L’étang de Cousseau

L'étang de Cousseau

L’étang de Cousseau est une réserve naturelle située entre le lac de Carcans Hourtin et celui de Lacanau.

 J’aime me rendre à l’étang de Cousseau. De Maubuisson, il faut parcourir six kilomètres à bicyclette, puis emprunter à pied un chemin forestier. On débouche sur une clairière. Un « sentier d’interprétation » suit la rive de l’étang. Sur une plateforme d’observation bâtie sur une dune en aplomb de l’étang, une jeune volontaire invite les visiteurs à regarder les oiseaux par une longue vue. Elle m’explique qu’un travail considérable a été accompli pour rendre au site l’aspect qu’il avait avant les travaux de reboisement des deux derniers siècles. Les arbres ont été abattus, on a construit des canaux d’irrigation qui rendent une grande surface inondable en hiver et on a réintroduit des vaches marines, dont la race était pratiquement éteinte. En quelque sorte, on a reconstitué artificiellement l’écosystème qui existait ici il y a deux cents ans.

 Je me laisse pénétrer par le calme de ce lieu enchanteur. Je reviens doucement vers la clairière. Une autre volontaire propose des activités. Parmi celles-ci, je choisis d’explorer le sol à la découverte des insectes. Equipé d’une simple loupe, c’est un petit monde qui apparait sous mes yeux, un monde que l’on ne prend guère le temps de contempler. Ma guide est une enthousiaste des insectes. Une petite guêpe se pose sur son bras : le risque d’être piquée pèse peu par rapport au plaisir de regarder attentivement cette petite chose vivante, si belle et si complexe. Emerveillée, elle découvre dans l’herbe un « rhinocéros », gros coléoptère noir qu’elle se promet d’ajouter à sa collection.

L’écosystème de l’étang de Cousseau est fragile. Un gigantesque incendie de forêt près de Lacanau, à quelques kilomètres, dégage une fumée sombre et une odeur de brûlé perceptible jusque de notre maison. L’effort consenti pour préserver cet espace naturel et communiquer sur l’importance de sa préservation est un bien précieux.

Maubuisson

Sur la plage de Carcans

La station de Carcans Maubuisson, en Gironde, est le lieu de nos vacances depuis une quinzaine d’années.

 En ce mois d’août, nous sommes une dizaine à vivre dans notre maison, appartenant à trois générations, de 26 à 86 ans.

 La journée commence par la boulangerie. Tôt le matin, on n’y rencontre pratiquement que des hommes venus acheter baguettes et croissants. Ma nièce Camille pense que c’est leur unique contribution à la communauté familiale, et qu’ils se dédouanent ainsi de leur parasitisme ! Au bout de la rue commerçante, sur la Place du Pôle, se trouve le marchand de journaux. Si Sud-Ouest est déjà sur les rayons, il faut invariablement patienter pour acheter Le Monde et bavarder patiemment avec d’autres lève-tôt. Je reviens à la maison par la promenade du lac. Le soleil levant, les nuages, la brume, le vent ou son absence, donnent au lac un aspect changeant. Chaque matin, c’est un émerveillement.

 Maubuisson est au cœur d’un réseau de pistes cyclables qui courent dans les dunes sous les pinèdes. Selon l’inspiration du moment, on peut aller simplement à la plage, faire un détour par la base sportive de Bombannes, prendre une bière à Lacanau ou flâner sur les rives de l’étang de Cousseau. En fin de journée, le soleil oblique projette des ombres géométriques et les arbres laissent passer une belle lumière tirant sur le rouge. Mais les photos rendent imparfaitement compte des sensations que l’on éprouve. Il faudrait pouvoir rendre compte de l’exquise fragrance de pins et de bruyères émanant d’un sol sableux chauffé à blanc et du concert assourdissant des grillons. Il faudrait montrer la variété des paysages, selon la hauteur et l’orientation des dunes et selon l’état de la forêt, de la haute futaie aux coupes claires. Sur une piste, je croise une famille. Les petits enfants roulent en file impeccable, chacun suivi et conseillé par un adulte. Le grand père ferme la marche ; je crois voir en lui mon propre père escortant ses petits-enfants il y a vingt-cinq ans, immensément sérieux et pourtant souriant. Sur les pistes de Maubuisson, on dépasse de jolies joggeuses et l’on croise de ravissantes cyclistes offrant aux regards leur décolleté.

 De Maubuisson à la plage de Carcans, il n’y a que trois mille tours de pédale à donner. Une fois les bicyclettes cadenassées sur le parking à vélos, on gravit la dune. Au nord et au sud, la bande de sable fin s’étend sur des dizaines de kilomètres, plus de deux cents au total entre la pointe de Grave et Hossegor. Par beau temps, des milliers de baigneurs installent leurs sacs et leurs serviettes. La zone de bains surveillée est délimitée par deux drapeaux bleus et les sauveteurs exercent une vigilance constante : c’est que les courants peuvent être forts et les vagues déconcertantes. Au soir d’une journée de canicule, immerger son corps couvert de sueur, plonger sous les vagues et se sécher allongé sur le sable dans une semi-inconscience offre un moment de vrai bonheur.

