Guadeloupe, Marie-Galante

Marie Galante, Maison Murat

L’île de Marie Galante, nommée d’après l’un des vaisseaux de Christophe Colomb, se situe à une heure de bateau au sud de Pointe à Pitre.

 De forme quasi circulaire, l’île vit principalement de la canne à sucre. Ses trois distilleries produisent des rhums parmi les plus réputés des Antilles. Nous visitons la Distillerie du Pere Labat. La chaine de production elle-même, du broyage de la canne à la fermentation et à la distillation, est visiblement très ancienne ; en revanche, les installations périphériques, cave de vieillissement, embouteillage, retraitement des déchets, boutique de dégustation et de vente, ont fait l’objet d’investissements récents. Le punch au citron et au miel est un véritable délice. La spécialité de l’île est le rhum « décollage » titrant 59º.

 

Marie-Galante, ouvriers de la distillerie Bielle

Notre hôtel, le Cocobeach Resort, est situé au bord du lagon au sud de l’île, près de Grand Bourg. C’est un site de carte postale : une petite crique ombragée de cocotiers, une étendue d’eau turquoise, les vagues de la barrière de corail et, à l’horizon, le relief massif de l’île de la Dominique.

Marie-Galante, Cocobeach Resort

L’industrie sucrière est aujourd’hui concentrée sur une seule usine. Mais il y en avait autrefois près d’une centaine, dont la pièce maitresse était un moulin à vent utilisé pour concassage de la canne. Le site le plus intéressant est l’habitation Murat, récemment restaurée par le Conseil Général. La maison de maitre est une jolie bâtisse en pierre de corail blanche. Le parc a été nettoyé de ses mauvaises herbes, ce qui met en valeur ses arbres magnifiques, en particulier cocotiers et flamboyants.

 Il y a encore à Marie Galante des plages intactes de sable blanc, telle celle du Vieux Fort, au nord de l’île. A quelques centaines de mètres au large, un ilot minuscule a été planté de cocotiers.

 Le restaurant Plaisir des Marins, près de Saint Louis, est une entreprise familiale dont le chef, au sens de patron et de cuisinière, est une dame plutôt âgée. Son Cabri Colombo est succulent.

 Le monument aux morts de la ville de Saint Louis, à l’entrée du débarcadère, présente la statue d’un « poilu » de race noire. Quarante cinq habitants de cette commune qui ne devait pas compter plus de 4000 habitants au début du vingtième siècle, sont morts pour la France pendant la première guerre mondiale. Parmi ceux-ci, huit sont morts dans les Balkans, en Serbie, en Grèce ou en Turquie. J’ai relevé le nom de Leonville Laboral, probablement descendant d’esclaves affranchis, mort en Grèce le 10 mars 1917.

Guadeloupe, la mangrove

Racines de palétuviers roses dans la mangrove de Saint Rose

La construction de l’aéroport du Raizet et celle du centre commercial Jarry de La Guadeloupe se sont faites aux dépens de la mangrove, que Wikipedia définit comme « un écosystème de marais maritime incluant un groupement de végétaux principalement ligneux spécifique, ne se développant que dans la zone de balancement des marées appelée estran des côtes basses des régions tropicales.»

 Nous partons en excursion au port de Sainte Rose, petite station balnéaire au nord de l’île de Basse Terre. Nous nous déplaçons en zodiacs sous la responsabilité d’un chef d’expédition qui sera aussi notre conférencier en écologie du littoral. Lorsque nous approchons de la mangrove de l’estuaire de la Rivière à Moustiques, nous arrêtons les moteurs et les zodiacs sont amarrés les uns aux autres derrière celui de l’animateur.

 La mangrove joue un rôle primordial dans l’équilibre géologique des îles tropicales. Associée à la barrière de corail, elle fait barrage aux tempêtes océaniques et aux tsunamis ; elle protège la barrière de corail des alluvions charriés depuis les montagnes, qui menaceraient sans elle de l’étouffer.

