Les Britanniques soutiennent la monarchie

A la vitrine de Selfridges. Photo "transhumances"

Un sondage publié le 24 mai par The Guardian confirme que les Britanniques soutiennent la Monarchie, non sans hésitations sur le successeur d’Elizabeth II.

 Londres se prépare pour le Jubilée de Diamant de la Reine Elizabeth II. A la vitrine de Selfridges, un  grand magasin d’Oxford Street, deux visages de l’Angleterre d’aujourd’hui, un  jeune soldat et un punk, se font face dans un décor pavoisé aux couleurs de l’Union Jack. La façade de Harrods célèbre elle aussi l’événement.

 Après « l’annus horribilis » de 1992 puis le désamour consécutif à la mort de Diana, les Britanniques se sont réconciliés avec la monarchie. The Guardian leur a demandé si la Grande Bretagne s’en sortirait mieux ou moins bien sans une famille royale. Les avis favorables à la monarchie sont 69%. Seulement 22% des Britanniques disent que la situation du pays serait meilleure sans les Windsor.

 Une seconde question était ainsi formulée : « lorsque la Reine abdiquera ou mourra, que pensez-vous qu’il arrivera ensuite ? » Seuls 10% des interrogés disent que la Grande Bretagne devrait devenir une République et élire un chef de l’Etat. Moins de la moitié estiment que la couronne devrait passer au Prince Charles. 48% pensent qu’elle devrait revenir au Prince William.

 Ce sondage confirme que le courant républicain est minoritaire en Grande Bretagne : il n’a jamais dépassé 20%, même aux pires moments de la famille royale. Il laisse toutefois planer un doute sur la légitimité du premier dans la ligne de succession, le Prince Charles. La rupture avec Diana a laissé des traces dans l’opinion. Mais surtout, on reproche au Pince d’intervenir lourdement auprès des ministres en appui de causes qui lui sont chères, comme l’échec de projets immobiliers contraires à son esthétique plutôt traditionnelle. Après Elizabeth, la monarchie devra se battre au jour le jour pour prouver à ses sujets qu’elle est pour eux le meilleur régime. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est plus, depuis longtemps, de droit divin.

 

La façade de Harrods. Photo "transhumances".

 

Corruption, le nouveau défi des entreprises

La Grande Bretagne s’est dotée en 2010 d’une nouvelle législation contre la corruption, le « Bribery Act ». Le livre de Nick Kochan et Robin Goodyear, « Corruption, the New Corporate Challenge » (corruption, le nouveau défi des entreprises, Palgrave MacMillan 2011) s’adresse aux dirigeants d’entreprise et met en perspective la nouvelle loi.

 La corruption est un phénomène d’ampleur phénoménale. Selon la Banque Mondiale, les paiements de commission atteindraient 1.000 milliards de dollars, soit  plus de 3% de l’économie mondiale. Le pourcentage de ce prélèvement ne cesse de croître.

 Kochan et Goodyear détaillent comment la corruption fausse le marché et détruit les communautés. Ils citent Angel Gurria, Secrétaire Général de l’OCDE : « la corruption est le cancer de la mondialisation ». Ils décrivent la mise en place de législations pour combattre ce fléau, en particulier aux Etats Unis avec le Foreign Corrupt Practises Act de 1977.

 Le Bribery Act britannique définit les délits de « soudoiement » (« bribe ») et de corruption passive (« reception of bribe »). Il innove en instituant une responsabilité pénale des entreprises : elles commettent un crime si elles ne mettent pas en place des procédures efficaces pour prévenir la corruption.

 Les réactions de nombre d’entreprises britanniques, en particulier celles qui vendent dans des pays classés par Transparency International avec un indice de corruption élevé, se sont élevées contre cette loi en faisant valoir qu’elles étaient pénalisées en comparaison de celles qui opèrent dans un contexte législatif plus laxiste tel, selon elles, les entreprises françaises.

 Le livre de Kochan et Goodyear est un ouvrage de management, qui fournit aux dirigeants d’entreprises des points de repère juridiques et de nombreuses études de cas.

Une Grande-Bretagne oubliée

 

Un sans abri dans une ville anglaise. Photo The Guardian.

Dans The Guardian du 10 mai, Stephen Bubb, le patron de « The Association of Chief Executives of Voluntary Organisations » (association des patrons des associations de volontaires) tire la sonnette d’alarme : “au milieu de la grande richesse, nous sommes en train de créer une Grande Bretagne oubliée ».

 Stephen Bubb s’inquiète des conséquences des coupes budgétaires sur les populations les plus fragiles : les sans-abris, les victimes de violence domestique, ceux qui ont des problèmes de santé mentale, les gens âgés et seuls, les enfants dans des familles cassées. Il y a l’impact des réductions de dépenses sociales elles-mêmes, pour ceux dont la vie en dépend. Il y a le déficit démocratique dans un contexte où l’Etat central transfère des responsabilités sur des pouvoirs locaux qui sont faibles et ne rendent guère de comptes. Il y a enfin l’évolution des mentalités, avec des nantis (« haves ») qui vivent des vies de plus en plus parallèles à celles des démunis (« have-nots ») au point de ne plus même voir leur existence.

 Dans la même édition du quotidien, le journaliste Randeep Ramesh amplifie la tribune libre de Stephen Bubb. Il cite une étude du Centre National pour la Recherche Sociale sur les attitudes sociales des Britanniques. Plus d’un quart des personnes interrogées pensent que la pauvreté est le résultat de la « paresse » ou d’un « manque de volonté ». Ce chiffre n’était que de 15% au milieu des années quatre-vingt dix.

 Il existe en effet un risque que les « have-nots » soient oubliés. Et, plus radicalement, que nul ne les voie plus, bien qu’ils soient tous les jours sous nos regards.

Venise peinte par Turner

Dans l’une des salles consacrées à Turner à la Tate Britain, un tableau m’a captivé : Venise vue des marches de l’hôtel Europa, exposé pour la première fois en 1842.

 « Venise a sûrement été construite pour être peinte par… Turner », écrivait John Ruskin. On reconnait dans ce tableau de 1842 la Douane de Mer, Saint Georges, et les « zitelle » (La Salute et La Presentazione). Cette image restitue de manière magique l’esprit de la ville de la lagune. Venise est esprit, vapeur, brume. Venise est canal, ondulation, reflets. Venise est opulence, culture, renaissance.

 Le tableau de Turner est fortement structuré. Pourtant, on ne discerne pas de rivages. Palais et églises appartiennent au monde de l’air et de la mer, aucune rive ne les sépare. Ce qui structure la représentation, c’est la lumière. C’est bien la Venise que nous connaissons, mais transfigurée en une cité immatérielle, onirique et lumineuse.

 Illustration : « The Dogano, San Giorgio, Clitella from the steps of the Europa », Joseph Mallard Turner, 1842.