Middle Temple à Londres

J’ai été invité à visiter cette semaine Middle Temple, la cité des avocats à Londres.

091002_middle_temple_hall_today.1254506132.jpg

Il n’est pas facile de trouver Middle Temple Lane. Elle donne dans Fleet Street, la rue des journaux, mais on y accède par une porte cochère qui ouvre sur un véritable village avec son église, son auberge, des bureaux et une maison commune qui abrite des salles de réception et le « hall ». Je suis invité à déjeuner par Pascal, un avocat membre, comme moi, de la section britannique des conseillers du commerce extérieur de la France.

Le hall a été construit en 1570 sous Elizabeth I dans l’esprit des grands réfectoires des collèges d’Oxford et de Cambridge. La charpente en bois de chêne est magnifique. Les vitraux sont ornés de motifs héraldiques, et les murs portent les blasons des professeurs qui ont exercé ici. Ce qui est impressionnant c’est que, comme souvent en Angleterre, ce lieu est vivant. Un self-service y est installé, dont les clients vont ensuite s’installer sur de longues tables en bois.

L’accès est réservé aux « barristers », les avocats du barreau. Middle Temple est une cité dans la City, avec sa propre juridiction, de même que son église, Temple, ne dépend pas du diocèse mais directement de la Reine. Le lieu fut pendant deux siècles occupés par les Templiers, qui ne répondaient qu’au Pape. Au terme d’un processus long et empirique, les juristes finirent par se glisser dans les privilèges des Templiers et construire l’indépendance du pouvoir judiciaire, l’un des fondements de la démocratie.

Il existe aujourd’hui quatre « Inns of Court » construites autour des Royal Courts of Justice : Inner Temple, Middle Temple, Gray’s Inn et Lincoln’s Inn. Ils servent de clubs pour les avocats avec bibliothèques et salles de rencontre, de structures de formation et de lieux de réception. Plusieurs films y ont été tournés, dont Le Code de Vinci.

 

Sorry!

Ayant la chance de vivre depuis deux ans en Angleterre, je tiens la chronique de mes étonnements.

Dans les rues d’une ville anglaise, il y a une règle d’or : ne pas stationner sur les trottoirs. Les droits des piétons sont sacrés. Comme le stationnement unilatéral n’existe pas et que les rues sont généralement étroites, circuler en voiture relève du gymkhana. On se glisse d’un créneau à l’autre en faisant assaut de courtoisie à l’égard des conducteurs venant en face, eux aussi anxieux de ne pas passer pour les goujats motorisés.

Dans les campagnes anglaises, les routes sont souvent si étroites qu’on ne peut s’y croiser. Comme elles sont souvent bordées de talus, de murs et de haies, la visibilité est restreinte. Lorsqu’on se trouve brutalement face à face avec un autre véhicule, l’un d’entre eux doit reculer souvent de plusieurs centaines de mètres pour laisser le passage. On fait alors assaut de sourires et de signes amicaux.

Dans le métro comme dans les routes, les Anglais sont habitués à des situations de foule où l’on risque à tout moment la collision, que l’on évite de justesse, courtoisement et avec un mot magique : « sorry ! »

D’où viens-tu ? Où vas-tu ?

Vivant depuis deux ans au Royaume-Uni, je tiens la chronique de mes étonnements. Parfois, l’usage de la langue est différent d’un pays à l’autre.

p2280015.1253731775.JPG

Pour indiquer que l’on a compris la logique qui sous-tend l’idée d’un collègue, un français dira : « je vois où tu veux en venir ». Un anglais : « I see where you come from », je vois d’où tu viens.

Les Anglais semblent fermement enracinés dans leur patrimoine culturel. Les Français se projettent spontanément dans l’avenir. D’un côté le pragmatisme et le souci de composer avec la réalité pour la transformer. De l’autre, les idées qui mènent le monde.

Trop souvent, des points de vue différents engendrent des antagonismes stériles. Lorsqu’ils sont vécus comme des apports complémentaires, l’entreprise s’enrichit des différences.

Grande Bretagne : Chronique d’étonnements

J’ai la chance de vivre depuis près de deux ans à Watford, à 30km au nord-ouest de Londres. Voici ma chronique d’étonnements.

 Ophélie

090921_millais_ophelia.1253564688.jpg

En cette belle dernière journée d’été, nous marchons le long du Grand Union Canal à Watford puis nous traversons la rivière Gade. Un attroupement s’est formé sur le pont qui enjambe la rivière. Une jeune femme est prise sous l’objectif d’un photographe. Il s’est avancé dans le lit de la rivière et l’eau lui arrive aux mollets. Elle porte une robe de mariée et est allongée dans le courant, sa longue robe flottant et vibrant à la surface. La scène fait penser au tableau Ophelia du peintre préraphaélite John Everett Millais (1851 – 1852) représentant Ophélie noyée dérivant sur un plan d’eau au milieu des plantes aquatiques. Le sens de la scène, aujourd’hui, nous échappe.

Dutilleux

L’auditorium du Barbican joue à guichets fermés un concert symphonique de Debussy, Dutilleux et Ravel par le London Symphonic Orchestra sous la direction de Valery Gergiev. J’admire cette ville de Londres capable de remplir des salles de concert quelques jours seulement après la clôture des « Proms », la série de quatre-vingts concerts estivaux de la BBC. Les applaudissements chaleureux après l’exécution du concert pour piano « L’arbre des songes » d’Henri Dutilleux se transforment en ovation lorsque le chef d’orchestre désigne un vieil homme assis dans l’assistance. Le compositeur lui-même, malgré ses quatre-vingt treize ans, est venu écouter la représentation de son œuvre. Extraordinaire City, capable de produire de si rares moments !

Grippe A

En France, la consigne est : « si vous sentez des symptômes de grippe, consultez votre médecin généraliste (payant) ». En Grande Bretagne, c’est « n’importunez pas votre general practioner (gratuit), consultez le site Internet de la grippe et téléchargez vos ordonnances ! » De ce côté de la Manche, la médecine est gratuite. Elle est général dépréciée par les expatriés français. De mon côté, j’admire son caractère fondamentalement démocratique et sa recherche du maximum de service au moindre coût.