Fête de Pourim

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 De manière imprévue, nous nous sommes trouvés associés à la fête juive de Pourim, dimanche 20 mars.

Beaucoup de restaurants sont fermés le dimanche dans le quartier des Champs Elysées. Nous en trouvons enfin un ouvert, une pizzeria rue de Berry. La plupart des clients du restaurant sont juifs ; on nous propose une bière fabriquée en Israël. Ce n’est qu’après le déjeuner que je comprendrai le sens du rituel qui prend place.

Un homme habillé de clown psalmodie un passage de la Meguilat Esther (le livre d’Esther dans la Bible). Sous l’empereur Perse Assuérus, la liquidation du peuple d’Israël avait été décidée. Mais la reine Esther, femme d’Assuérus et juive en secret, jeûna et pria avec tout le peuple et le monarque se laissa fléchir. Lorsque le nom de Haman, l’instigateur du massacre, est mentionné dans le chant, les assistants agitent des crécelles et tapent du pied.

La propriétaire du restaurant s’excuse de nous avoir imposé ce rite sans nous en prévenir. Il est vrai que nous ne nous attendions pas, en entrant dans une pizzeria d’apparence banale, à participer à un office religieux, mais je la remercie de nous avoir ainsi donné l’occasion d’une expérience nouvelle. Elle nous remet un dépliant qui explique qu’outre la lecture de la Meguilat Esther, la fête de Pourim implique d’envoyer des cadeaux à des amis, de donner la charité et de prendre le repas de fête ensemble.

Paris est une ville étonnante. Après avoir participé à une fête juive dans un restaurant italien kasher, nous prenons un café au Sir Winston, à deux pas de l’Arc de Triomphe. Nous nous retrouvons dans une ambiance British, confortablement installés dans des fauteuils hors d’âge sous le portrait du roi George VI en grand uniforme.

Illustration tirée de Huffington Post : la fête de Pourim.

Les Préraphaélites au Musée d’Orsay

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Le Musée d’Orsay présente une exposition intitulée : « une ballade d’amour et de mort, photographie préraphaélite en Grande Bretagne, 1848 – 1875 ».

La photographie a été inventée par Daguerre ne 1839. Le mouvement préraphaélite est né en Grande Bretagne, à l’initiative des peintres Millais, Rossetti et Hunt, en 1848. L’exposition du Musée d’Orsay montre les connexions entre une technique, qui allait devenir une forme d’art, et une école de peinture qui prétendait renouer avec la naturalité d’avant Raphaël et l’académisme.

Dans les années 1850, photographes et peintres britanniques partagent une même passion pour le détail des paysages végétaux. Comme les peintres, les premiers photographes mettent en scène des pièces de Shakespeare ou des sonnets de Tennyson.

L’affiche de l’exposition associe un portrait d’une jeune femme, Jane Morris, par son amant Dante Gabriel Rossetti, et une photo prise par John Parsons selon une mise en scène par le peintre.

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On est touché par des photos d’une très belle jeune actrice, Ellen Terry par Charles Dogson, professeur de mathématiques à Oxford et auteur, sous le nom de Lewis Carroll, d’Alice au Pays des Merveilles. Le peintre George Frederic Watts fit plusieurs portraits d’Ellen. A son tour, il fut photographié par Julia Margaret Cameron (1815 – 1879), dont plusieurs clichés sont présentés dans l’exposition. Julia offrit des clichés à Victor Hugo, alors en exil à Guernesey. On sait que l’écrivain français ainsi que son fils Charles s’étaient intéressés très tôt à la photographie.

La personnalité de John Ruskin (1819 – 1900) est très présente dans l’exposition. Critique d’art réputé, Ruskin avait défendu les préraphaélites contre leurs adversaires, en particulier Charles Dickens. Il fut aussi un fervent défenseur de la photographie, qu’il décrivait comme « l’écriture du soleil ». On voit ainsi côte à côte une photographie de la ville de Fribourg, qu’il fit prendre par un de ses assistants, et un tableau de la ville qu’il réalisa lui-même.

Illustrations : Jane Morris, peinte par Rossetti.

