Chronique réunionnaise (1)

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Survol de l’île
Au cours des prochains jours, « transhumances » consacrera plusieurs articles à l’Ile de la Réunion, où je viens de passer quelques jours de vacances.

Au cours de nos randonnées dans les Cirques de l’Ile de La Réunion, j’ai souvent vitupéré les hélicoptères qui troublaient nos rudes et bucoliques promenades. Trente et un ans après ma première visite, je finis par me laisser convaincre.

Les hélicoptères Ecureuil d’Hélilagon emmènent 6 passagers. Le grand tour de l’île inclut les trois Cirques, Mafate, Salazie et Cilaos, le Volcan et le Lagon. Le décollage a lieu non loin du village de l’Eperon, un peu au dessus de la nouvelle route des tamarins. Nous survolons les champs de canne à sucre, puis la région des géraniums et enfin la forêt de tamarins. Soudain, nous nous trouvons avec des centaines de mètres d’à-pic sous l’appareil, et c’est comme si le sol se dérobait. Nous entrons dans le Cirque de Salazie par le col du Cimendef, et nous découvrons de riches terres agricoles consacrées en grande partie à des vergers et à des cultures vivrières comme la lentille et le chouchou (chayotte).

Le pilote nous annonce une « séquence émotion », et nous ne sommes pas déçus : nous survolons le « trou de fer », un ravin vertical circulaire de plusieurs centaines de mètres dont les parois sont habitées de végétation et traversées de cascades. L’appareil fait deux fois le tour du ravin et c’est très vertigineux.

Nous survolons ensuite la forêt de Bélouve et la ravine de Takamaka où il tombe plus de 8 mètres d’eau par an. Nous passons au dessus du plateau de la Plaine des Palmistes, avec ses prairies et ses maisons coquettes. Nous arrivons au Volcan de la Fournaise, un univers totalement minéral ; le volcan n’est pas en activité actuellement, mais la chaleur du cratère dégage de la vapeur d’eau. Par la Plaine des Cafres, nous rejoignons la crête du Dimitille, puis nous trouvons brusquement en aplomb du Cirque de Cilaos, avec l’Ilet de Bras Sec et l’Ilet à Cordes séparés du village par des précipices. Nous sortons du Cirque par les Trois Salazes, avec à notre droite de Piton des Neiges. Nous entrons de nouveau dans le Cirque de Mafate et survolons Marla et La Nouvelle, puis le Maido.

Le tour de l’Ile s’achève par un survol du Lagon et de Saint Gilles. En quarante cinq minutes, nous avons vu une incroyable diversité de paysages, de végétations et de lumières. Quand l’hélicoptère se pose, j’ai le sentiment d’avoir visionné en accéléré le film de dizaines de voyages et de la découverte obstinée des centaines de mondes que recèle cette île qui, dans sa plus grande longueur, ne fait que soixante dix kilomètres.

 

Pittsburgh

Le sommet du G20 se déroule à Pittsburgh. Le récit que l’on va lire date d’un voyage dans l’est des Etats Unis en août 2002.

Les orages de la nuit ont abaissé la température, et à l’inverse de ce qui s’est passé jusqu’ici, nous recherchons le côté ensoleillé des rues. Nous laissons la voiture dans un parking d’Oakland, le quartier universitaire de la ville de Pittsburgh.

Au centre d’Oakland se trouve une tour de 42 étages construite au début du 20ième siècle, de style néo-gothique, the Cathedral of Learning, la Cathédrale de l’acquisition des connaissances. L’intérieur est une immense nef digne des belles cathédrales françaises. Mais on n’y trouve ni chœur, ni autel, ni statues. De petites tables rondes sont disposées tous les deux mètres environ, et permettent de travailler ou de se rencontrer dans une ambiance de ferveur intellectuelle. Tout autour de la nef sont disposées des salles de classe, chacune dédiée à l’un des peuples présents à Pittsburgh. Le style, l’aménagement et la décoration de chacune des pièces sont inspirés par l’âge d’or de chaque pays, l’époque victorienne pour l’Angleterre, le 18ième siècle pour la France. Tout a été étudié avec soin, les matières, les formes, les objets décoratifs, les couleurs, pour créer une ambiance puissamment évocatrice et donner de chaque pays l’image que l’Université de Pittsburgh souhaite lui attribuer. The Cathedral of Learning est un hymne au savoir, mais aussi à la diversité des cultures que l’Amérique n’a cessé de réinterpréter.

Nous visitons la Heinz Memorial Chapel, inspirée de la Sainte Chapelle, avec de merveilleux vitraux à dominante bleue, qui représentent les héros d’aujourd’hui, de Louis Pasteur à Abraham Lincoln.

Nous descendons à Down Town par le bus, que nous présumons être le moyen le plus économique. Le billet coûte 1,60 dollars. Comme la machine à côté du chauffeur ne rend pas la monnaie, l’aller simple nous revient à 2 dollars par personne. Il aurait été trois fois moins coûteux d’aller en voiture jusqu’à un parking du centre ville. Du moins nous sommes nous offert ainsi une nouvelle expérience.

Dès notre arrivée à Down Town, nous nous rendons au musée Andy Warhol. L’artiste a vécu et travaillé à New York, mais est né ici. Comme celui de Norman Rockwell, son art est enraciné dans le quotidien. Une boîte de soupe concentrée devient un objet fascinant ; une paire de chaussures féminines prend des formes délirantes et reçoit des talons à ressort ; les artistes transcendent leur statut d’humains et deviennent des stars.

Nous traversons la ville avec ses gratte-ciel et son palais de justice de style roman. Nous empruntons un funiculaire plus que centenaire, le Monongahela Incline, et accédons à un fantastique point de vue sur Pittsburgh, au confluent de deux fleuves qui constituent l’Ohio. En contrebas, d’immenses trains de marchandises ne cessent de passer au ralenti, saluant Pittsburgh de longs hurlements de sirène.

Pittsburgh garde le souvenir de son premier âge industriel marqué par une pollution effrayante et des conditions de travail ouvrier qui la faisaient redouter comme l’enfer. Ses capitaines d’industrie, Carnegie, Forbes, Heinz, Mellon, Westinghouse, étaient aussi des philanthropes qui laissèrent bibliothèques, stades, musées, monuments. Aujourd’hui, Pittsburgh est une ville d’espaces verts, de fleuves, de collines, au confluent de peuples et de cultures. C’est certainement une ville où il fait bon vivre.