Back to Versailles

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La presse mondiale a publié en bonne place la photo du Prince Charles et Camilla dans leur Rolls Royce prise à partie par des manifestants.

Dans The Guardian du 11 décembre, Martin Rowson revient sur cet épisode. Le Parlement Britannique vient de voter une forte augmentation des frais d’inscription à l’Université. La manifestation d’étudiants dégénère. La voiture du Prince Charles et de Camilla, qui se rendaient à une soirée, est bombardée de projectiles.

Dans le dessin de Martin Rowson, la Rolls est conduite par le Chancelier de l’Echiquier George Osborne, qui semble foncer cyniquement sur la foule. A ses côtés, le Premier Ministre David Cameron, anxieux, tire la langue. Sur le tableau de bord, le ministre Libéral Démocrate Vince Cable, qui se trouve ironiquement chargé du dossier, est dans le rôle d’un  toutou mécanique désarticulé. La légende dit « sans rancœur, même s’il est encore vice premier ministre » : il s’agit de Nick Clegg, que l’affaire des droits d’inscription, qu’il avait promis de supprimer avant de gober leur augmentation massive, place dans une position intenable.

A l’arrière de la voiture, Camilla semble stupéfaite. Charles, rouge de peur et de colère, ordonne au chauffeur « pour l’amour de Dieu, ramenez-nous à Versailles ! ».

Illustration : dessin de Martin Rowson dans The Guardian.

A La Réunion, le Volcan de la Fournaise

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Le Piton de la Fournaise est le sommet de l’Ile de La Réunion (2.632m), c’est aussi un volcan actif qui attire les randonneurs par milliers.

Il faut se lever tôt pour faire la randonnée du Volcan parce que les nuages peuvent l’environner dès la fin de la matinée et pour entreprendre l’ascension avant que le soleil devienne brûlant.

Nous quittons Saint Gilles vers 4h du matin par la magnifique route des tamarins. De nuit, les flancs de la montagne scintillent de milliers de lumières. Le jour s’installe vers 5h et les crêtes se découpent nettement dans une lumière somptueuse. A partir du Tampon, la route est en lacets. Elle conduit à Bourg Murat, un village situé au cœur d’un paysage d’alpages où a été construite une « maison du volcan ». Une route forestière conduit alors au Piton de la Fournaise. A partir de 2000 mètres d’altitude, la végétation se fait plus clairsemée et se résume à des arbustes. Avant de découvrir le cône du volcan, on doit franchir deux falaises d’effondrement, ici appelées « remparts ».  La première donne accès à la « Plaine des Sables », espace recouvert de cendres noires dont émergent des blocs rocheux fantomatiques. La végétation n’y a aucun droit, nous nous trouvons dans un univers lunaire où la pluie ne féconde pas, où le vent n’ensemence pas.

La seconde falaise est le Pas de Bellecombe. Il est 6h du matin et la température est de 6 degrés, bien que le soleil soit déjà relativement haut. Après avoir laissé la voiture, on descend à pied un escalier qui mène à l’Enclos, un immense espace vide, cent cinquante mètres en contrebas, dont le cône de la Fournaise occupe le centre. La végétation est présente à flanc de rempart, et s’efforce de coloniser la « plaine » qui commence à ses pieds. On voit même l’esquisse d’une rivière creusée par l’érosion.

L’ascension de La Fournaise est rude. Depuis l’éruption de 2007 qui a provoqué l’effondrement du cratère Dolomieu de près de 300 mètres, le chemin qui conduit au belvédère contourne le volcan sur plusieurs kilomètres de montées et de descentes. Le mot « chemin » est d’ailleurs inapproprié : un balisage à la peinture blanche indique l’itinéraire à suivre sur des coulées de lave dures ou friables, dont la couleur s’inscrit dans une large palette du noir le plus sombre au rouge vif.

La vue s’étend de l’Enclos défini par le rempart de Bellecombe, où de petits cratères témoignent d’éruptions anciennes jusqu’au Piton des Neiges, à la Roche Ecrite et au Grand Bénare. Le soleil est de plus en plus vertical, mais le vent frais donne une impression de confort qui compense la torture des chevilles et des genoux. Le panorama sur le cratère est un peu décevant. Le volcan est en sommeil. Lors de notre précédente, en 2006, l’observation était fascinante. Des bouches crachaient des gaz en émettant le bruit de réacteurs sur un tarmac. Deux petits cratères s’étaient formés. L’un libérait des gaz, l’autre expulsait de manière épisodique des roches et de la lave en fusion.

Nous revenons au parking de Bellecombe après sept heures de randonnée, de photos, de contemplation d’un paysage grandiose, minéral et comme lunaire. Nous déjeunons d’un cari au restaurant du gîte du Volcan, d’où la vue s’étend jusqu’à la mer, jusqu’à ce que la brume l’environne. Nous revenons à la civilisation par la Plaine des Palmistes, un grand village créole dans un écrin de luxuriante verdure fruit de l’alliance d’une humidité prégnante et d’un ardent soleil.

