Black Country

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Le Musée Vivant du Pays Noir (Black Country Living Museum) à Dudley, dans la grande banlieue nord-ouest de Birmingham, fait revivre l’histoire d’une région minière qui reste fortement industrielle.

Plus qu’un musée, il s’agit d’un parc d’attraction pour les enfants comme pour les adultes. On ne sait jamais bien quelle tranche du passé il s’agit de faire revivre : les années 1800 se fondent allègrement avec les années 1950 dans l’exaltation d’un passé où le pays noir était l’atelier du monde. On est transporté par un trolleybus à étage qui n’existe plus nulle part, on est interpellé par la vendeuse de fruits et légumes au seuil de sa boutique des années trente, on subit une leçon de lecture dans l’école primaire sous la baguette d’une maîtresse tout droit sortie de Dickens, on assiste au travail du forgeron.

L’attraction le plus impressionnante est une mine de charbon juste sous le niveau du sol. Dans l’obscurité, le froid et l’humidité on découvre des mannequins affairés aux tâches que les mineurs exécutaient au dix-neuvième siècle. Le degré de précarité de la vie de ces hommes est impressionnant. On comprend pourtant la fierté qu’ils tiraient de l’extraction du coke qui allait mouvoir les machines et réchauffer les humains.

Il y a des manèges et des balançoires. Ils datent des années 1930. La chapelle méthodiste, désaffectée lors de la création du musée, a été de nouveu ouverte au culte.

Photo « transhumances » : carreau de mine au Black Country Living Museum. Site Internet : www.bcml.co.uk

Iron Bridge

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La vallée de la Severn près de Telford (50 km au nord-ouest de Birmingham) est une agréable et instructive destination de promenade.

Le site d’Iron Bridge a été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. En son cœur se trouve le premier pont construit en acier dans le monde (1781). Se promener le long des berges de la Severn est particulièrement agréable. La promenade est aussi culturelle. C’est ici qu’est véritablement née la révolution industrielle. Pas moins de 10 musées la célèbrent dans un site qui s’étale sur plus de 7 kilomètres.

Les musées sont regroupés en pôles, Iron Bridge lui-même, mais aussi Coalbrookdale (musée du fer), Coalport (musée de la porcelaine chinoise et musée de la céramique) et Blists Hill (ville victorienne). La visite de Coalbrookdale est particulièrement émouvante : on y visite le four dans lequel Abraham Darby réalisa en 1709 pour la première fois la réduction du fer au moyen du coke au lieu du charbon de bois, ouvrant ainsi la voie à la production industrielle de l’acier. A proximité du musée du fer, « Enginuity » propose aux jeunes et moins jeunes une initiation ludique à la technologie.

La vallée de la Severn était depuis longtemps un lieu de production d’acier : on y trouve du minerai de fer, de la chaux et les chutes d’eau nécessaires pour mettre en mouvement des volants animant les soufflets pour activer la combustion. Au dix-neuvième siècle, en perçant un canal souterrain, on trouvera même un gisement de goudron que l’on ne tarda pas à exploiter. Mais le passage au stade industriel devint possible lorsque la houille se substitua au bois. Même en organisant les plantations et les coupes par rotation, le bois ne fournissait pas la quantité nécessaire ; le coke dégage beaucoup plus de chaleur, et permet d’isoler un acier plus pur et facile à travailler.

Le musée du fer expose des quantités d’objets réalisés en acier, depuis les machines à vapeur jusqu’aux cuisinières, aux charpentes et aux sculptures.

Photo « transhumances » : les arches du pont de fer.  Site Internet http://www.ironbridge.org.uk/.

Backs to back de Birmingham

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Le National Trust a restauré quatre maisons « backs to back » construites au début du dix-neuvième siècle pour faire face à l’afflux de la main d’œuvre.

Birmingham connut au dix-neuvième siècle une véritable explosion démographique, pratiquement un décuplement de sa population. Pour y faire face, des propriétaires organisèrent des lotissements de maisons de deux étages construites dos à dos.

Le National Trust a entrepris la restauration de quatre de ces maisons promises à la destruction en raison de leur caractère insalubre. Chacune de ses maisons a été meublée à la manière dont elle devait l’être par la famille qui l’occupait : une famille juive en 1840, une famille de 10 enfants en 1870, un célibataire en 1930, un tailleur en 1970. Des objets et des témoignages enregistrés évoquent la vie dans ces logements analogues aux « courées » du nord. L’entassement était la règle. L’eau était prélevée au puits, l’eau courante n’arrivant qu’au vingtième siècle. Les sanitaires étaient communs et empestaient.

C’est intelligemment conçu. On arrive à pressentir ce qu’était la vie quotidienne difficile des humbles fantassins de la révolution industrielle.

Photo « transhumances ». Site internet : http://www.nationaltrust.org.uk/

Birmingham

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La ville de Birmingham n’est pas la principale direction touristique de Grande Bretagne. Il y est pourtant agréable de s’y promener.

Largement détruite pendant la seconde guerre mondiale, Birmingham a choisi de se reconstruire à la manière de Los Angeles. Des autoroutes urbaines la traversent en tous sens. La voiture est reine, le métro et même le tramway sont inconnus. La ville est parsemée de centres commerciaux équipés de gigantesques parkings.

Peut-être pour compenser ce qu’il faut bien considérer comme une erreur historique, les habitants de Birmingham affectionnent les rues piétonnes coquettes et fleuries. Le soir, l’animation aux terrasses des pubs et des restaurants est impressionnante. Autour de Broad Street et sur les quais du canal, elle se prolonge jusqu’aux dernières heures de la nuit.

La cathédrale St Philippe a été construite en 1715. L’intérieur surprend par ses petites dimensions : il faut dire que la ville ne comptait alors que quelques dizaines milliers d’habitants. L’édifice est inondé de lumière. Au fond du chœur, une magnifique verrière du maître préraphaélite Edward Burne-Jones, étincelante de rouge et de bleu, a été réalisée au dix-neuvième siècle. Une galerie court le long de la nef, peut-être vestige d’un temps où hommes et femmes étaient séparés. Les temps ont changé : c’est une femme d’environ 40 ans qui célèbre la grand-messe, The Revd. Canon Janet Chapman. Pendant les annonces en fin de célébration, elle fait applaudir son vicaire dont la femme attend une naissance pour novembre. A la fin de la cérémonie, le clergé salue un par un les participants et un café est servi dans un bas-côté pour ceux qui le souhaitent.

Je retrouve les préraphaélites au Birmingham Museum and Art Gallery, où une salle leur est consacrée. Ce qui m’intéresse le plus, c’est la galerie industrielle, avec une magnifique collection de vitraux, de verres et de céramiques produits par les artistes de Birmingham dans l’enthousiasme de la révolution industrielle et jusqu’à aujourd’hui. L’architecture de la salle elle-même est remarquable, à base de structures métalliques et de verrières. La salle contigüe est le restaurant. Consommer une soupe de carottes à la coriandre dans cet environnement imprégné de culture et de beauté est un enchantement.

Photo « transhumances » : gas street, le long du canal de Wolverhampton.