 Nous observons les palétuviers, avec leurs longues racines aériennes enchevêtrées. Longues, ce qui leur permet d’adapter la hauteur de l’arbre au mouvement des marées ; enchevêtrées, ce qui rend l’arbre résistant aux vents et aux courants. Le système de reproduction du palétuvier est une merveille d’ingénierie naturelle : le vent, et non les insectes, est l’agent de la pollinisation ; les graines fécondées sont contenues dans une sorte de flotteur végétal qui peut dériver sur des dizaines de kilomètres jusqu’à trouver le lieu de germination idéal, à bonne profondeur.

 La dernière partie de la promenade est une plongée dans le lagon, proche de la barrière de corail. Dans l’eau translucide, c’est une symphonie de couleurs.

Le lagon à Sainte Rose

Guadeloupe, forêt tropicale

Végétation tropicale

La route de la Traversée permet de rejoindre l’ouest de l’île Basse Terre à partir de Pointe à Pitre en pénétrant dans le Parc National de la Guadeloupe, qui inclut aussi le volcan de la Soufrière.

 Après une halte à la jolie Cascade des Ecrevisses, on rejoint la Maison de la Forêt. Deux parcours de découverte de la forêt tropicale ont été organisés. Bien que nous soyons en saison sèche, il pleut abondamment et le sentier est boueux. Tout autour de nous, nous respirons l’humus, ce qui ne peut que ravir l’auteur de « transhumances » ! La lumière, rare dans le sous-bois épais, se reflète sur les feuilles trempées et les gouttes d’eau semblent des diamants.

Oiseau trembleur

 Les arbres sont d’une hauteur inhabituelle pour les randonneurs des futaies européennes. Fougères et feuillages ont eux-mêmes un gabarit hors du normal. De longues racines aériennes pendent comme des lianes. Nous rencontrons une mangouste et des oiseaux trembleurs nous observent alors que nous nous protégeons de la pluie sous un carbet.

Guadeloupe, Pointe à Pitre

 

Pointe à Pitre, rue Frébault

La capitale économique de La Guadeloupe, Pointe à Pitre, n’a guère d’atouts touristiques. Mais arpenter ses rues permet de saisir quelques aspects de la vie des Guadeloupéens.

 Entrer dans Pointe à Pitre par le quartier du Carénage laisse une impression de pauvreté. Les rues sont bordées de petites maisons en bois délabrées et de minuscules échoppes ; de nombreuses personnes errent désœuvrées ; les jardins sont encombrés de carcasses de vieilles voitures, de gravats et de déchets ; la circulation automobile semble anarchique. Au centre ville même, beaucoup de bâtiments ne sont pas ravalés et tombent en décrépitude. Il y a un vrai malaise social dans l’île, manifesté en 2009 par la grande grève contre la « pwofitasyon » (« profitation » = exploitation par les profiteurs).

 Pourtant, descendre la rue Frébault et entrer dans les innombrables boutiques d’habillement corrige l’impression première. Si l’urbanisme semble décadent, le corps, en particulier celui de la femme, est exalté. Les tissus sont riches de couleurs et de matière, la coupe des robes est créative et le chapeau ou le foulard, souvent absents en Europe, font pleinement partie de l’image que l’on veut donner de soi-même.

 

Pointe à Pitre, église Saint Pierre et Saint Paul

Il y a peu de monuments remarquables à Pointe à Pitre. L’un est le musée Saint John Perse, une ancienne maison créole réhabilitée. L’autre est l’église Saint Pierre et Saint Paul, construite sous sa forme actuelle en 1853, dix ans après qu’un tremblement de terre eut détruit l’édifice précédent. Elle fut conçue en utilisant des structures métalliques similaires à celles des Halles Baltard de Paris. L’espace intérieur est particulièrement vaste et harmonieux.