L’imposteur

Dans « l’imposteur » (publié en Espagne en 2014, traduction française chez Actes Sud), Javier Cercas s’efforce de comprendre Enric Marcos, l’homme qui présida l’Amicale du camp de concentration de Mauthausen et avait menti sur son passé de déporté.

Né en 1921, le Catalan Enric Marco a fréquemment raconté son histoire héroïque. Encore adolescent, il participa du côté républicain à la guerre civile espagnole. N’acceptant pas la défaite, il entra en résistance contre la dictature franquiste triomphante. Pour éviter la police des vainqueurs, il s’enfuit vers Marseille et fut livré à la Gestapo et déporté au camp de concentration de Mauthausen, en Autriche. Après la libération des camps, il revint à Barcelone et mena la lutte clandestine. Après la mort de Franco, il présida le syndicat anarchiste CNT, puis une fédération de parents d’élèves. Entre 2000 et 2005, il rejoignit l’Amicale espagnole des anciens déportés de Mauthausen qu’il finit par présider, ne ménageant pas sa peine pour que les Espagnols recouvrent la mémoire des Républicains persécutés en raison de leurs idéaux. Continuer la lecture de « L’imposteur »

Surveiller et punir, naissance de la prison

Publié il y a quarante ans, le livre de Michel Foucault intitulé « surveiller et punir, naissance de la prison » reste une référence incontournable pour toute réflexion en profondeur sur l’institution carcérale.

Le livre s’ouvre par la description insoutenable des tortures infligées sur l’échafaud, devant une grande masse de badauds, à un criminel nommé Damiens. C’était en 1757. En France et ailleurs en Europe, le crime est considéré comme une injure personnelle au souverain. Celui-ci se venge de la violence symbolique subie du fait du crime par un déchainement de violence sur l’échafaud. Or, entre la fin du dix-huitième siècle et le début du dix-neuvième, disparait « en quelques années le corps supplicié, dépecé, amputé, symboliquement marqué au visage ou à l’épaule, exposé vif ou mort, donné en spectacle. » Continuer la lecture de « Surveiller et punir, naissance de la prison »

Les Découvreurs

Le livre de Daniel J. Boorstin (1914 – 2004), les Découvreurs, publié initialement en anglais en 1983, a pour sous-titre : « une histoire de la recherche de l’homme pour connaître le monde et se connaître soi-même ».

« J’ai posé des questions inusuelles, dit Boorstin. Pourquoi les Chinois n’ont-ils pas « découvert » l’Europe ou l’Amérique ? Pourquoi les Arabes n’ont-ils pas fait le tour de l’Afrique et du monde ? Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour que les gens apprennent que la terre tourne autour du soleil ? Pourquoi les gens ont-ils commencé à croire qu’il y avait des « espèces » de plantes et d’animaux ? Pourquoi est-ce que les faits de la préhistoire et la découverte du progrès de la civilisation ont été si lents à venir ? » Continuer la lecture de « Les Découvreurs »

Le continent des imprévus

Dans « Le continent des imprévus, journal de bord des temps chaotiques » (Manitoba / les belles lettres, 2015), Patrick Lagadec raconte son itinéraire intellectuel et professionnel de quatre décennies, des risques technologiques majeurs à l’apprivoisement de la surprise.

« À ce stade du voyage, écrit Patrick Lagadec, nous sommes comme Magellan, perdus dans ce qui n’est pas encore un détroit cartographié, mais un dédale incompréhensible, quelque part au bord de la carte, en lisière de mondes inconnus ». Continuer la lecture de « Le continent des imprévus »