Photo « transhumances »

A La Réunion, Cap Noir

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La promenade au belvédère du Cap Noir permet d’accéder à un panorama du Cirque de Mafate à couper le souffle. Elle est aussi une belle illustration de la réalité actuelle de La Réunion.

Les premiers lacets de la route qui mène de La Rivière des Galets à Dos d’Ane surplombent Le Port, l’une des principales villes de La Réunion et aussi ses installations portuaires. Le Port est le poumon de l’île. C’est par là que transitent ses exportations, principalement du sucre, et ses importations de marchandises en tout genre, dont la valeur est dix fois supérieure. Un bateau de croisière est amarré parmi des cargos porte-conteneurs. Le tourisme se développe dans l’Ile.

La randonnée Cap Noir – Roche Vert Bouteille nous permet jouir d’une vue spectaculaire sur le Cirque de Mafate. A gauche, l’îlet Nourry est une ferme isolée au milieu d’un petit plateau verdoyant. Entre la crête de la Marianne et la crête du Cimendef, on aperçoit le village d’Aurère. On remarque plusieurs autres îlets dans le relief tourmenté dominé par le Piton des Neiges. Après le belvédère, le chemin progresse à flanc de « rempart » jusqu’à la « roche vert bouteille ». On chemine alors sur une crête, la Rivière des Galets et le Cirque de Mafate à gauche, le petit cirque montagneux de Dos d’Ane et de Grand Coin à droite.

Il se pratique à Dos d’Ane une agriculture intensive, principalement la culture de légumes à ciel ouvert ou en serres. L’habitat est dense et donne une impression de prospérité. L’accroissement de la population de l’île génère une forte augmentation de la demande d’agriculture vivrière, et celle-ci est partiellement satisfaite par la production locale.

Photo « transhumances ».

A La Réunion, Mafate

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L’un des « cirques » montagneux de l’Ile de La Réunion, Mafate, n’est accessible qu’à pied ou par hélicoptère

Le Cirque de Mafate est un lieu de sensations, un endroit où l’on se sent vivre. On expérimente la plus âpre aridité et l’on se baigne dans des piscines naturelles nourries de cascades. On passe brutalement du jour « noir de lumière » (Camus, parlant du Chénoua dans « Noces à Tipasa ») à la nuit illuminée d’étoiles, et l’on glisse doucement du soleil écrasant au jeu subtil de nuages flirtant avec les crêtes et les pitons. On se cogne à un monde minéral de laves rouges et noires, on se laisse surprendre par une végétation qui s’accroche aux parois verticales et s’accumule luxuriante au creux des vallons. Entre le vacarme des hélicoptères et le silence total de la nuit, on perçoit le souffle du vent, des chants d’oiseaux et la musique des torrents au fond des ravines. Les parfums nous enveloppent, nous nous lovons dans les effluves de mimosa et des corbeilles d’or. Aux descentes abruptes succèdent de délicats chemins herbeux, vivifiés par des courants d’air chargés de douceur et porteurs de vie. Une plaine ombragée de tamarins se présente après une dure ascension sous le soleil de midi.

Le Cirque de Mafate est une société d’hommes et de femmes longtemps repliée sur elle-même, en proie à l’isolement, la misère et la consanguinité. L’aubaine du tourisme écologique survient au moment où cette population est encore sur place ; en Corse, la population de l’intérieur ayant émigré avant la première guerre mondiale, il y a eu 50 ans d’absence avant que se présente, trop tard, cette opportunité. L’Ilet de La Nouvelle, à 1.500 mètres d’altitude est devenu un lieu actif de tourisme vert, avec de nombreux gîtes dont certains proposent un confort presque hôtelier, bien que les chauffe-eau solaires ne produisent que de l’eau tiède et que les panneaux solaires ne fournissent du courant que pour des néons blafards. Il se bâtit des maisons neuves à La Nouvelle, bien que les rues du hameau ne soient pas bitumées, qu’il n’y ait pas d’autre éclairage public que le clair de lune et que la DDE ait renoncé à construire une route, peut-être dans la crainte que le désenclavement tue l’esprit de la station.

Il y a peu de sentiers en France aussi bien entretenus que ceux du Cirque de Mafate. Pour retenir les habitants sur le site, les Eaux et Forêts les emploient comme cantoniers à tailler des escaliers, sécuriser les passages dangereux, répandre des graviers sur les parties les plus fréquentées  et restaurer les chemins endommagés par les cyclones. Il y a quelques années, l’épidémie de Chikungunya avait fait péricliter l’industrie touristique. Cette année, c’est tout le contraire : le jour de notre arrivée à l’aéroport Roland Garros de La Réunion, cinq avions étaient programmés en provenance de Paris. Les gîtes et tables d’hôtes étaient réservés des semaines à l’avance. Des dizaines de randonneurs se croisaient sur les sentiers.  Le tourisme vert a de belles perspectives à La Réunion.

Photo « transhumances »