Trésors au V&A

Le Victor and Albert Museum (V&A) à Londres a inauguré en décembre dernier une nouvelle galerie consacrée à l’art en Occident au Moyen Age et à la Renaissance, entre 300 et 1600. La visiter est un émerveillement. Voici l’une des pièces présentées, un vitrail allemand de 1500 représentant l’adoration des Rois Mages.

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Soul Play

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Le Palace Theatre de Watford vient de produire une chorégraphie de Kate Flatt, « Soul Play »,  jeu de l’âme.

Rares sont les œuvres théâtrales qui parlent d’après la mort. On se souvient de « huis clos » de Jean-Paul Sartre ou de « hôtel des deux mondes » d’Eric Emmanuel Schmitt. L’œuvre de la chorégraphe Kate Flatt commence à l’instant où un jeune homme, dont nous ne saurons pas le nom, vient de se jeter sous un train. Il se retrouve seul dans un univers sombre. Il essaie de se raccrocher à des choses simples de sa vie d’avant, une sacoche, des pièces de monnaie. Mais il est passé de l’autre côté, irrémédiablement.

Une vieille femme, clopinant comme une sorcière, installe près de lui sa chaise et quelques objets personnels. L’homme essaie d’engager un dialogue avec elle, mais elle ne répond pas. Etes-vous Polonaise ? Ou bien Lithuanienne ? Peu à peu la femme s’anime, et on se rend compte que du diable de sorcière émerge un ange, aérien, léger, communiquant par le langage du corps. L’homme s’exaspère de ne pouvoir entrer en relation par la parole. Il rumine toutes les rancœurs, toutes les frustrations qui l’ont conduit au suicide, il bouscule la femme, on sent qu’il voudrait la tuer. La femme insiste, virevolte autour de lui et peu à peu l’entraine. Le lourdaud se met doucement au diapason du corps en mouvement de sa partenaire, il se fait plus léger. Lorsqu’il est mûr, elle l’entraîne doucement. Il peut disparaître, serein pour toujours, de la scène.

Ce jeu de l’âme annulant par la danse l’écrasement d’une vie ratée a quelque chose de sublime. Les mots sont chargés d’angoisse et de solitude ; le mouvement des corps apporte la rédemption. La pièce, qui dure environ trois quarts d’heure, fait partie d’un projet soutenu par le Peace Hospice, une maison de retraite de Watford. Après la représentation, la metteuse en scène Kate Flatt, la danseuse Joy Constantinides et le comédien Sam Curtis, et une professionnelle du Peace Hospice chargée de l’accompagnement psychologique des pensionnaires, sont venus dialoguer avec les quelques dizaines de spectateurs. Ils expliquèrent que la pièce est née du besoin des personnes âgées d’exprimer ce qu’elles ressentent face à la mort de personnes qui leur sont chères. Elle s’inspire d’un jeu scénique mis en scène par les habitants d’un village de Transylvanie (Roumanie) entre le décès et l’enterrement, simulant les noces du défunt avec la mort.

Une spectatrice demanda pourquoi le comédien jouait pieds nus. Kate Flatt expliqua que dans certains pays, comme au Japon, les personnes résolues à se donner la mort se déchaussent. Je pense aux manuels d’El Qaida, qui prescrivaient au contraire aux pilotes du 11 septembre de nouer scrupuleusement leurs souliers.

Un spectateur dit qu’il avait fait lui-même une tentative de suicide et que la pièce lee bouleversait.

(Photo : www.kateflatt.com)

Le London Eye fête ses dix ans

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 Le London Eye, l’immense grande roue installée au bord de la Tamise à Londres, fête ses dix ans.

Le London Eye a été inauguré le 9 mars 2000 pour la célébration du millénium. Haut de 135 mètres, pesant 2.100 tonnes, il a opéré 45.000 révolutions, emporté 36 millions de passagers et servi de site à 433 mariages en dix ans.

La vue qu’il offre de Londres, de Westminster à la City, est magnifique. Prévu initialement pour fonctionner cinq ans, il devrait durer au moins jusqu’en 2025. On peut penser que l’attendra alors le sort de la Tour Eiffel, et qu’il sera très difficile de démonter ce monument qui fait d’ores et déjà partie de l’identité londonienne.

(Photo « transhumances » : le London Eye depuis une cabine)

Paul Nash

  

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La Dullwich Picture Gallery, dans la banlieue sud de Londres, propose une exposition intitulée « Paul Nash, les éléments ».

La galerie de peinture Dullwich a été construite par l’architecte John Sloane en 1811 pour accueillir une collection permanente de peintures de grands maîtres européens des dix-septième et dix-huitième siècles. On y trouve des Murillo, des Rubens, des Rembrandt entre autres.

La galerie accueille jusqu’au 9 mai une exposition consacrée à l’un des plus grands peintres paysagers britanniques, Paul Nash (1889 – 1946). Le magazine Time Out lui a consacré un bel article signé par Ossian Ward (http://www.timeout.com/london/art/event/79655/paul-nash).

Paul Nash a été peintre officiel pendant les deux guerres mondiales. L’une des ses peintures, « nous fabriquons un nouveau monde », évoque l’horreur du champ de bataille d’Ypres, avec ses arbres déchiquetés se découpant dans un paysage sombre et glauque. L’inspiration est proche de celle d’Otto Dix. Quelque vingt cinq ans plus tard, « Totes Meer », Mer Morte, représente un cimetière de bombardiers allemands abattus par l’artillerie britannique par un clair de lune, et de l’amas de ferrailles c’est une impression de calme qui se déprend.

Bien que ne s’étant jamais assumé comme surréaliste, l’œuvre de Nash entre les deux guerres subit leur influence. Il y a, dit Ossian Ward, d’étranges vues intérieures / extérieures montrant le plafond comme ciel, les murs comme forêt et le sol comme mer, visions par Nash de paysages disjoints situés derrière lui et reflétés par un miroir.

J’ai en particulier aimé l’une des dernières de ses toiles, « Paysage de l’équinoxe d’hiver », daté de 1943. C’est elle qui illustre cet article (source Time Out).