Rouen, Aître Saint-Maclou

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Dans le centre historique de Rouen, l’Ecole des Beaux-arts abrite un monument unique, l’aître Saint-Maclou, un charnier créé aux seizième siècle pour enterrer les victimes de la peste. Les bâtiments qui le bordent sont décorés de bois sculpté représentant une danse macabre.

Sur des panneaux de bois sont représentés des ossements, des instruments liturgiques de l’office des morts, les instruments de la passion du Christ et les outils du fossoyeur.

Sur les colonnes sont sculptées des séries de couples personnifiant une danse macabre. « La danse macabre », dit le feuillet remis aux visiteurs, « est liée directement au choc psychologique provoqué par l’effroyable mortalité de la Peste noire et aux résurgences de l’épidémie qui fauchent les générations suivantes(…) L’angoisse de la mort omniprésente se développe parmi les populations. La danse macabre répond à cette peur en dressant une satire sociale reprochant la recherche des honneurs et des richesses et affirmant l’égalité de tous après la mort, sans distinction de rang ni d’âge. »

L’aître Saint Maclou à Rouen est de la même veine que l’église de la Chaise Dieu. Les inquiétudes collectives existent aujourd’hui, mais pas au niveau d’angoisse qui prévalait il y a quatre siècles.

Photo « transhumances »

Rouen, Abbatiale Saint-Ouen

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L’Abbatiale Saint Ouen de Rouen, à quelques centaines de mètres à peine de la Cathédrale, est un chef d’œuvre du gothique tardif.

Pénétrant dans l’abbatiale, on est transporté par la verticalité du monument. L’espace est totalement vide, ce qui accentue l’impression d’être aspiré vers le haut. Les murs qui supportent l’édifice sont incroyablement fins, à la manière de la Sainte Chapelle à Paris. Ils laissent un vaste espace aux verrières, dans lesquelles s’engouffre la lumière.

Alors qu’enthousiastes nous nous laissons envahir par la beauté céleste du monument, deux cantatrices improvisent un duo dans la nef. Leurs voix sont amplifiées. C’est un moment divin.

La construction de l’Abbatiale Saint Ouen a commencé au quatorzième siècle et s’est poursuivie jusqu’au seizième. La technique des architectes du gothique avait alors atteint un niveau de perfection. Ils nous sont laissé un bouleversant témoignage.

Photo « transhumances »

Le Musée Nissim de Camondo

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En bordure du Parc Monceau à Paris, le Musée Nissim de Camondo présente une magnifique collection de meubles, de porcelaine et de tableaux de la seconde moitié du dix-huitième siècle.

L’histoire du musée est celle d’une famille juive d’Istanbul, financiers de l’Empire Ottoman et de l’Unité italienne. Deux frères s’installent à Paris à la fin du second Empire. Moïse de Camondo (1860 – 1935), fils de l’un d’entre eux, collectionne des objets d’art décoratif de la seconde moitié du dix-huitième siècle. Pour abriter ses collections, il fait construire en 1911 un hôtel particulier en bordure du Parc Monceau.

Le fils de Moïse, Nissim, meurt pour la France en 1917 dans un combat aérien. En son souvenir, son père lègue à la République son hôtel particulier et ses collections, pourvu que l’ensemble prenne le nom de Nissim de Camondo. Béatrice, second enfant de Moïse, et ses deux enfants, mourront en déportation.

Le musée est profondément émouvant en raison de la générosité, si mal payée en retour, d’une famille d’Orient pour la France, son pays d’adoption. La fascination qu’exerçait l’âge d’or français, celui des Lumières, sur Moïse de Camondo, un juif sépharade, est touchante, elle aussi. Tout dans l’architecture et l’art décoratif de la seconde moitié du dix-huitième siècle est symétrie, clarté, harmonie. Pourtant, sous l’apparente stabilité et la promesse d’éternité de l’art classique était à l’œuvre la tectonique des plaques sociales et politiques qui allait provoquer le tremblement de terre et le tsunami de la Révolution.

Au second étage, la bibliothèque est une salle elliptique aux parois boisées dont la porte-fenêtre s’ouvre sur un jardin et sur le Parc Monceau. Tout y est intériorité, ouverture d’esprit, sérénité.

Illustration : la bibliothèque du Musée Nissim de Camondo.

Flânerie en bord de Seine

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Les quais de la Seine à Paris offrent un cadre enchanteur pour flâner un dimanche après-midi.

Après une matinée au Musée d’Orsay, nous déjeunons au Café Mucha, qui doit son nom à Alfons Mucha, le héros de l’Art Nouveau à Prague. Le design de l’établissement est moderne, mais l’ambiance est typique d’un bistrot parisien. Nous franchissons la Seine sur la passerelle Léopold Sedar Senghor. Comme sur le Pont des Arts, un peu en amont, des amoureux ont fixé au parapet des cadenas marqués de leurs noms et ont jeté la clé dans la Seine en signe d’éternelle fidélité.

Nous flânons au bord de l’eau sur le Quai des Tuileries. Un bateau restaurant à aubes et des bateaux promenade descendent lentement le courant. La vie semble couler au ralenti, loin de la fureur de la ville qui pourtant nous environne.

Rue Bonaparte et rue des Beaux-Arts, nous admirons les vitrines des galeries. L’une d’entre elles est consacrée aux œuvres de Francis Bacon : corps torturés exposés dans un quartier qui exalte la beauté classique.

Illustration : cadenas au Pont des Arts, Photo France 24.