Angelica Garnett (1918 – 2012)

 

Angelica Garnett à Charleston House, photo The Guardian

Angelica Garnett, dernière survivante du Groupe de Bloomsbury, est décédée à Forcalquier le 5 mai à l’âge de 93 ans.

 « Transhumances » a à plusieurs reprises évoqué le Groupe de Bloomsbury, ce collectif d’intellectuels et d’artistes exceptionnels (Virginia Woolf, John Maynard Keynes, Duncan Grant…) qui a fortement marqué la vie culturelle en Grande Bretagne dans la première moitié du vingtième siècle : « le groupe de Bloomsbury à Charleston House » (2 octobre 2011) évoquait leur lieu de vie ; « Vanessa et Virginia » (12 novembre 2011) la relation d’amour et de jalousie des deux sœurs Vanessa Bell et Virginia Woolf ; « affectueusement trompée », le difficile chemin de la fille de Vanessa, Angelica Garnett, pour construire son identité propre.

 Angelica, artiste et écrivaine, vient de mourir, et avec elle la dernière survivante du Groupe de Bloomsbury. Dans The Guardian du 7 mai, Frances Spalding dresse son portrait. Je cite un passage de son article qui traite de la relation d’Angelica avec la France.

 « Sa mère rappelait souvent à Angelica qu’elle avait du sang français dans les veines, car son arrière – arrière grand-mère avait été mariée au Chevalier de l’Etang, un membre de la Cour de Marie-Antoinette. Mais il n’y avait guère besoin de cette connexion lointaine pour stimuler l’intérêt de la jeune fille pour tout ce qui était français, y compris l’art. Dans son enfance, il y avait de longues périodes passées dans le sud, principalement dans une petite villa en périphérie de Cassis.

 Quand elle eut 18 ans, elle fut envoyée vivre pendant une période dans une famille à Paris afin d’apprendre la langue. Dans son vieil âge, elle remarquait que sa vie avait été « mêlée à la France de manière lâche et envahissante aussi longtemps que je m’en souvienne, et que rien en cette vie ne serait le même ou n’aurait la même saveur sans cette connexion ». Il se trouve que le pays devint son chez-elle permanent et elle passa ses 30 dernières années à Forcalquier. »

Cambridge

A Cambridge, petites annonces et bicyclettes. Photo « transhumances »

Cambridge, à une centaine de kilomètres de Watford, est l’une de nos excursions favorites.

 Nous avions savouré au printemps l’an dernier, avec Michèle et Jean-Marc, un Cambridge nonchalant, à bord d’une barge glissant au fil de la Rivière Cam aux mains d’une ravissante gondolière, frayant son chemin parmi le gentil chaos des navigateurs du dimanche. Ce dimanche d’avril, il ne cesse de pleuvoir et la température ne s’écarte guère des 7°C. Bien que commencée dans une chocolaterie, la promenade avec Catherine et Philippe revêt un caractère de gravité. Nous nous émerveillons des proportions de la chapelle de Kings College, de l’exubérance végétale de sa voûte et, malgré les nuages, de la lumière de ses vitraux. Cambridge nous apparait comme un écrin de science et d’intelligence, tout en intériorité. Lorsqu’on sort, c’est discrètement, avec pour seul bruit le crissement des pneus de bicyclette sur la chaussée trempée.

 Et puis, tout près du ponton des barges de la rivière Cam, nous le croisons. Il est là, sur son fauteuil équipé d’un écran d’ordinateur, reconnaissable parmi des milliers. Stephen Hawkin va s’embarquer à bord d’un monospace noir. Je suis profondément ému. Cette ville impénétrable nous révèle un joyau. Recroquevillés sous la pluie, nous nous ouvrons à la dimension de l’univers.

 Plus tard, nous arpenterons l’immense cathédrale du petit bourg d’Ely, à une trentaine de kilomètres de Cambridge. Comme Chartres, Ely a été un important centre de pèlerinage. Au douzième siècle, on a construit une immense nef romane, au treizième siècle, un chœur gothique, au quatorzième, une tour lanterne. Les vitraux médiévaux sont somptueux. Deux sculptures contemporaines retiennent notre attention : la reconnaissance de Jésus par Marie Madeleine, de David Wynne, et Jésus les mains ouvertes par Hans Feisbusch, dont j’avais aimé la peinture du Baptême de Jésus dans la cathédrale de Chichester. Ely s’enracine dans le passé pour nous donner des signes à lire aujourd’hui.

