Agony Aunt

 

Le décès de Claire Rayner (1931 – 2010) bouleverse le Royaume-Uni. Journaliste du courrier du cœur, elle a aidé des milliers de personnes à surmonter leurs difficultés. Elle était aussi une militante.

Le métier de Claire Rayner était chroniqueuse du courrier du cœur. En anglais, « agony aunt », la tante à qui l’on confie ses tourments. Elle avait commencé comme infirmière en pédiatrie, écrivit des articles et des romans inspirés de son expérience hospitalière et franchit le pas du journalisme en 1962. Au sommet de son activité, travaillant à la fois pour des journaux et des chaînes de télévision, elle traitait 1000 lettres par semaine, s’engageait à répondre à chacune d’elles et employait six secrétaires, un assistant de recherche et un employé postal. « Chaque personne est fascinante, disait-elle. Je ne peux pas résister aux histoires d’autres personnes. Je lis beaucoup – des romans – j’aime les histoires. Les histoires des vies des gens ».

Claire n’avait peur de rien. Elle réussit à convaincre la rédaction en chef du Sun, le quotidien populaire à grand tirage, de s’intéresser aux problèmes des hommes. Sa rubrique sur l’éjaculation précoce, un sujet alors tabou, lui valut 18.000 lettres en une semaine !

Claire était impliquée dans des dizaines d’associations humanitaires. Athée et républicaine dans un pays où ces convictions ne sont guère populaires, elle les affirmait avec force. Atteinte d’un cancer, regardant la mort en face, elle avait souhaité que ses dernières paroles fussent : « Dites à David Cameron que s’il étrangle mon cher NHS (le service national de santé) je reviendrai et le hanterai de mauvaise manière. »  Des journalistes d’ITV remarquaient, le lendemain de son décès, que ce serait plaisant de la voir revenir.

Le mari de Claire a déclaré : « j’ai perdu ma meilleure amie et mon âme sœur. Je suis immensément fier d’elle ».

Ecrit d’après les articles de Suzie Hayman, John Plunkett et Roy Greenslade dans The Guardian du 13 octobre 2010. Photo de Claire Rayner dans sa maison d’Harrow en 2003, The Guardian.

Charlie

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Charlie est ce personnage anonyme de Martin Hanford qu’il faut reconnaître dans une foule immense.

Charlie arrive chaque matin à 8h00. Comme il vient au bureau en voiture et que la circulation dans une grande ville est imprévisible, on peut se demander s’il ne patiente pas sur un parking voisin jusqu’à ce que sonne l’heure juste. Il dépose son cartable à ses pieds, en extrait une bouteille d’eau, ouvre son ordinateur. Son rôle est de payer des factures. Il le fait avec application, pas trop vite, mais aussi sans perdre du temps à faire la conversation. Il feuillette des documents, les vérifie, en saisit le contenu à l’écran, les tamponne et les classe. Il travaille ainsi pendant quatre heures et trente minutes. Il prend alors la pause règlementaire de quarante cinq minutes, à son poste de travail, avec un sandwich. Il se consacre à faire des réussites sur son ordinateur.

L’après-midi se déroule sur le même mode : factures, tampon, écran, factures, tampon, écran. A 16h30 précises, Charlie quitte son poste, sans un au-revoir à ses collègues.

Charlie est en fin de carrière. A le voir, me viennent à la bouche les paroles de la chanson de Jean Ferrat sur les jeunes femmes qui, mariées jeunes et mères de famille, n’ont d’autre horizon que leur cuisine  et leur buanderie :

Faut-il pleurer, faut-il en rire ?

Fait-elle envie ou bien pitié ?

Je n’ai pas le cœur à le dire

On ne voit pas le temps passer.

Illustration : Charlie, le voyage fantastique

Robert et Louise

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L’inventeur de la fécondation in vitro, le Britannique Robert Edwards, vient de se voir attribuer le prix Nobel de Médecine.

Le 25 juillet 1978, Louise Brown naissait dans un hôpital de Manchester. Elle était le premier « bébé éprouvette », le premier d’une série de plus de quatre millions de bébés qui ne seraient jamais venus au monde sans les recherches menées par Edwards et ses équipes.

La photo est émouvante. Elle représente Robert Edwards en compagnie de Louise il y a deux ans, avec sa maman et sa petite fille, née naturellement. Bravo et merci, Professeur Edwards !

Photo : Yahoo ! 

« Places », un nouveau service de Facebook

 

Facebook lance un nouveau service, Places, qui permet aux utilisateurs de savoir instantanément où se trouvent leurs « amis ». Dans le Sunday Times du 26 septembre, le journaliste Stephen Armstrong s’interroge sur la signification sociale de cette innovation.

Lorsqu’il est programmé « par défaut », le service Places permet à une personne de localiser ses « amis » partout dans le monde et de repérer les utilisateurs de Facebook qui se trouvent au même moment dans la même rue ou dans le même restaurant. Chacun peut naturellement se connecter ou se déconnecter du service à tout moment, et il est possible de régler les paramètres de confidentialité pour éviter de communiquer des informations à des indésirables. Des cas de cambriolage ont ainsi été rapportés, les bandits ayant tranquillement consulté Places et mis à profit l’absence des propriétaires de leur domicile pour passer à l’action.

Il y a de grandes différences de comportements dans le réglage des paramètres de confidentialité. Le journaliste cite Alan Redman, un psychologue des affaires. « Il y a des indigènes du numérique, qui y publient tout, et les immigrants du numérique, ou extraterrestres du numérique (« aliens »), qui ne comprennent pas pourquoi. On voit cela clairement sur le lieu de travail. Certains employeurs ne comprennent pas pourquoi les gens révèlent tant de choses de leur vie privée, et il y a eu beaucoup de cas de licenciements avérés à cause de cela. Facebook Places ouvre des questions toutes nouvelles : qu’est-ce que mon employeur devrait savoir de mon comportement ? Est-ce qu’il devrait pouvoir suivre mes mouvements, même si je le laisse faire ? »

Photo « transhumances ».