Lisbonne

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Trois ans après avoir quitté la Péninsule Ibérique, une réunion de travail nous donne l’occasion de séjourner à Lisbonne le temps d’un week-end.

La vie à Lisbonne n’est pas toujours confortable. Samedi, des trombes d’eau submergent la chaussée et bloquent notre petit tramway « eléctrico ». Dimanche, il fait beau mais l’affluence des touristes espagnols profitant d’un long week-end prend Carris, la RATP locale, de court : trams et bus sont pris d’assaut.

Les Portugais sous-estiment souvent leur pays. Dans le quotidien Público du 10 octobre, le dessinateur Luís Afonso présente une conversation de bistrot. Un consommateur lit dans le journal que selon le FMI, le Portugal sera la pire économie de l’Union Européenne en 2015. Le bistrotier s’enthousiasme : « au départ, ce n’était pas une mission facile. Il y avait des concurrents de poids, comme la Grèce, par exemple. Mais avec du travail et de l’acharnement, nous y sommes arrivés ! Nous avons réussi ! Nous avons réussi ! ».

Et pourtant, quel beau pays que le Portugal, quelle belle ville que Lisbonne ! Flâner dans les rues pavées de pierres blanches et noires arrangées en élégantes mosaïques ; déguster à la terrasse du restaurant Pinóquio un Arroz Tamburil, de la lotte cuite dans du riz en sauce épicée de coriandre ; se laisser envoûter par le Fado de la Casa Linhares ; parcourir en « eléctrico » les rues étroites de la colline d’Alfama puis de Chiado jusqu’au terminus de la ligne 28, le Cimetière des Plaisirs ; se laisser envahir par l’émotion en parcourant les collections d’art égyptien, islamique et occidental du Musée Gulbenkian ; contempler de l’esplanade du Château Saint Georges le Tage majestueux, teinté de blanc par le reflet de la vieille ville : Lisbonne invite à la rêverie et à la « saudade ».

Si Lisbonne est une ville magnifique, c’est à ses habitants qu’elle le doit, serviables, attentifs, capables de vous adresser la parole dans votre langue. C’est un peuple d’explorateurs, dont le cœur est à la dimension du monde.

Photo « transhumances ».

Robert et Louise

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L’inventeur de la fécondation in vitro, le Britannique Robert Edwards, vient de se voir attribuer le prix Nobel de Médecine.

Le 25 juillet 1978, Louise Brown naissait dans un hôpital de Manchester. Elle était le premier « bébé éprouvette », le premier d’une série de plus de quatre millions de bébés qui ne seraient jamais venus au monde sans les recherches menées par Edwards et ses équipes.

La photo est émouvante. Elle représente Robert Edwards en compagnie de Louise il y a deux ans, avec sa maman et sa petite fille, née naturellement. Bravo et merci, Professeur Edwards !

Photo : Yahoo ! 

Deux frères

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En Grande Bretagne, Ed Miliband a été élu leader du Parti Travailliste au terme d’une compétition acharnée avec son propre frère ainé, David.

L’élection d’Ed Miliband, 41 ans, a surpris les observateurs. La plupart des délégués présents à la conférence du Parti Travailliste de Manchester étaient en faveur de son ainé. Il doit sa désignation au collège d’électeurs issus des syndicats, ce qui a donné aux médias conservateurs l’occasion de fustiger « Ed le rouge ».

Samedi après-midi 25 septembre, les partisans de David se sont trouvés comme sidérés par l’éviction de leur héros. Il flottait comme un air de trahison : comment le cadet avait-il eu l’insolence de fouler aux pieds le droit d’ainesse ? On respirait aussi un parfum de parricide : c’est Blair et le Nouveau Labour qui rejoignaient soudain les caveaux de l’histoire. Certains délégués reprenaient le train pour Londres. Le Daily Mirror n’hésitait pas à évoquer Caïn et Abel.

Mardi après-midi 28 septembre, Ed prononça son premier discours de leader, optimiste, équilibré, reconnaissant les erreurs du passé telles que la guerre d’Irak et la torture des terroristes, réaffirmant les valeurs du Labour et le respect des dynamiques de l’économie. David annonçait son intention de prendre du recul et de ne pas participer aux instances dirigeantes du Parti afin de laisser son frère prendre toute sa place.

Le destins croisé d’Ed et de David est exceptionnel. Fils d’un universitaire marxiste né à Bruxelles de parents juifs polonais, les deux frères ont grimpé ensemble dans la hiérarchie du Parti Travailliste dans l’ombre de Tony Blair et de Gordon Brown. Leur affrontement dans le soleil brûlant du pouvoir semble faire écho aux grandes tragédies grecques.

Photo The Guardian : Ed et David Miliband s’embrassent après la désignation d’Ed au poste de leader du Parti Travailliste.

Norwich

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Norwich, à quelque 200km au nord est de Londres, est la ville la plus importante de l’East Anglia, base de la colonisation des Anglo-Saxons après la chute de l’empire romain.

Grâce au commerce de la laine, Norwich était au Moyen Age la seconde ville la plus riche de Grande Bretagne après Londres. Sa Cathédrale fut construite en style roman du onzième ou treizième siècle, puis surélevée en style gothique. La pierre était importée des carrières de Caen par la mer puis par la rivière Wensum qui fait une boucle autour du quartier médiéval.

La flèche de la cathédrale était l’emblème de Norwich Union, une mutuelle d’assurance créée en 1797 par Tomas Bignold pour garantir le risque d’incendie, aujourd’hui absorbée dans le groupe Aviva. Malgré la pluie, la promenade le long de la rivière puis dans les rues de la vieille ville qui monte jusqu’au château est agréable. Nous déjeunons à Elm Hill Brassery. La soupe de potirons à la coriandre, le gratin d’aubergines au gingembre et le crumble à la vanille sont absolument délicieux.

La place du marché, occupée par des petites guérites colorées évoquant involontairement des cabines de plage, est dominée par l’église St Peter Mancroft, le Guildhall du quinzième siècle, le City Hall de l’entre deux guerres et le Forum, bâtiment de verre et d’acier inauguré en 2002, qui abrite une bibliothèque. Un passage Art Nouveau conduit au château fort, sous lequel ont été creusés une galerie commerçante et un parking.

Nous traversons à pied sous une pluie battante le campus de l’Université d’East Anglia, célèbre entre autres pour ses recherches sur le changement climatique : notre navigateur nous a fait stationner sur un parking périphérique, juste à l’opposé du Centre Sainsbury des arts visuels. Le déplacement vaut la peine. Le bâtiment a été conçu par Norman Foster à la fin des années soixante-dix pour recevoir la collection de Robert et Lisa Sainsbury, propriétaires de l’une des principales enseignes de supermarchés du Royaume Uni.

La collection est émouvante. Elle recueille des objets des cinq continents, de l’art primitif à des formes élaborées. En contrepoint des objets présentés, la collection permanente montre des chefs d’œuvre d’artistes du dix-neuvième et vingtième siècles, Giacometti, Picasso, Degas, Saura, avec une prévalence d’œuvres d’Henry Moore et Francis Bacon. Se sentir ainsi immergé dans le flot impétueux de l’art éternel et universel procure une profonde et sereine émotion. Au sous-sol, les réserves de la collection sont accessibles au public : seule une petite partie du trésor accumulé par les Sainsbury est incluse dans la collection permanente.

Site Internet du Sainsbury Centre for Visual Arts http://www.scva.ac.uk/. Photo « transhumances » : galerie Art Nouveau entre la place du marché de Norwich et le château.