Noël virtuel

Le quotidien britannique The Guardian a publié le 18 décembre un article de Victor Keegan intitulé « an unreal Christmas », un Noël irréel.

« Flirtomatic, une société basée à Londres, affirme avoir vendu 10.000 cadeaux ces quatre dernières semaines dans la course à Noël. Cela n’aurait pas d’intérêt en soi, mais Flirtomatic est un réseau de socialisation sur téléphones portables et les produits qu’elle vend sont tous « virtuels ». Ils vont des roses – qui n’existent que sous la forme de pixels sur un écran – à un bon gros bisou mouillé. La meilleure vente est un bas de Noël rempli de bonbons pour lesquels jusqu’à 2.000 utilisateurs par jour sont prêts à payer l’équivalent de 75 pence (près d’un euro). Sur d’autres sites, des gens sont prêts à payer 20 livres (23 euros) pour une rose virtuelle. Oui, la même génération qui ne paie pas pour décharger des musiques du web paie en monnaie véritable des biens irréels.

Si tout cela semble dingue, attention car il se peut que nous devions réviser nos préjugés. Flirtomatic.com, qui vend aussi des cubes de glace qui fondent lorsqu’ils atteignent le téléphone portable du receveur, n’est que menu fretin dans un changement potentiellement révolutionnaire qui se déroule en-dessous du radar des politiciens et de la plupart des adultes. Alors que le commerce international des biens réels a été en profonde récession, le commerce de biens virtuels est dans un boom ininterrompu qui ne donne aucun signe de fléchissement.

Le trait essentiel est que, au contraire des biens physiques, produire d’autres exemplaires ne coûte absolument rien, de sorte qu’il y a une offre illimitée pour satisfaire une demande illimitée, un nirvana pour les économistes. La production virtuelle pourrait aussi recréer un terrain de jeu équilibré pour les entreprises occidentales, car elles ne sont pas obligées de sous-traiter la production à des pays asiatiques avec des coûts de production plus faibles. »  (www.guardian.co.uk/commentsfree/2009/dec/17/unreal-christmas-virtual-goods)

La fête de Noël a pris au fil du temps une connotation commerciale : c’est la période de l’année pendant laquelle de nombreux secteurs de l’économie, des producteurs de jouets aux ostréiculteurs, réalisent la majeure partie de leur chiffre d’affaires. L’autre face du phénomène est l’échange non marchand, le don : Noël est le moment de l’année où l’on a plaisir à offrir et à recevoir. Cette évolution a massivement fait évoluer Noël du monde religieux à la réalité économique.

L’article de Victor Keegan nous fait toucher du doigt que nous allons maintenant dans l’autre sens, une dématérialisation de la fête. Sur des sites comme Flirtomatic, ce sont des biens virtuels qui s’échangent. C’est la pure sensation de bien-être de l’échange de cadeaux qui importe, sans sa réalité matérielle. En un sens, Noël revient dans la sphère des images et du désir, c’est-à-dire dans un monde religieux, mais hors du contrôle des religions.

Tony Blair comme pape Innocent X

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Le quotidien britannique The Guardian a publié le 15 décembre un dessin humoristique de Steve Bell inspiré des tableaux de Francis Bacon « études d’après le portrait du pape Innocent X par Velázquez ».

On y voit l’ancien Premier Ministre britannique en grand habit pontifical tenant dans la main une bulle disant « I lied in Good Faith », j’ai menti de bonne foi. La caricature se réfère à une interview donnée récemment à la BBC par Blair, qui doit être auditionné en janvier par la Commission parlementaire Chilcot, chargée d’enquêter sur la participation britannique à la guerre d’Irak.

Dans cette interview, Blair confessait qu’il aurait envahi l’Irak même en l’absence d’armes de destruction massive, et qu’il aurait trouvé un moyen de justifier la guerre auprès du parlement et du public.

Le dossier de la commission Chicot est accessible à http://guardian.co.uk/iraq-war-inquiriy.

 

Arturo Brachetti

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Le spectacle d’Arturo Brachetti au Garrick Theatre de Londres, intitulé « Change », est véritablement exceptionnel.

 L’art d’Arturo Brachetti, artiste italien né en 1957 à Turin, ne se laisse pas facilement caractériser par un genre : il relève du cabaret, du one-man-show, de l’illusionnisme et du théâtre d’ombres. Arturo a réinventé l’art de la métamorphose, le passage d’un personnage à l’autre en un clin d’œil. Au Garrick, il incarne environ 300 personnages différents. La prouesse technique coupe le souffle et le spectateur a parfois la tête qui tourne tant le rythme est échevelé.

Arturo crée un univers magique au sens propre et imagé du terme. L’Arturo d’aujourd’hui dialogue avec le jeune homme qu’il était. La scène joue sur deux plans, en avant et en arrière d’un écran qu’ils franchissent et déchirent plusieurs fois. Arturo évoque le cinéma américain. Lorsqu’il joue « singing in the rain », son profil est tout à tour celui d’un homme et d’une femme amoureux. Il met en scène les personnages et l’ambiance des films de Fellini, et c’est un moment d’intense mélancolie.

Le spectacle tourne autour de l’idée que le comédien doit se préparer à la métamorphose finale. Habillé de blanc, il finit par se transformer en tourbillon et disparaître dans le vent.

Sur scène, Arturo est un homme seul. Mais il est accompagné d’une équipe créative et d’une équipe technique d’une trentaine de personnes sans lesquelles la magie ne pourrait opérer.

« Change » est donné au Garrick Theatre jusqu’au 3 janvier 2010 (http://www.changelondon.com/, http://www.branchetti.com/)

L’Origine des Espèces a cent cinquante ans

Le livre de Charles Darwin, l’Origine des Espèces, a été publié le 24 novembre 1859, il y a juste cent cinquante ans. Ce livre qui allait révolutionner l’idée que l’homme se fait de son humanité a été mûri en silence pendant vingt ans. Né en 1809, Darwin s’installa avec sa famille à la campagne en 1842 dans le village de Downe, à 25km de Londres dans le Kent. Voici une photo de la maison qu’il habita, aujourd’hui transformée en musée à sa mémoire.

 

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