Chaque année, nous passons un week-end prolongé avec un groupe d’amis. Notre rencontre 2013 s’est déroulée en Andalousie.
Le groupe se compose de quatre couples qui se sont connus il y a une dizaine d’années alors qu’ils étaient expatriés à Madrid. A tour de rôle, chaque couple prend en charge l’accueil du groupe pour un week-end et propose un programme d’activités. Nous avions eu cette responsabilité à Watford il y a deux ans. Cette fois, ce sont Elise et Claude qui nous reçoivent dans leur maison de Nerja, près de Málaga. Continuer la lecture de « Un groupe d’amis »
La visite de la maison de campagne de William Morris, Kelmscott Manor, dans les Cotswolds, permet de pénétrer dans l’intimité d’un homme exceptionnel. C’est aussi, par son jardin et sa proximité de la Tamise, un but de promenade agréable.
William Morris a loué Kelmscott Manor en 1871, alors que son entreprise d’arts décoratifs commençait à faire de lui un homme riche. Son colocataire était son ami le peintre préraphaélite Dante Gabriel Rossetti. Morris pensait trouver là un oasis de bonheur avec sa femme Jane et ses filles Jenny et May. Les premières années furent difficiles : son mariage battait de l’aile, et Jane et eut une liaison avec Rossetti à Kelmscott Manor pendant que Morris voyageait en Islande. Cela n’empêcha pas William Morris de rester attaché au manoir jusqu’à sa mort, en 1896. Jane acheta le manoir en 1913 et May le légua à l’Université d’Oxford. Il est maintenant propriété de la Society of Antiquaries. La disposition de la maison et son ameublement restent ceux qui existaient à l’origine.
Le manoir reste habité par la famille Morris. On y trouve des dessins et des toiles de Rossetti représentant Jane et ses filles, des photographies, du mobilier créé spécifiquement pour la maison, des tapisseries, des modèles de papier peint. La visite du jardin complète celle de la maison. L’obsession de Morris pour les entrelacs végétaux, qui sera à la génération suivante partagée par les pionniers de l’Art Nouveau, s’inspire directement de ce jardin qu’il avait voulu riche et luxuriant.
Sur les bords de la Tamise, géométrie végétale. Photo "transhumances"
Le bâtiment date d’environ 1570, avec une aile ajoutée un siècle plus tard. Bien que construit en une pierre grise austère, il s’insère harmonieusement dans le doux paysage des Cotswolds. A proximité coule la Tamise, que l’on peut longer sur une longue distance sur un chemin piétonnier. En ce dernier samedi de septembre, la promenade est délicieuse.
Attention : le manoir n’ouvre que jusqu’en octobre, et seulement le mercredi et le samedi. Mais il vaut une priorité dans les agendas !
Plusieurs églises de Bristol méritent d’être visitées. Je décris ici mes étonnements à St Mary Redcliffe, dans la cathédrale et à l’église de Tous les Saints de Clifton.
La plus jolie et la plus harmonieuse des églises de Bristol est probablement St Mary Redcliffe, dont le Guide Vert nous dit que « son architecture est une véritable encyclopédie du gothique anglais, évoluant du style « Early English » 12ième – 13ième siècle) au Decorated puis au Perpendicular (14ième siècle). Les vitraux originaux ont été largement détruits pendant la guerre et remplacés par des œuvres contemporaines pleines de lumière. Mon étonnement à St Mary Redcliffe est une statue en bois polychrome de la Reine Elizabeth I, près des fonds baptismaux.
Statue de la Reine Elizabeth I dans l'église St Mary Redcliffe. Photo "transhumances".
La cathédrale de Bristol est un bâtiment massif de style gothique qui constituait l’église d’une abbaye supprimée par le roi Henry VIII. La salle capitulaire, de style roman tardif, est magnifiquement décorée de motifs géométriques sculptés. Mon étonnement dans la cathédrale est le tombeau du premier évêque de Bristol, Paul Bush, décédé en 1558. Son gisant le présente décharné, vêtu d’un simple pagne. Dans l’esthétique de l’époque, la mort était présentée dans son effroyable nudité.
Salle capitulaire de la cathédrale de Bristol. Photo "transhumances".Tombe de l'évêque Paul Bush dans la cathédrale de Bristol. Photo "transhumances".
Mon coup de cœur est pour l’église de Tous les Saints, dans le joli quartier résidentiel de Clifton. Elle fut initialement construite en 1868 par l’architecte George Edmund Street, don William Morris fut l’apprenti et qui est surtout connu pour le Royal Court of Justice à Londres. L’église fut détruite par un bombardement le 2 décembre 1940. Elle a été reconstruite en 1967 par Robert Potter en utilisant des parties subsistantes de l’ancien édifice. Il a créé un espace moderne et harmonieux, illuminé par les vitraux de John Piper (1903 – 1992), aussi auteur des vitraux du baptistère de la nouvelle cathédrale de Coventry. L’autel est surmonté d’un joli baldaquin, œuvre de Randoll Blacking. En ce dimanche matin, une messe est célébrée. L’assistance est clairsemée, mais l’atmosphère est radieuse.
J’aurais aimé trouver à Bristol la trace de William Tyndale, citoyen de cette ville, premier traducteur de la Bible en anglais, étranglé et brûlé à Vilvorde en Belgique en 1536. Une verrière lui est consacrée dans le Baptist College de Bristol. J’aimerais revenir dans cette ville attachante pour rendre hommage à cet homme exceptionnel.
All Saints Church, Bristol. Photo "transhumances"Vitrail de John Piper dans All Saints Church, Bristol. Photo "transhumances".
Statue de Brunel dans le quartier de Temple à Bristol. Photo "transhumances"
Bristol doit à l’ingénieur Isambard Kingdom Brunel (1806 – 1859) plusieurs réalisations dont elle s’enorgueillit.
A l’extrémité du joli quartier résidentiel de Clifton, le Pont Suspendu enjambe les gorges de la rivière Avon. Il fut conçu par Brunel, mais construit cinq ans après sa mort.
Clifton Suspension Bridge. Photo "transhumances"
Dans la zone portuaire de Spike Island, un musée a été construit autour du navire SS Great Britain. Son histoire est peu banale. Il fut conçu par Brunel selon des principes révolutionnaires : la coque serait en fer et non plus en bois ; la propulsion se ferait par hélice et non par roues à aubes. Il fut lancé en 1843. A partir de 1852 et pour trente ans, il transporta des émigrants en Australie. Après une brève période d’utilisation comme cargo, il termina sa vie commerciale dans les Iles Falkland.
En 1970, la coque du navire fut ramenée à Bristol à bord d’un ponton. Un parcours est aujourd’hui organisé pour les visiteurs. Il inclut une visite au fond de la cale sèche qui permet d’admirer la coque du navire, une exposition retraçant son histoire et une promenade à bord où l’on voit ses machines ainsi que des cabines et communs reconstitués.
Un aspect intéressant est la transformation que l’on fit subir au navire en 1882 pour l’utiliser comme cargo. On substitua ses mâts d’origine par d’autres plus élevés, capables de soutenir une voilure plus large. Ceci permettait, par vent favorable, de naviguer à la voile plutôt qu’à la vapeur. En quelque sorte, le SS Great Britain tournait partiellement le dos aux énergies fossiles et adoptait de nouveau une énergie renouvelable. En cela aussi et à son corps défendant il préfigurait l’avenir.