Stephen Hawking : Soyez curieux !

En raison de son état de santé, le cosmologiste britannique Stephen Hawking n’a pu assister aux célébrations de son soixante-dixième anniversaire à Cambridge. Mais il a laissé un message : « soyez curieux ! ne renoncez pas ! »

 Lorsqu’à l’âge de 21 ans, Stephen Hawking fut diagnostiqué une maladie neurologique dégénérative, le pronostic des médecins était que le patient n’avait que quelques années à vivre. La célébration de son soixante dixième anniversaire tient en elle-même du miracle, même si la maladie ne cesse de gagner au point de rendre pratiquement inopérant le système qui, par des contractions de sa joue interprétées par un ordinateur, lui permet de « parler »  d’une voix synthétique.

 Hawking a laissé un message à ses collègues de Cambridge. « Rappelez-vous de lever les yeux vers les étoiles et de ne pas regarder vos pieds. Essayer de faire du sens à partir de ce que vous voyez et au sujet de ce qui fait que l’univers existe. Soyez curieux. Et quelque difficile que la vie puisse sembler, il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire et réussir. Ce qui importe, c’est simplement que vous ne renonciez pas ».

 Dans son adresse, Hawking parle de sa scolarité médiocre à St Albans (à 10km de Watford et 40km de Londres) où il avait grandi.

 Il conclut ainsi : « notre image de l’univers a beaucoup changé dans les 40 ans passés et je suis heureux d’y avoir apporté une petite contribution. Le fait que les humains – qui sommes nous-mêmes de simples collections de particules de la nature – ont été capables de tant s’approcher d’une compréhension des lois qui nous gouvernent, nous et notre univers, est un grand triomphe. »

 Photo « The Guardian » : Stephen Hawking

Après 18 ans, Justice

En Grande Bretagne, deux hommes viennent d’être condamnés pour le meurtre raciste d’un jeune homme de 18 ans, 18 ans après les faits. L’événement suscite une émotion considérable dans le pays.

 Le 22 avril 1993, Stephen Lawrence, dix-huit ans, était poignardé par un gang de jeunes racistes à Eltham, dans le sud-ouest de Londres. Bien vite, cinq suspects furent identifiés mais la police mit des semaines avant d’enquêter sérieusement, leur laissant tout le temps d’effacer les traces.

 Les parents de Stephen, et en particulier sa mère Doreen, menèrent un combat incessant pour obtenir justice. Un premier procès en 1996 conduisit à l’acquittement de trois accusés faute de preuve. En 1997, le Daily Mail fit sensation en publiant en première page la photo des suspects avec la manchette « Assassins : le Mail les accuse de meurtre ; si nous avons tort, qu’ils nous poursuivent en justice ».

 En 1998, une enquête menée par Lord Macpherson conclut que l’enquête avait été « entachée d’incompétence professionnelle, de racisme institutionnel et de manque de leadership par les officiers supérieurs ». Le rapport proposa au gouvernement soixante dix réformes pour s’attaquer au racisme dans les institutions, en particulier dans la police.

 En 2005, le Parlement ouvrit la voie à un second procès en supprimant du droit pénal une clause qui empêchait de rejuger un prévenu pour un crime qui avait déjà fait l’objet d’un procès. Une nouvelle enquête fut ouverte en 2007, avec d’énormes moyens financiers et techniques, notamment l’usage d’une nouvelle technologie permettant d’analyser des traces d’ADN microscopiques. Le 22 avril 2008, alors qu’un service religieux marquait le quinzième anniversaire de l’assassinat de Stephen en présence de Gordon Brown et David Cameron, l’enquête marqua un pas décisif : des traces de sang avaient été découvertes au microscope sur le col de la veste d’un des suspects. Le code ADN correspondait à celui de Stephen. C’est cette découverte qui conduisit à l’inculpation de Gary Dolson et David Norris et à leur condamnation à 15 et 14 ans de prison.

 Trois des suspects restent en liberté, sans qu’aucun indice n’ait pu les confondre pour le moment ; les enquêteurs ont promis de poursuivre leurs efforts. Et surtout, le combat contre le racisme est loin d’être achevé : The Guardian indique que selon des sources officielles, un noir avait en 1999 – 2000 quatre fois plus de chances qu’un blanc d’être interpellé par la police ; une décennie plus tard, il a sept fois plus de chances ».

 Il reste que la lutte obstinée des Lawrence a éveillé les consciences en Grande Bretagne, rendu l’expression publique du racisme inconfortable et obligé les institutions à se doter de procédures et de structures pour traquer le racisme en leur sein. « Après 18 ans, Justice », titre The Guardian, qui le 4 janvier consacrait toute sa première page et huit pages au total à ce verdict historique.

 Photo « The Guardian » : la famille Lawrence parle aux journalistes à la porte de la Cour Royale de Justice.

3112 Vendredi Blanc

L’Ile de Samoa a marqué l’actualité : elle est passée sans transition du 30 décembre 2011 au 1er janvier 2012 et, habituée à être le dernier pays à célébrer la nouvelle année, a ouvert les festivités.

 Pour les Samoans, le vendredi 31 décembre a donc été transformé en journée blanche, purement et simplement rayée du calendrier. Samoa se trouve sur la mappemonde à 180° du méridien de Greenwich. Elle appartenait depuis 1892 à l’hémisphère Est ; elle vient de se tourner résolument vers l’Ouest. La raison en est que ses principaux partenaires commerciaux, en même temps que ses principales destinations d’émigration, sont l’Australie et la Nouvelle Zélande.

 Envions les Samoans. Les fonctionnaires insulaires ont été payés pour la journée du vendredi 31 décembre, bien qu’aucune minute de travail n’ait pu être fournie dans une journée qui n’a jamais existé. Envions aussi les Samoans pour la liberté que leur situation géographique leur confère d’être maîtres du temps, premier ou dernier pays à inaugurer la nouvelle année, capable selon les convenances de supprimer ou d’ajouter un jour au calendrier.

 On serait tenté de relever que le nouveau calendrier samoan illustre le basculement de la richesse et du pouvoir de l’Occident à l’Orient.  Ce serait vrai si l’on ajoutait que, vu de Samoa, l’Occident est à l’Est et l’Orient à l’Ouest !

 Photo « The Guardian » : feu d’artifice du nouvel an à Sydney

Nouvel An sous la pluie

Il fait déjà presque nuit bien que la montre ne marque que 15h30. Il pleut. Dans Cassiobury Park, je croise des amoureux encapuchonnés et enlacés, de jeunes enfants qui ont convaincu leurs parents de les laisser essayer leur rutilant vélo de Noël malgré la certitude de revenir à la maison trempé, des propriétaires de chiens qui n’ont pas voulu comprendre que c’est un temps à ne pas les mettre dehors.

 La pluie crépite sur mon parapluie et j’éprouve le plaisir enfantin de se sentir lové dans un espace protégé, sec et serein. Comme un enfant, je sautille pour éviter  les flaques d’eau.

 Dans mon cœur, je chante sous la pluie. L’an 2012 commence par un plaisir simple.