John Ruskin à Brantonwood

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La maison occupée par John Ruskin à Brantwood, sur les rives du lac de Coniston, dans le Lake District, offre une vue à couper le souffle.

John Ruskin (1819 – 1900) vécut au domaine de Brantonwood les vingt-huit dernières années de sa vie. Au fil de notre découverte de la Grande Bretagne, nous avons croisé à plusieurs reprises ce personnage formidable dont la vie coïncide à peu de choses près avec celle de la Reine Victoria. Il s’est en particulier illustré en prenant contre Dickens la défense des préraphaélites, qui partageaient avec lui une passion pour la nature menacée par le désastre écologique de la première industrialisation et voulaient, comme lui, rendre présente l’humanité dans sa réalité charnelle.

Ruskin fut un voyageur infatigable, chantre de Venise et de Florence, mort à Créteil lors d’une ultime escapade. Il fut un dessinateur et un peintre doué. Il fut un critique d’art prolifique et écouté. Il fut un prophète impitoyable dans sa critique du règne de l’argent, un chrétien social qui prônait l’éducation pour tous et la santé gratuite.

La maison de Brantonwood est pleine du souvenir de cet homme qui laissa une trace forte, contrastant avec sa fragilité psychologique, marquée par une sexualité non assumée et des moments de dépression. « There is no wealth but life », disait-il : il n’y a de richesse que la vie.

Photo « transhumances » : le lac de Coniston depuis Brantonwood.

Lake District

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Le long week-end des noces royales en Angleterre nous a permis de découvrir une magnifique région, celle des Lacs.

Le Lake District, au nord de Liverpool et Manchester, est une région de moyenne montagne. Une vingtaine de lacs occupent le fond d’anciennes vallées glaciaires aux versants érodés par des millions d’années de pluies et de vents. Les sommets aux formes arrondies sont dénudés. Des moutons paissent sur des prairies délimitées par de hauts murs en lauze, les « enclosures » contemporaines de la révolution industrielle. A mesure que l’on descend vers le fond des vallées, l’herbe devient plus grasse et d’immenses arbres donnent de l’ombrage. En ces journées de printemps, la luminosité est intense. Le ciel d’azur, la surface sombre des lacs, les murs noirs couverts de mousse, les vagues de bleuets sur les pâtures offrent des contrastes sans cesse changeants.

Des milliers de randonneurs parcourent les sentiers. La région est sillonnée d’autocars à impériale et les lacs traversés de petits bateaux qui, par gros temps, offrent une douche involontaire à leurs passagers.

On respire dans la région des lacs l’air des grands espaces. On se sent en harmonie avec la nature. On se sent, un peu, poète.

Photo « transhumances » : Lac Derwenwater, près de Keswick.

Cambridge

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Cambridge, l’une des capitales intellectuelles d’Europe depuis le treizième siècle, est un lieu d’excursion particulièrement agréable par une belle journée de printemps.

Une trentaine d’universités (« colleges ») accueillent des étudiants du monde entier. Cambridge est une ville jeune qui se déplace sur deux roues et affiche une multitude de concerts, de conférences et d’événements culturels. Les plus anciennes universités, King’s, Trinity, Clare, St John, bordent la rivière Cam. Après avoir visité la ville et ses monuments à pied, il est bon de s’embarquer sur une barge à fond plat. Une ravissante batelière fait adroitement glisser l’embarcation sous les ponts étroits et entre les barges désorientées que les skippers du dimanche ne savent contrôler. L’air est chargé de parfums. Les pelouses, les monuments, la surface sombre de la Cam offrent un joli dégradé de couleurs.

La chapelle de King’s College est, comme l’Abbatiale Saint Ouen de Rouen que nous avons visitée la semaine dernière, l’une des dernières églises construites en style gothique. L’abondance de la décoration de la voûte et la richesse des vitraux contraste avec la simplicité et la verticalité de l’édifice. Dans une chapelle latérale, un mur énonce les noms de dizaines d’étudiants de Cambridge morts pendant la Grande Guerre ; sur le mur perpendiculaire est gravé un seul nom, à consonance hongroise, celui d’un étudiant ayant combattu dans le camp ennemi.

Les jardins de Clare College, comme ceux de Magdalene College un peu plus loin, offrent un espace paisible en bordure de rivière, avec une pelouse impeccable et des massifs de fleurs.

St John College est surtout connu pour son « pont des soupirs » inspiré de celui de Venise. Dans l’église, je remarque le tombeau d’un des premiers professeurs du collège, Hugh Ashton, mort en 1522.  Deux gisants sont superposés. La sculpture du niveau inférieur présente le corps d’Hugh émacié et souffrant ; celle du niveau supérieur le montre en habit de cérémonie, priant dans l’attente de la résurrection.

L’église du Saint Sépulcre est la plus ancienne de Cambridge et fut construite après la première croisade sur le modèle de l’église du tombeau du Christ à Jérusalem. Nous avons vu ailleurs en Europe des églises semblables, en particulier à Ségovie et Mantoue.

Photo « transhumances »

Rouen, à l’ombre de Saint Jean-Baptiste

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La Tour du Gros Horloge à Rouen est décorée d’un bas relief représentant Saint Jean-Baptiste. Et l’un des portails de la Cathédrale illustre sa décollation.

A gauche, le roi Hérode et ses convives admire la danse de la belle Salomé. Celle-ci obtient en remerciement la tête de Jean-Baptiste. Comme dans une bande dessinée, on assiste à la décapitation du saint dans son cachot, à droite de la scène. Mais l’histoire ne suit pas tout à fait l’ordre chronologique : on revient au centre du tableau pour voir Salomé recevoir son trophée.

Lorsque la cathédrale a été construite, Rouen était une capitale du textile. Comme dans les Cotswolds, en Angleterre, les tisseurs avaient le culte du mouton et avaient fait de l’ermite à la peau de mouton leur saint patron.

Photo « transhumances »