Le système de santé britannique s’exporte

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Le National Health Service (NHS) est encouragé à vendre ses services à de riches malades étrangers et à se développer hors des frontières britanniques.

Depuis le gouvernement travailliste Attlee au lendemain de la seconde guerre mondiale, le système de santé britannique est public et gratuit. Le personnel de santé est salarié de l’Etat. L’attachement des britanniques à ce système étonne les français. Il tient certainement au miracle que représenta à ses débuts l’accès de tous à la santé ; il s’explique peut-être aussi par le fait que, dans la société si hiérarchisée du Royaume Uni, c’est sans doute le seul système qui grarantisse un accès égal pour tous ; son image a aussi profité des investissements importants réalisés lorsque le parti travailliste était au pouvoir. Toujours est-il que le NHS a été écarté par le Parti Conservateur du champ des coupes budgétaires massives, signe qu’il serait politiquement dommageable de toucher à ce symbole.

Toutefois, le Secrétaire à la Santé Andrew Lansley vient d’annoncer une mesure qui changera significativement le profil du NHS. Les « trusts » du NHS ne seront désormais plus limités dans les sommes qu’ils pourront facturer à des clients privés, ainsi que l’écrivent Randeep Ramesh et Rachel Williams dans The Guardian le 2 août.

Le mouvement a commencé. L’hôpital Christie de Manchester, le plus grand centre anticancéreux en Europe, vient de signer un accord avec le plus grand groupe hospitalier du monde, l’Américain HCA. La clientèle recherchée est celle des riches de Russie ou du Moyen Orient. Un nouvel hôpital, privé, va être construit à Christie, ce qui entrainera le triplement des recettes privées. L’hôpital ophtalmologique de Moorfield à Londres a créé un hôpital à Dubaï et envisage d’en ouvrir un autre à Abu Dhabi. Il réalise 13 millions de sterlings de chiffre d’affaires avec des clients étrangers.

Ce mouvement est loin de faire l’unanimité. On craint que des ressources soient dérivées vers la satisfaction des clients privés et que recommencent les files d’attente pour bénéficier d’une opération. On craint aussi que les Trusts se fassent concurrence les uns aux autres, sans compter la concurrence croissante des hôpitaux indiens. D’autres toutefois se demandent si l’internationalisation des hôpitaux britanniques ne se produit pas trop tard, alors que les Etats-Unis, l’Allemagne, la Malaisie ou l’Inde ont pris de l’avance.

Photo : équipe de soignants dédiée aux clients privés à l’hôpital Christie de Manchester, tirée du site Internet de l’hôpital.

Boris Bike

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Le maire de Londres Boris Johnson vient d’inaugurer l’émule londonien du « Vélib ».

Le nom officiel du système est « Barclays Cycle Hire », mais les londoniens l’ont immédiatement rebaptisé « Boris Bike », du prénom de leur maire charismatique. 5000 bicyclettes sont en location, réparties entre 315 stations.

Depuis 10 ans, le nombre de déplacements à bicyclette à Londres s’est accru de 117%. La crise aidant, les achats de bicyclettes ont augmenté de 25% au Royaume Uni au cours des trois dernières années ; les achats d’automobile ont diminué de 13%.

Dans The Independant du 1er août, la journaliste Susie Mesure indique qu’il faudra investir massivement dans les pistes cyclables et limiter la place des voitures si l’on veut vraiment atteindre l’objectif officiel, décupler la part du vélo dans les déplacements urbains.

Dans la première moitié du vingtième siècle, le vélo était le moyen de transport de la classe ouvrière. Susie Measure révèle que la bicyclette est maintenant l’apanage des classes aisées. Les ménages se situant dans le premier quintile de revenu parcourent 77 miles par an ; ceux qui se situent dans le dernier quintile parcourent seulement 32 miles.

Photo : Boris Johnson inaugure le Barclays Cycle Hire devant le London Eye.

Black Country

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Le Musée Vivant du Pays Noir (Black Country Living Museum) à Dudley, dans la grande banlieue nord-ouest de Birmingham, fait revivre l’histoire d’une région minière qui reste fortement industrielle.

Plus qu’un musée, il s’agit d’un parc d’attraction pour les enfants comme pour les adultes. On ne sait jamais bien quelle tranche du passé il s’agit de faire revivre : les années 1800 se fondent allègrement avec les années 1950 dans l’exaltation d’un passé où le pays noir était l’atelier du monde. On est transporté par un trolleybus à étage qui n’existe plus nulle part, on est interpellé par la vendeuse de fruits et légumes au seuil de sa boutique des années trente, on subit une leçon de lecture dans l’école primaire sous la baguette d’une maîtresse tout droit sortie de Dickens, on assiste au travail du forgeron.

L’attraction le plus impressionnante est une mine de charbon juste sous le niveau du sol. Dans l’obscurité, le froid et l’humidité on découvre des mannequins affairés aux tâches que les mineurs exécutaient au dix-neuvième siècle. Le degré de précarité de la vie de ces hommes est impressionnant. On comprend pourtant la fierté qu’ils tiraient de l’extraction du coke qui allait mouvoir les machines et réchauffer les humains.

Il y a des manèges et des balançoires. Ils datent des années 1930. La chapelle méthodiste, désaffectée lors de la création du musée, a été de nouveu ouverte au culte.

Photo « transhumances » : carreau de mine au Black Country Living Museum. Site Internet : www.bcml.co.uk

Les Quakers au cœur de la révolution industrielle

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Abraham Darby, l’inventeur à Iron Bridge de la réduction du fer par le coke, était un Quaker.

L’appartenance d’Abraham Darby à la Société Religieuse des Amis (aussi appelés Quakers), mouvement religieux apparu dans la seconde moitié du dix-septième siècle, ne doit rien au hasard.

Les Quakers professent que les gens ordinaires pouvaient avoir une expérience directe du Christ Eternel, sans la médiation d’un clergé. Ils pensent que les hommes sont nés égaux. Leurs mots clés sont paix, égalité, intégrité, simplicité. Ils refusent de prêter serment, ce qui les exclut a priori des fonctions publiques. Beaucoup de Quakers se firent industriels car c’était l’espace de liberté qui s’ouvrait à eux. Pour mentionner quelques uns des plus fameux, John Cadbury, fondateur de la chocolaterie et de la ville verte de Bournville, près de Birmingham, et les frères Clark, fondateurs de la marque de chaussures Clarks.

Des banques (Barclays, Lloyds) et des institutions humanitaires (Amnesty International, Greenpeace, Oxfam) ont pour origine des Quakers.

La visite de la maison Darby est émouvante dans sa simplicité. A quelques centaines de mètres se trouve le petit cimetière Quaker. Les corps ont été enterrés sous la pelouse d’un étroit enclos bordé de hauts murs. Les pierres tombales, sans rien qui distingue le maitre du serviteur, sont alignées le long des murs.

Photo « transhumances » : cimetière Quaker à Coolbrookdale, Iron Bridge, Telford.