Fête de Pourim

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 De manière imprévue, nous nous sommes trouvés associés à la fête juive de Pourim, dimanche 20 mars.

Beaucoup de restaurants sont fermés le dimanche dans le quartier des Champs Elysées. Nous en trouvons enfin un ouvert, une pizzeria rue de Berry. La plupart des clients du restaurant sont juifs ; on nous propose une bière fabriquée en Israël. Ce n’est qu’après le déjeuner que je comprendrai le sens du rituel qui prend place.

Un homme habillé de clown psalmodie un passage de la Meguilat Esther (le livre d’Esther dans la Bible). Sous l’empereur Perse Assuérus, la liquidation du peuple d’Israël avait été décidée. Mais la reine Esther, femme d’Assuérus et juive en secret, jeûna et pria avec tout le peuple et le monarque se laissa fléchir. Lorsque le nom de Haman, l’instigateur du massacre, est mentionné dans le chant, les assistants agitent des crécelles et tapent du pied.

La propriétaire du restaurant s’excuse de nous avoir imposé ce rite sans nous en prévenir. Il est vrai que nous ne nous attendions pas, en entrant dans une pizzeria d’apparence banale, à participer à un office religieux, mais je la remercie de nous avoir ainsi donné l’occasion d’une expérience nouvelle. Elle nous remet un dépliant qui explique qu’outre la lecture de la Meguilat Esther, la fête de Pourim implique d’envoyer des cadeaux à des amis, de donner la charité et de prendre le repas de fête ensemble.

Paris est une ville étonnante. Après avoir participé à une fête juive dans un restaurant italien kasher, nous prenons un café au Sir Winston, à deux pas de l’Arc de Triomphe. Nous nous retrouvons dans une ambiance British, confortablement installés dans des fauteuils hors d’âge sous le portrait du roi George VI en grand uniforme.

Illustration tirée de Huffington Post : la fête de Pourim.

Universal studios

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Revoir la « Nuit Américaine » de François Truffaut m’a donné envie de reproduire mes notes de visite au parc d’attraction d’Universal Studios à Los Angeles, en août 2005.

Nous commençons la visite du parc d’attractions d’Universal Studios par le tour des studios. Le guide est installé à l’avant de la première voiture du train touristique et fait face  au public, à un tableau de commandes et à une caméra. Dans les voitures, des écrans reproduisent son image ou des extraits de films tournés dans les lieux par lesquels passe le train. Le guide nous prévient que, depuis un siècle, le cinéma a pour objectif de nous proposer des émotions, peur, larmes et rire. La visite nous montre comment on fabrique l’illusion à la racine de ces émotions. Le mot « fabrique » est d’ailleurs pertinent : les hangars d’Universal, comme ceux de Warner ou de Disney que l’on voit à leurs côtés au fond de la vallée, tiennent plus de l’usine que de l’atelier d’artiste.

Le tour est organisé de manière magistrale. Le train traverse des villages européens en carton-plâtre et en plastique où n’existent que les façades. Sur la place d’un village latino-américain, on nous montre comment on fait pleuvoir et un torrent dévale la rue jusqu’à nous. Plus loin, nous sommes dans une station de métro ravagée par un tremblement de terre qui provoque accidents et incendie. Nous traversons un pont qui se brise, passons à côté d’un lac océan infesté de requins. La vue du « fake blood » (sang postiche) me fait hurler de rire. Plus impressionnant encore, le train s’arrête dans un paysage urbain dévasté par l’écrasement d’un avion ; dans la carcasse éventrée de l’appareil, on voit les sièges des passagers et des bagages éparpillés.

Certaines attractions sont directement liées au cinéma, comme celle où l’on présente les effets spéciaux, la version 3D de Terminator ou encore Backdraft, qui fait voir la machinerie qui permet de déclencher et de contrôler un incendie incontrôlable à l’écran. Les structures qui semblent s’effondrer sont actionnées au millimètre près par des vérins, tout comme la passerelle sur laquelle sont placés les spectateurs qui, au plus fort de l’incendie, reçoit elle-même une secousse pour leur plus grande épouvante.