 Au soir couchant, nous partageons le dîner sur la terrasse, souvent introduit par un pastis ou un punch. Des propos s’échangent, des plaisanteries se croisent, on parle de la recherche d’un château bordelais pour un mariage l’an prochain, on évoque le livre que l’on est en train de lire. La nuit s’établit peu à peu. On allume sur la table de petites bougies. Les premières étoiles apparaissent au firmament.

 Maubuisson est notre petit coin de paradis.

Istanbul

 

Istanbul, photo "tranhumances"

J’ai eu l’occasion de passer plusieurs jours à Istanbul à l’occasion d’une réunion professionnelle.

 L’essentiel du temps de ces quatre jours s’est déroulé en vase clos dans le Pera Palace, un magnifique hôtel construit en 1892 et rénové récemment. Il est situé sur la colline qui fait face à la ville ancienne et le balcon de ma chambre ouvre sur la Corne d’Or, le Bosphore et les grandes mosquées. La chambre 101 a été laissée telle qu’elle était lorsque, pendant la première guerre mondiale, Atatürk en a fait son domicile : des journaux du lendemain de son décès en 1938 sont laissés ouverts pour rendre hommage au grand homme.

 Quelques impressions fugaces. Le panorama à couper le souffle de la Tour Galata, construite par les Génois comme tant d’autres en Méditerranée, en Corse par exemple. On se rend compte de l’immensité de la métropole, qui s’étend maintenant des deux côtés, européen et asiatique, du Bosphore et compte plus de 15 millions d’habitants. Sur le Bosphore, une myriade de ferries se croisent de près et transportent des milliers de banlieusards.

 La statue de Jean XXIII sur le parvis de l’église Saint Antoine. Il fut longtemps nonce à Istanbul et parlait couramment le turc.

 Le caractère totalement européen du quartier de Pera, avec ses rues piétonnes commerçantes tout à fait semblables à celles de Bruxelles ou de Barcelone, avec un tramway qui fait penser à « l’eléctrico » de Lisbonne. Mes collègues sont choqués par le nombre de femmes voilées qui y déambulent. Je ne suis pas sûr qu’il y en ait proportionnellement plus qu’à Knightsbridge. Trois étages du précieux musée de Pera sont consacrés à Francisco de Goya.

 Galata Mevlevihanesi, le lieu de culte des Derviches, disciples du mystique Mevlana Celaddin-i-Rumi. Contemporain de François d’Assise, celui-ci avait trois mots-clés : paix, amour, tolérance et acceptation.

 L’immensité et les sublimes proportions de Sainte Sophie, antique basilique byzantine dont la transformation en mosquée fait de ce lieu une sorte de Cordoue à l’envers. Et l’atmosphère spirituelle qui se dégage de la Mosquée Bleue, qui partage avec Sainte Sophie le même parvis.

 Le joyeux désordre dans la queue interminable pour enregistrer aux comptoirs de Turkish Airlines. Et le talent pour gérer l’anxiété des passagers et l’ordre des priorités : l’Orient est tout près !

Chatons dans le cimetière de Galata Mevlevihanesi. Photo "transhumances"

A Rochetaillée, le premier musée de l’automobile

 

Voiture ancienne au musée Hneri Malartre. Photo "transhumances"

Le musée Henri Malartre à Rochetaillée sur Saône, au nord de Lyon, est le premier consacré en France à l’automobile.

 Le musée, fondé en 1959 par Henri Malartre, occupe un château en aplomb de la Saône, complété par un espace d’exposition plus moderne. On y découvre que Lyon, comme Coventry en Angleterre, fut un berceau de l’automobile. Au début du vingtième siècle, une centaine d’ateliers produisaient de manière artisanale des bicyclettes, des vélomoteurs et des voitures autotractées. Avec l’industrialisation de la production de véhicules, leur nombre diminua dramatiquement. Après la seconde guerre mondiale, il ne restait plus que Berliet, reconverti aux poids lourds.

 La collection permet de suivre l’évolution de l’automobile, née initialement comme un produit de luxe destiné à des originaux fortunés qui prétendaient mouvoir leur calèche à l’aide d’un moteur au lieu de chevaux. La voiture se dote peu à peu d’un habitacle fermé, puis recherche l’aérodynamisme. Elle se démocratise peu à peu avec la Ford T, la 2cv Citroën, la 4cv Renault.

 Il y a, dans la collection du musée Henri Malartre, des objets au design magnifique. On retiendra aussi quelques objets historiques tels que la calèche (non automobile) dans laquelle le président Sadi Carnot fut assassiné à Lyon le 25 juin 1894 et la voiture d’apparat d’Hitler saisie par la Division Leclerc à Berchtesgaden. Le musée présente actuellement une intéressante exposition sur l’histoire des cartes routières.