, en apparence heureusement mariée mais qui, bien qu’actrice de chacun des moments de son couple, ne parvient pas à y trouver sa propre vérité. En Italie, elle cherchera l’amitié autour d’une bonne table ; dans un Ashram en Inde, elle apprendra par la méditation à lâcher prise ; en Indonésie, elle découvrira l’amour.

On a du mal à vraiment croire en la détresse de Liz et surtout en sa reconstruction dans des paysages de cartes postales qui parviennent à restituer jusqu’aux parfums de Rome, de l’Inde et de Bali mais ne peuvent tenir lieu d’aventure spirituelle.

Julia Roberts domine ce film fait pour elle. Elle est solaire, comme toujours.

Photo du film « Mange, prie et aime ». Liz (Julia Roberts) à la table d’une trattoria à Rome.

Gainsbourg, Vie Héroïque

100919_gainsbourg_vie_heroique2.1294485878.jpg

Le premier film de Joann Sfar présente une biographie de Serge Gainsbourg largement inspirée de l’univers de la bande dessinée.

Jusqu’à sa rencontre avec Jane Birkin, Serge (joué par Eric Elmosnino) est accompagné par un double : un gros bonhomme protecteur pendant son enfance de juif russe à Paris sous l’occupation nazie, un personnage dégingandé avec un nez énorme et des doigts immenses lorsque, peintre puis chanteur, il fréquente les caves de Saint Germain des prés, affamé de célébrité et de femmes, saoulé d’alcools et de vapeurs de tabac.

La protection de son double donne à Serge enfant (magnifiquement interprété par Kacey Mottet) un incroyable culot : il revendique le port de l’étoile jaune comme une décoration, il séduit (déjà !) une modèle de l’académie de peinture qu’il fréquente. Le double de Serge devenu adulte le pousse à franchir le pas, quand il s’agit de se faire remarquer de Boris Vian, d’entrer dans l’intimité de Juliette Gréco et surtout, de vivre une relation d’érotisme exacerbé avec Brigitte Bardot (Laetitia Casta, superbe).

Le film est conçu comme une série de planches de bandes dessinées à différentes périodes de la « vie héroïque » du chanteur, chacune totalement imprégnée du parfum, du corps et de l’esprit d’une femme, chacune féconde de chansons immortelles.

Photo du film Serge Gainsbourg, Vie Héroïque.

Copie Conforme

100912_copie_conforme.1294492368.jpg

« Copie Conforme », le dernier film du réalisateur iranien Abbas Kiorastami, nous propose un fascinant portrait de femme.

Dans une petite ville de Toscane, un critique d’art (joué par le chanteur d’opéra William Shimell) donne une conférence sur son dernier livre consacré à la valeur des reproductions. Au premier rang, une femme (Juliette Binoche) semble boire ses paroles ; comme le dira son jeune fils, elle est fascinée par l’orateur. Elle l’invite à passer ensemble l’après-midi. Il y a tant de réserve et de distance entre eux, elle semble si écartelée entre le désir de la rencontre et la timidité, qu’on croit qu’ils viennent de faire connaissance.

En réalité, ils sont maris et femme depuis quinze ans, mais elle élève seule leur fils. Elle tente de faire sa reconquête. Elle l’entraîne dans le village où ils ont passé leur nuit de noce, près d’un sanctuaire censé porter chance aux dizaines de couples qui viennent s’y faire photographier et reproduisent ainsi le modèle originel du mariage parfait. Désespérant de retrouver un homme sur l’épaule de qui reposer sa tête, elle se maquille et met ses plus belles boucles d’oreille et le supplie de la regarder.

L’homme finit par lui déclarer qu’elle est plus belle aujourd’hui qu’au jour de leurs noces, mais le malentendu est insurmontable. Il n’est pas possible de remonter le temps, de remonter de la copie à l’original et de l’original au modèle. Le film laisse un profond sentiment de frustration et de tristesse, mais cette profondeur abyssale fait la beauté de l’œuvre cinématographique.

Juliette Binoche a reçu pour ce rôle la palme de la meilleure actrice au Festival de Cannes. « Quand mon personnage lui parlait comme s’il était son mari, je parlais à William exactement comme s’il était mon mari », dit Juliette. « Alors que nous travaillions ensemble, nos rythmes discordants tombaient bien et nous n’avons jamais essayé de briser ce rythme. Jouer, c’est comme peler un oignon, vous devez retirer chaque couche pour en révéler une autre ». Elle dit aussi « je n’ai pas le sentiment d’avoir des racines. Les racines que je peux avoir sont plus à l’intérieur de moi que là où je vis ». Et encore : « Mon but a toujours été d’avoir des expériences humaines dans mon travail ».

Photo du film « Copie Conforme ».

Good Will Hunting

100819_good_will_hunting.1282259086.jpg

La chaîne de télévision britannique BBC3 vient de diffuser le film de Gus Van Sant « Good Will Hunting » (1997). Il raconte le chemin d’un jeune surdoué pour surmonter les blessures de l’enfance et s’inventer un destin.

Le titre anglais du film, Good Will Hunting est un jeu de mots. Il signifie « le bon Will Hunting », du nom du personnage principal ; il veut aussi dire « à la chasse de la valeur latente », en référence aux actifs incorporels qui font la valeur d’une entreprise. Car Will (joué par Matt Damon) est un incroyable génie autodidacte. A côté d’une immense culture littéraire et historique, il est capable à 20 ans de résoudre des équations insolubles pour des étudiants du Massachusetts Institute of Technology.

Will vit solitaire dans une petite maison d’un quartier populaire de Boston, dévorant les livres d’une bibliothèque. Ses relations sociales sont Chuckie (Ben Affleck) et sa bande de copains ouvriers en bâtiment qui se retrouvent chaque jour au bar ou en boîte. Il travaille à l’Université, mais comme appariteur.

C’est que Will a vécu une enfance traumatisante, dont il se culpabilise. Se frotter aux autres ranime d’insupportables blessures. Il évite toute relation véritable.

Deux bouleversements surviennent dans sa vie. Il tombe amoureux d’une étudiante, Skylar, (Minnie Driver). Il échappe à la prison s’il accepte de travailler pour un professeur de mathématiques et se soumet à une thérapie. Le thérapeute, Sean Maguire (Robin Williams) est issu du même quartier de Boston et a vécu une enfance semblable. Une relation forte et initialement conflictuelle se développe entre Sean et Will. Parallèlement, paniqué par la demande de Skylar d’aller vivre avec elle en Californie, ce qui signifierait quitter Boston et son cocon et prendre le risque d’une vie de couple, Will rompt avec elle.

Sean accule Will : – « écoute mon garçon, ce n’est pas ta faute », répète-t-il à plusieurs reprises jusqu’à ce que celui-ci s’effondre en sanglots, sa carapace enfin percée, son destin enfin ouvert sur la route de la Californie.

Photo du film « Good Will Hunting ».