Gainsbourg, Vie Héroïque

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Le premier film de Joann Sfar présente une biographie de Serge Gainsbourg largement inspirée de l’univers de la bande dessinée.

Jusqu’à sa rencontre avec Jane Birkin, Serge (joué par Eric Elmosnino) est accompagné par un double : un gros bonhomme protecteur pendant son enfance de juif russe à Paris sous l’occupation nazie, un personnage dégingandé avec un nez énorme et des doigts immenses lorsque, peintre puis chanteur, il fréquente les caves de Saint Germain des prés, affamé de célébrité et de femmes, saoulé d’alcools et de vapeurs de tabac.

La protection de son double donne à Serge enfant (magnifiquement interprété par Kacey Mottet) un incroyable culot : il revendique le port de l’étoile jaune comme une décoration, il séduit (déjà !) une modèle de l’académie de peinture qu’il fréquente. Le double de Serge devenu adulte le pousse à franchir le pas, quand il s’agit de se faire remarquer de Boris Vian, d’entrer dans l’intimité de Juliette Gréco et surtout, de vivre une relation d’érotisme exacerbé avec Brigitte Bardot (Laetitia Casta, superbe).

Le film est conçu comme une série de planches de bandes dessinées à différentes périodes de la « vie héroïque » du chanteur, chacune totalement imprégnée du parfum, du corps et de l’esprit d’une femme, chacune féconde de chansons immortelles.

Photo du film Serge Gainsbourg, Vie Héroïque.

Corps et Esprit

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La troupe Alvin Ailey American Dance Theater est actuellement en tournée au Royaume Uni. Son spectacle est un magnifique hommage à la puissance spirituelle de la danse.

L’American Dance Theater a été crée en 1958 par Alvin Ailey (1931 – 1989). La troupe est dirigée depuis sa mort par Judith Jamison, qui devrait à son tour passer la main l’an prochain.

C’est précisément par « Hymn », une chorégraphie de Judith Jamison de 1993, que s’ouvre le spectacle. Les danseurs mettent en forme, en mouvement et en volume des textes d’Alvin et Judith qui célèbrent le corps comme expression de l’esprit humain. La seconde chorégraphie est une création par Christopher L. Huggins intitulée « Anointed » (Oint), avec une magnifique musique de Moby et Sean Clements et des costumes à dominante rouge qui renforcent la sensualité des corps des danseurs. La troisième est Révélations, une œuvre de 1960 d’Alvin Ailey sur des negro spirituals.

On est frappé par la diversité des danseurs. Tous sont athlétiques, mais ils sont grands ou petits, trapus ou élancés, noirs ou blancs. Ils sont invités à mettre dans la danse leur propre personnalité. Il n’y pas le corps d’un côté, l’esprit de l’autre. Il n’y a que le corps, et dans la vibration des corps en mouvement, l’esprit d’une personne, l’esprit d’une troupe, l’esprit de l’humanité tout entière.

Photo de la chorégraphie « Hymn ». La troupe est au Saddlers Wells de Londres jusqu’au 25 septembre, puis en tournée à Nottingham, Birmingham, Plymouth, Cardiff, Bedford, Edimbourg et Newcastle. 

3.096 jours

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Natascha Kampusch, vient de publier en Angleterre « 3,096 days », le récit de son enlèvement à l’âge de 10 ans et de sa captivité pendant huit longues années.

Le magazine hebdomadaire de The Guardian a rencontré Natascha à Vienne. Le récit de cet entretien est à l’adresse suivante :

http://www.guardian.co.uk/world/2010/sep/11/natascha-kampusch-interview

L’évasion de Natascha en 2006 et le suicide de son geôlier Wolfgang Priklopil avaient fait les titres de la presse internationale. Comment cet homme apparemment si normal avait-il pu construire une prison sous son garage, enlever une petite fille et en faire son esclave pendant des années ?

C’est la maturité de Natascha qui étonne après une petite enfance malheureuse et l’incroyable épreuve de huit ans de captivité et d’humiliation. « Elle impute sa survie à un moment qui se passa quand elle avait 12 ans. Comme il n’y avait aucun adulte sain et solide dans sa vie, elle décida de devenir son propre adulte. Elle s’apparut à elle-même, âgée de 18 ans, dans une vision éclatante. Elle se dit – Je vais sortir de là, je te le promets. Maintenant tu es trop petite. Mais quand tu auras 18 ans, je dominerai le kidnappeur et je te libèrerai de ta prison ».

Interrogée sur ce qu’elle veut faire plus tard, elle répond psychologue, encore qu’elle veuille apprendre auparavant deux métiers, ceux de joailler et de cordonnier. L’équipe de psychologues qui a assisté Natascha dans son retour à la vie a certainement fait un travail exceptionnel.

Photo « The Guardian Week-end », 11 septembre 2010

Back to Newcastle

 

Newcastle upon Tyne fut le plus grand chantier naval du monde. La ville peine aujourd’hui à inventer son avenir postindustriel.

La chaîne britannique de télévision britannique a consacré une émouvante émission à la ville de Newcastle upon Tyne, au nord de l’Angleterre : « a journey back to Newcastle, Michael Smith’s deep North ». On peut la regarder à l’adresse suivante :

 http://www.bbc.co.uk/iplayer/episode/b00tr1gm/A_Journey_Back_to_Newcastle_Michael_Smiths_Deep_North/.

J’ai une passion pour les villes phares de la révolution industrielle qui tentent sur les friches industrielles de s’inventer un avenir : Bilbao, Pittsburgh, Birmingham. Newcastle upon Tyne en fait partie. A l’époque de sa splendeur, 2 navires sur 5 produits dans le monde sortaient de ses chantiers. Il n’en reste rien aujourd’hui. L’émission de Michael Smith, né à Newcastle et vivant à Londres, est un hommage lyrique à l’esprit héroïque de cette cité de fer et d’acier. Elle s’étend longuement sur le démantèlement des chantiers navals et la détresse de ceux qui y ont travaillé.

Newcastle est fameuse pour les ponts enjambant la Tyne qui attestent de son ancienne avance technologique. Un pont du millénium a été construit en 2000 pour desservir le nouveau centre culturel de la cité, Gateshead. Voulu par « Tony et Mandy » (Blair et Mandelson) dans l’esprit du nouveau Labour pour revitaliser la ville par la culture, cette réalisation effraie Michael Smith : ne s’agit-il pas d’un château (castle) de cartes que le tarissement des fonds publics menace d’anéantissement ?

Photo : le pont du Millénium de Newcastle on Tyne