Concert Baroque à St Martin-in-the-Fields

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L’église St Martin-in-the-Fields, sur Trafalgar Square à Londres, accueille tout au long de l’année des concerts de musique baroque.

Programmer Vivaldi, Bach, Mozart et Pachelbel n’est pas particulièrement audacieux. On est sûr de trouver un public au-delà du cercle restreint des mélomanes avertis. On pourrait faire la fine bouche si le choix de ce genre de musique ne s’imposait par le lieu.

St Martin-in-the-Fields est l’oeuvre de l’architecte James Gibbs. Elle fut consacrée en 1726. Elle a fait l’objet d’importants travaux de restauration dans les vingt dernières années. L’espace intérieur a été réaménagé pour une plus grande visibilité et une plus grande flexibilité. La voûte décorée de dorures a été remise à neuf. L’éclairage a été soigneusement étudié. On éprouve un sentiment d’harmonie et de plénitude, le même que procure la musique baroque dans le divertissement comme dans la gravité.

Le chef d’œuvre du travail de restauration est la verrière est de l’église, au fond du chœur. Installée en  2008, elle est l’œuvre de l’artiste iranienne Shirazeh Houshiary et de son mari architecte Pip Horne. Au centre du vitrail se trouve un puits de lumière, une ellipse inclinée. Au matin, elle reçoit les rayons du soleil ; la nuit, c’est un volume blanc artificiellement éclairé. Des traits montent de la base du vitrail à l’arc qui le surmonte ; à  proximité du puits de lumière,  ils se tordent de manière à l’éviter et poursuivre leur ascension. Des traits horizontaux structurent ce mouvement vers le haut. Le symbole de la croix est évident : le vitrail est torsion, souffrance, douleur ; il est aussi lumière, action de grâce, résurrection.

La rencontre de l’architecture baroque réinterprétée par des artistes modernes et de musiciens baroques de génie offre une expérience inoubliable.

Photo The Guardian : verrière est de St Martin-in-the-Fields.

Helen Mirren, trésor national

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Dans le quotidien The Guardian du 4 mars 2011, Ryan Gilbey interview Helen Mirren, actrice qui, âgée maintenant de 65 ans, fait figure de trésor national en Grande Bretagne.

« Je suis plus âgée, maintenant, dit Helen Mirren. Il y a un moment épouvantable quand on découvre qu’on n’est plus la personne la plus jeune dans la salle. Particulièrement si, jeune, on a connu le succès. Et par la suite bien sûr, on réalise qu’on se trouve la personne la plus âgée dans la salle ! (…) Cela fait partie du déroulement normal de la vie. Quand on est jeune, on se demande ce que les vieux radotent quand ils s’efforcent de partager leur sagesse. Cela n’a pas de sens parce qu’être jeune, c’est quelque chose de vraiment spécifique. Dieu merci pour cela. Dieu merci pour les jeunes qui vont manifester contre le capitalisme rampant ou toute autre cause. »

Helen Mirren avoue son admiration pour Gérard Depardieu. Il dit un jour quelque chose qui changea la façon dont elle ressent le jeu d’acteur. Interrogé sur la manière dont il approche un rôle, Depardieu répondit : « je regarde le scénario. S’il dit « gangster », je joue un gangster ; s’il dit « épicier », je joue un épicier ». Mirren claque des mains. « Une lumière s’alluma dans mon cerveau. Je me dis « c’est cela, il suffit de jouer ce qui est dans le scénario ». J’ai appliqué cela depuis lors. Si le scénario dit « femme bouleversée, en colère, sort du lit sans maquillage », c’est cela que je joue. Je n’embrouille pas tout avec « quelle est l’histoire cachée de cette femme ? »

Dame Helen Mirren est marquée par son rôle dans « The Queen », qui lui valut  un Oscar. Quand elle joue une assassine retraitée dans le récent film d’action Red, ce n’est pas simplement Mirren qui sort un revolver de sous un bouquet de roses jaunes ou annonce allègrement « je tue des gens, mon cher » : c’est Sa Majesté qui le fait, aussi, remarque Ryan Gilbey.

Photo The Guardian : Helen Mirren