Visite papale

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Le pape Benoît XVI est en visite d’Etat en Grande Bretagne.

Le Cardinal Walter Kasper, bien que chargé des difficiles relations avec l’Eglise Anglicane, n’a pu participer au voyage pour raison de santé. Il y a quelques jours, il avait déclaré au magazine allemand Focus que la Grande Bretagne « est un pays séculier et pluraliste. Parfois lorsque vous atterrissez à Heathrow, vous vous croyez être entré dans un pays du Tiers-Monde. ». Il déplorait aussi qu’un athéisme agressif se soit répandu en Grande Bretagne. « Lorsque vous portez une croix sur British Airways, on vous discrimine ». Souhaitons un prompt rétablissement au Cardinal.

Le 15 septembre, la chaîne de télévision britannique a diffusé à une heure de grande écoute un reportage intitulé : « Benoît : Procès d’un pape » par le journaliste catholique Mark Dowd. Ancien frère dominicain, homosexuel déclaré, Mark considère que les positions de l’Eglise sur la sexualité ne sont pas un « deal breaker », qu’elles ne rompent pas le contrat avec sa famille spirituelle. Son reportage est remarquable d’intelligence et d’honnêteté, n’évitant aucune question difficile (comme le rôle possible de Ratzinger dans la couverture d’un scandale de pédophilie lorsqu’il était archevêque de Munich) et tentant de comprendre en profondeur la pensée et la stratégie d’un pape obsédé par l’éloignement de l’Europe de son passé religieux.

Photo The Guardian.

Back to Newcastle

 

Newcastle upon Tyne fut le plus grand chantier naval du monde. La ville peine aujourd’hui à inventer son avenir postindustriel.

La chaîne britannique de télévision britannique a consacré une émouvante émission à la ville de Newcastle upon Tyne, au nord de l’Angleterre : « a journey back to Newcastle, Michael Smith’s deep North ». On peut la regarder à l’adresse suivante :

 http://www.bbc.co.uk/iplayer/episode/b00tr1gm/A_Journey_Back_to_Newcastle_Michael_Smiths_Deep_North/.

J’ai une passion pour les villes phares de la révolution industrielle qui tentent sur les friches industrielles de s’inventer un avenir : Bilbao, Pittsburgh, Birmingham. Newcastle upon Tyne en fait partie. A l’époque de sa splendeur, 2 navires sur 5 produits dans le monde sortaient de ses chantiers. Il n’en reste rien aujourd’hui. L’émission de Michael Smith, né à Newcastle et vivant à Londres, est un hommage lyrique à l’esprit héroïque de cette cité de fer et d’acier. Elle s’étend longuement sur le démantèlement des chantiers navals et la détresse de ceux qui y ont travaillé.

Newcastle est fameuse pour les ponts enjambant la Tyne qui attestent de son ancienne avance technologique. Un pont du millénium a été construit en 2000 pour desservir le nouveau centre culturel de la cité, Gateshead. Voulu par « Tony et Mandy » (Blair et Mandelson) dans l’esprit du nouveau Labour pour revitaliser la ville par la culture, cette réalisation effraie Michael Smith : ne s’agit-il pas d’un château (castle) de cartes que le tarissement des fonds publics menace d’anéantissement ?

Photo : le pont du Millénium de Newcastle on Tyne

Woburn Abbaye

 

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Woburn n’a plurien d’une abbaye depuis que le monastère cistercien fut exproprié par Henry VIII et rasé deux siècles plus tard pour construire l’actuel château des ducs de Bedford.

Woburn est à environ 80 kilomètres au nord de Londres. Le château actuel date du dix-huitième siècle. Il est encore propriété de la famille des Bedford, qui décida de l’ouvrir au public en 1955 pour couvrir les frais de son entretien. On y trouve une magnifique collection de porcelaine de Sèvres et d’argenterie, de nombreux éléments de décoration extrême-orientaux, une « grotte » analogue à celle du Palais Fonseca à Lisbonne.

Le jardin et le parc dessinés au début du dix-neuvième siècle par Humphry Repton permettent d’admirer d’immenses arbres et de flâner à proximité de troupeaux de cerfs et de biches. On ne compte pas moins de 9 variétés de cervidés à Woburn Abbaye.

Photo « transhumances »

L’école primaire vue d’Angleterre

 

The Guardian du 8 septembre publie un réquisitoire d’Emily Barr sur le système scolaire français.

Emily et son mari ont vécu cinq ans en France, dans un village au bord de la mer avec un spot de surf. « Beaucoup de nos amis à Brighton étaient enlisés et paniqués dans la recherche de la meilleure école pour leurs enfants, alors que tout le monde savait que le système d’éducation français était parmi les meilleurs du monde. Il était académiquement rigoureux, sérieux, séculier, laïque. Il est possible que nous ayons été un tantinet présomptueux. Cinq ans plus tard, nous sommes revenus au Royaume Uni, anxieux de faire entrer nos enfants dans une bonne école primaire, de les envoyer quelque part sans l’esprit « réussissez ou vous êtes de la merde. » A ce moment-là, je voulais seulement que mon fils Gabe aille dans une école où quelqu’un remarquerait si les enfants sont heureux ou non et s’en soucierait. »

Les ennuis de Gabe ont commencé à l’école primaire, alors que la maternelle n’a pas d’égale au monde. « L’école en France n’a pas de réunions, pas de théâtre, pas de musique, pas de clubs. Il y a un divertissement de Noël vaguement improvisé. Les enfants traversent le système et en émergent avec un corpus de savoir, et tout le reste est laissé aux parents. » Il y a une grande différence entre les enseignants formés au Royaume Uni ou aux Etats Unis et en France. Les premiers s’engagent dans la relation avec la classe, enseignent de manière créative, encouragent la discussion et évaluent de manière positive ; les seconds (à quelques exceptions près) ont tendance à faire un cours au lieu d’enseigner et à évaluer avec une dureté et une négativité terrifiantes ».

Emmy reconnait les défauts du système scolaire britannique. La bousculade pour inscrire ses enfants dans les meilleures écoles ferait horreur à un observateur français. Le système anglais instille une mentalité du « les autres et nous » qui va dans le sens du système de classes si prégnant dans le pays. Il reste que sa critique du système français, qu’elle a vécu de l’intérieur, est largement pertinente : l’école en France est une machine à fabriquer du succès et fabriquer de l’échec. Elle sélectionne les élites et laisse de nombreux laissés pour compte, écœurés et doutant d’eux-mêmes.

Photo du film « Etre et avoir » de Nicolas Philibert (2002), une parabole de la chance que, parfois, l’école primaire laïque peut offrir aux enfants.