D’autres attractions utilisent simplement l’ambiance et le canevas de films, mais le cinéma n’est qu’un prétexte. Le spectacle « Waterworld » est magnifiquement mis en scène. Des chauffeurs de salle créent l’enthousiasme et arrosent généreusement les spectateurs assis sur les bancs classés « mouillés », des bons et des méchants se livrent bataille à bord d’hydroglisseurs et un hydravion amerrit face au public. Nous expérimentons aussi « Mummy », un train fantôme à grande vitesse dans le tombeau des Pharaons. Il fait très chaud, mais les files d’attente sont en permanence aspergées de vapeur d’eau. Il y a une foule immense – on parle de 5 millions de visiteurs par an – mais encadrée et gérée de manière professionnelle.

Nous nous rendons sur Hollywood Boulevard, observons les empreintes des stars sur l’esplanade du Théâtre Chinois et cherchons l’étoile de Tom Hanks que nous découvrons après des centaines de mètres d’errance vaine à la recherche d’un restaurant. Nous finissons par reprendre la voiture et dîner dans un restaurant grec recommandé par le Guide du Routard : le Joseph’s.

Photo : Universal Studios, Hollywood, www.universalstudioshollywood.com

Bruges

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Bruges, « la Venise du Nord », est une ville fluide enracinée dans son passé.

Bruges était du treizième au quinzième siècle une plateforme commerciale et financière de dimension internationale. La ville se situait à l’extrémité nord d’un axe marchand qui passait par la Bourgogne et menait à Florence.  L’ensablement du canal qui la reliait à la Mer du Nord la relégua au statut de ville fantôme jusqu’à ce que le tourisme lui redonnât vie au vingtième siècle.

De son passé glorieux, Bruges a hérité des monuments magnifiques qui, de beffroi en clochers, rivalisaient en hauteur, « uniques montagnes du plat pays » selon Jacques Brel. Bruges est une ville érigée, verticale, solide et opulente.

C’est aussi une ville fluide. Elle est entourée et traversée de canaux qui, contrairement à Venise, n’ont plus de vocation utilitaire, mais qui diffusent une impression de flottement. La circulation automobile y est presque absente. Les Brugeois se déplacent sur d’immenses bicyclettes qu’ils stationnent souvent sans antivol. La ville est propre, sûre, insouciante, comme légère.  Elle est silencieuse, résonnant seulement des carillons et du piétinement des chevaux attelés aux calèches sur les pavés.

Bruges vénère la relique du Précieux Sang du Christ. Ce culte sied cette ville liquide, habitée par la légende et encline au rêve et à l’imagination.

Photo « transhumances ».

Christ College à Oxford

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La visite de Christ Church College à Oxford offre un magnifique panorama de l’histoire, de la culture et de l’art anglais.

Le College a été créé par Thomas Wolsey, Ministre d’Henry VIII au début du 16ième siècle. J’ai évoqué ce personnage considérable dans mes chroniques « Wolf Hall » et « Hampton Court ». L’immense salle à manger, avec ses rangées de tables en bois où les étudiants prennent place tandis que les enseignants leur font face sur une estrade, date de 1529. De nombreux tableaux évoquent les personnalités marquantes de l’Université, en particulier John Wesley, le fondateur du Méthodisme, et Charles Dodgson (Lewis Carroll), l’auteur d’Alice au pays des merveilles.

La cathédrale est antérieure au Collège. Sa structure est romane, bien que la splendide voûte soit de style gothique flamboyant (vers 1500). Elle conserve le tombeau de Sainte Frideswide (650 – 727). Oxford a choisi comme sainte patronne une femme redoutable, capable de faire front aux rois. C’est un point commun avec Paris, qui vénère Sainte Geneviève, de deux siècles l’aînée de Frideswide. L’église a été embellie au cours des siècles. On y admire en particulier de beaux vitraux du préraphaélite Edward Burne-Jones. Une touchante statue en bois de la vierge et une crèche à base de personnages stylisés par les tissus qu’ils vêtent sont la contribution de l’époque moderne.

Le porche de la cathédrale ouvre sur une vaste esplanade carrée, le « Tom Quad », fermée en 1681 par une élégante tour, œuvre de l’architecte de la Cathédrale Saint Paul à Londres, Christopher Wren. Au centre de l’esplanade s’élève une statue de Mercure, le dieu aux pieds ailés. En cette période de fêtes, il a été coiffé d’un amusant bonnet rouge.

Photo « transhumances ».