L’année Alan Turing

 

Alan Turing

 

On célèbre cette année le centième anniversaire de la naissance du mathématicien Alan Turing (1912 – 1954).

 « Transhumances » a consacré deux articles, en septembre 2009, à Alan Turing. Pendant la seconde guerre mondiale, il fut à Bletchley Park (près de Milton Keynes) à la tête d’une équipe de mathématiciens dont la fonction était de déchiffrer les codes de l’armée allemande. Il fit en particulier construire une machine électromagnétique appelée «  Bombe » capable de simuler des millions de combinaisons en un temps court, d’éliminer les contradictions et de filtrer celles qu’il fallait étudier de plus près. On dit que les équipes de Bletchley, Turing en particulier, ont précipité de plusieurs mois la défaite d’Hitler. La « Bombe » fut aussi un précurseur des ordinateurs que, juste après la guerre, Turing s’employa à développer à Richmond puis à Manchester. Il se passionna pour l’intelligence artificielle. Les deux dernières années de sa vie, il se spécialisa en biologie mathématique, identifiant des schémas numériques rigoureux dans la structure des plantes.

 En 1952, il fut inculpé pour homosexualité et, entre la prison et la castration chimique, il choisit cette dernière. Exclu de tout travail lié à la Défense, montré du doigt, il se suicida en mangeant une pomme chargée de cyanure.

 En septembre 2009, le Premier Ministre Gordon Brown rendit hommage à Turing en ces termes : « au nom du Gouvernement Britannique et de tous ceux qui vivent libres grâce au travail d’Alan, je suis fier de dire : « nous sommes désolés, vous méritiez tellement mieux ».

 De multiples événements sont organisés en cette « année Alan Turing », en Grande Bretagne et dans le monde.

Plaque à la mémoire d'Alan Turing à Wimslow

Volcans islandais, électricité britannique

Dans The Guardian du 12 avril, Damian Carrington explique les plans britanniques pour importer de l’électricité dans les années à venir par des câbles sous-marins. Parmi ces projets, celui d’importer de l’électricité produite par géothermie en Islande.

 Le ministre britannique de l’énergie, Charles Hendry, va visiter l’Islande en mai pour négocier la construction d’un câble sous-marin de 1000 à 1500 km, le plus long au monde, pour approvisionner la Grande Bretagne en électricité produite en utilisant la chaleur des volcans.

 Trois câbles sous-marins existent déjà. Depuis 1986, un câble achemine du courant électrique d’origine nucléaire depuis la France. Un câble avec les Pays-Bas est dédié à l’électricité éolienne, et bientôt deux avec l’Irlande. De considérables investissements vont être consentis pour importer de l’électricité « verte » dans les prochaines années : avec l’Espagne (projet Desertec d’énergie solaire), avec l’Islande, l’Irlande et les Pays-Bas, déjà mentionnés, et avec la Norvège. Dans ce dernier pays, l’énergie éolienne sera utilisée pour alimenter des pompes qui transporteront l’eau de fjords dans des réservoirs situés au-dessus du niveau de la mer ; lorsque le besoin de courant se fera sentir, on produira de l’électricité hydroélectrique à partir de ces réservoirs.

 A l’horizon d’une quinzaine d’années, la Grande Bretagne sera reliée à l’Europe par une douzaine de « connecteurs » sous-marins, qui lui permettront d’importer de l’énergie, mais aussi d’en vendre lorsque ses turbines éoliennes fonctionneront à plein régime. « Transhumances » avait déjà souligné l’incroyable et inavoué abandon de souveraineté par la Grande Bretagne lors de l’accord qui consacrait, il y a deux ans, la coopération avec la France dans le domaine de la force de frappe. Il faut bien constater que c’est à un impressionnant acte de foi européen que se livre la Grande Bretagne dans le domaine stratégique de l’approvisionnement en énergie. Le pays, qui a une longue histoire d’autosuffisance électrique, se connecte à un super-réseau européen et devient dépendante de son bon fonctionnement et de sa continuité.

Centrale géothermique en Islande, Photo The Guardian