Wigmore Hall

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Wigmore Hall se distingue des autres salles de concert de Londres par son intimité et par un caractère délicieusement désuet.

Nous profitons du passage à Londres de ma filleule Marie, qui joue du violon dans un orchestre amateur en région parisienne, pour assister à un concert de musique baroque au Wigmore Hall. Des personnes très âgées descendent d’un autocar avec d’infinies précautions et se confondent en remerciement pour la patience du chauffeur. Tirées à quatre épingles, elles correspondent très exactement à l’image que l’on se fait du vieil aristocrate anglais.

Contrairement au Royal Albert Hall, au Royal Festival Hall et au Barbican, qui frappent par leur gigantisme, c’est l’étroitesse du lieu qui étonne. La quinzaine de musiciens du group English Concert a du mal à trouver place sur la scène. L’auditorium est tout en longueur. L’acoustique est excellente, et la configuration du lieu permet une grande proximité du public avec les artistes.

Bien que restauré il y a une quelques années, Wigmore Hall est resté dans l’esprit de ses constructeurs en 1901. Il a un côté légèrement suranné qui ne manque pas de poésie. La scène est surmontée d’une coupole décorée d’une fresque représentant l’humanité luttant contre l’inaccessibilité de la musique. Ce n’est pas un chef d’œuvre, loin de là, mais le spectateur se sent membre d’une communauté de mélomanes enracinée dans le temps. Wigmore Hall produit environ 400 concerts par an, ce qui signifie plusieurs dizaines de milliers depuis sa fondation.

(Photo : Wigmore Hall, http://wigmore-hall.org.uk)

Fascination du chemin de fer

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Le National Railway Museum de York est le plus grand musée du genre au monde. Il offre une fascinante promenade dans l’histoire, la technologie et l’esthétique d’une industrie née en Angleterre au dix-neuvième siècle.

Le musée présente des répliques ou des originaux de locomotives et de trains qui ont marqué l’histoire du transport ferroviaire, de la « rocket » de George Stephenson (1829) au Shinkansen et à l’Eurostar, en passant par le Mallard (record de vitesse à la vapeur en 1938). Les locomotives à vapeur dégagent l’émotion d’un temps passé qui ne reviendra pas. Elles sont belles, avec leurs tubulures, leurs instruments de mesure en cuivre, l’enchevêtrement des roues et des bielles.

Dans l’atelier, des machines éventrées attendent d’être remises en état. Dans le magasin, des milliers d’uniformes, de plaques commémoratives, de maquettes ou de signaux évoquent l’univers ferroviaire. Aux quais d’une gare fictive, des trains d’autrefois sont stationnés, dont le palace roulant de la Reine Victoria.

Photo « transhumances »

Piégés à Tenerife

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Dans le quotidien britannique The Guardian du 19 avril, Gill Hornby donne un récit plein d’humour de son séjour forcé à Tenerife, à la suite de l’annulation de tous les vols.

(…) Nous y voilà encore. A Tenerife. Sous le ciel d’un bleu ennuyeux. Scrutant la mer sans ferries. Piégés.

 Bien sûr nous sommes parmi les fortunés. Nous ne dormons pas dans les rues ou les terminaux d’Europe continentale, nous avons encore nos chambres d’hôtel. Nos vacances ont juste, en théorie, été prolongées. Sauf que, à ce qu’il semble, les vacances sont une question de choix. Il faut vouloir être en vacances, ou bien cela cesse d’être des vacances. Et quiconque nous a envoyé des SMS « profitez bien ! » ou « jaloux » peut s’attendre à un shampooing à notre retour.

Notre brève ruée sur le « paradis » a perdu son charme lorsque le nuage de cendres a perdu son côté drôle, autour de l’heure du thé jeudi. (…)

Depuis lors, la station touristique a changé d’identité. Nous ne sommes plus des hôtes, nous sommes des captifs. Nous en avons assez des frites – imaginez-vous ! – assez de Sky News, assez du soleil. Nous nous trouvons d’une drôle de couleur, comme des criminels en attente d’extradition : le brun d’un braqueur de banque.

 Photo : Le Teide, sommet de l’île de Tenerife, un volcan loin de l’Islande ! www.hotasa.es.

Mrs Reynolds et le voyou

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Le Palace Theatre de Watford donne actuellement une pièce de Gary Owen, « Mrs Reynolds and the ruffian » (le voyou). Elle nous parle d’une manière tendre de sujets actuels, le mal des banlieues et le droit à mourir dans la dignité.

Gary Owen est un scénariste de 28 ans dont les pièces sont enracinées dans sa ville adoptive, Bridgend (Pays de Galles), une cité glauque, célèbre en Grande Bretagne pour l’épidémie de suicides qui a emporté plus de 20 jeunes depuis trois ans. C’est précisément l’histoire d’un jeune sans perspectives et sans espoir que nous conte sa dernière pièce, Mrs Reynolds et le voyou.

Le voyou se nomme Jay. Il comparait devant la juge pour avoir saccagé le jardin d’une dame d’une soixantaine d’années, Mme Reynolds. La juge lui propose une peine d’intérêt général au lieu de la prison : il aidera sa victime à remettre son jardin en état. Bien que jeune, la juge se comporte en vraie professionnelle : elle dépassionne, reformule, propose. Pourtant, elle passe à côté de la motivation de Jay. Celui-ci se dit contrit d’un écart passager. En réalité, il a prémédité l’attaque du jardin et feint la repentance pour échapper à la prison.

Elle passe aussi à côté de la motivation de Mme Reynolds. Elle la croit désintéressée. En réalité, le saccage du jardin est arrivé au moment où le médecin vient de lui apprendre qu’atteinte d’une maladie dégénérative, ses jours sont comptés. Son mari est mort, ses enfants sont loin. Ray est l’être humain que le destin lui envoie. Elle lui offre la rédemption, mais attend de lui qu’il la sauve à ton tour de l’enfer qui l’attend.

Un ami de Jay, Kieran, le tire vers son passé. La jeune voisine d’en face, Mel, le pousse vers un avenir tout à inventer.

Les personnages de Mme Reynolds et de Jay sont magnifiquement interprétés par Trudie Goodwin et Morgan Watkins, avec une sensibilité non dénuée d’humour. La mise en scène est de Brigid Larmour, la directrice artistique du Palace Theatre. Au centre de la scène se trouve un mur chargé de graffitis qui se convertissent peu à peu en jolis dessins, à mesure que Mme Reynolds conquiert le cœur de Jay, l’aide à composer avec les atroces blessures de son enfance, parvient à le décentrer de soi-même et l’amène peu à peu à vivre pour deux femmes, Mel et elle-même.

(Photo : Mrs Reynolds and the Ruffian, Watford Palace Theatre).