Constantin, Empereur de York à Milan

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 Quel est le point commun entre York et Milan ? L’empereur Constantin (272 – 337) !

Le blocage du transport aérien en Europe nous a frustrés d’un week-end a Milan. Puisque les valises etaient bouclées, nous les avons simplement placées dans la voiture et, profitant d’un temps radieux, quitté Watford pour le nord de l’Angleterre.

Nous avons traversé la région des Midlands – un premier clin d’œil à Milan ! – passé la nuit à Stamford, charmante petite ville de pierres blanches, visité l’immense cathedrale gothique de Lincoln et rejoint la ville de York.

A proximité de l’entrée du « Minster » (Cathédrale), un hôte de marque nous attendait : Constantin a ici sa statue. Le 23 juillet 306, au lendemain du décès de son père, c’est àYork que, par acclamations, ses légionnaires le proclamèrent empereur. Cinq ans plus tard, il promulga l’édit de Milan qui garantit la liberté religieuse et permit l’essor du Christianisme.

Grâce à Constantin, nous avons d’une certaine manière accompli à York notre pèlerinage milanais !

(Photo : visage de l’Empereur Constantin, excavations de la Cathedrale de York)

Le livre de cantiques des Conservateurs

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Le Parti Conservateur britannique vient à son tour de faire connaître son programme électoral. Son « manifeste » ressemble à un recueil de cantiques.

Si le manifeste travailliste s’inspire de l’esthétique communiste, celui du Parti Conservateur a l’austérité d’un livre de prières. La couverture, bleu sombre, est intitulée « invitation à rejoindre le gouvernement de la Grande Bretagne ».

Le journaliste du quotidien The Guardian David Hare souligne d’ailleurs la connotation religieuse de ce programme dans un article publié le 14 avril et intitulé : « une dose de médecine Tory : se rendre meilleur par l’exhortation ». Parlant de l’opération de lancement du programme comme d’une réunion de prière, il écrit : « à intervalles réguliers, comme dans une église Baptiste, chacun était invité à « s’avancer » et à « aider à gérer le pays. »

Le Parti Conservateur entend associer étroitement les usagers à la gestion des écoles, des bibliothèques ou des parcs. Il entend ainsi réaliser une « grande société » (big society) dans laquelle les citoyens auront leur mot à dire dans le fonctionnement et le financement des services publics locaux. Mais la délégation à la société civile de fonctions actuellement remplies par l’Etat risque de renforcer les inégalités. Praticable dans le quartier huppé de Chelsea, le désengagement de l’Etat aurait des conséquences graves dans des zones défavorisées. L’exhortation à devenir individuellement et ensemble meilleurs peut contenir en germe une régression sociale.

Photo : Parti Conservateur

Boris Johnson l’échevelé

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Maire de Londres depuis deux ans, Conservateur, Boris Johnson, est un véritable personnage.

La Chambre de Commerce Française en Grande Bretagne a invité Boris Johnson à son gala annuel. Pur extraverti, il occupe l’espace de la scène comme un boxeur dans son ring, ponctuant son discours de grands gestes saccadés et de balancements de sa chevelure blonde soigneusement négligée. Il ne boude pas son plaisir : parler devant un auditoire majoritairement français lui permet d’offrir un brillant numéro d’humoriste.

« On reproche aux Français de ne pas être des entrepreneurs. Quoi de plus faux ! En Angleterre, vous réussissez à nous vendre ce qui est à nous, notre eau, notre électricité… »

« L’idée de prolonger jusqu’à Paris la Jubilee Line (une ligne de métro londonienne dont les travaux de rénovation constituent un interminable cauchemar pour les usagers) est excellente, mais il vaudrait mieux ouvrir un second tunnel que pourraient emprunter les cyclistes (Boris est connu comme un usager intrépide de la petite reine). Les Anglais pourraient ainsi repeupler la région de Calais, qui leur appartenait jusqu’à Mary Tudor et qui vient de faire savoir qu’elle souhaiterait être considérée comme londonienne pendant la durée des jeux olympiques. »

« Votez et faites voter Conservateurs ! Vous pourriez ainsi implanter vos centrales nucléaires… dans des circonscriptions travaillistes ! »

Photo : Boris Johnson

Les lendemains qui chantent des Travaillistes

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La couverture du programme du Parti Travailliste britannique pour les élections du 6 mai occasionne un choc : on se croirait retourné aux lendemains qui chantent de l’Union Soviétique et au grand bond en avant chinois.

Une famille avec deux jeunes enfants contemple le lever d’un immense soleil portant l’inscription « a future fair for all », un avenir juste pour tous. Ils ne sont pas représentés dans un quartier de bureaux, dans une zone industrielle ou au centre d’une ville, mais dans un paysage de campagne. La couverture du « manifeste » du Parti Travailliste nous prend à contre-pied. Si la connotation rustique peut faire penser à la « force tranquille » de Mitterrand en 1981, le style graphique est sans l’ombre d’un doute directement inspiré du réalisme socialiste, celui de l’Union Soviétique avant guerre, celui de Mao ensuite.

Les spécialistes de la communication du Parti Travailliste ne sont pas des novices. Ils ont certainement voulu ce style rétro. Pourquoi ? Pour paraphraser Paris Match, leur intention a sans doute été de contrebalancer le poids des mots par le choc de l’image. Les mots du programme parlent d’approfondir les réformes initiées par Tony Blair, en commençant par l’administration publique. Ils ont de quoi faire fuir l’électorat populaire – le Parti Socialiste en a fait l’expérience en France. Il faut donc fixer l’électorat populaire, pour éviter qu’il ne manifeste sa déception en donnant ses voix à l’extrême droite ou aux Conservateurs. L’utilisation de la bonne vieille imagerie communiste est une grosse ficelle, mais elle peut marcher. Le message qu’elle donne est en quelque sorte celui du Guépard : tout changer pour que rien ne change !

Photo : The Guardian, illustrant un article de Oliver Burkeman le 13 avril.