Château de La Brède

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Le château de La Brède, à 20 km au sud de Bordeaux, est un lieu de promenade ravissant et émouvant.

Le château est le lieu où naquit en 1689 Charles-Louis de Secondat baron de la Brède et de Montesquieu, connu sous le nom de Montesquieu, qui y séjourna souvent jusqu’à sa mort en 1755. Les descendants de Montesquieu y ont vécu jusqu’à ce que, dans les années quatre-vingt dix, la dernière descendante en fît don à une fondation qui gère aujourd’hui le domaine.

Construit au quatorzième siècle comme une forteresse octogonale entourée de douves, le château a subi une profonde restauration pendant la Renaissance. Une partie du mur d’enceinte a été abattue et de grandes fenêtres ont été percées. Tout un symbole : Montesquieu ouvrira lui-même grand les fenêtres de la monarchie française, parcourant l’Europe à la recherche d’idées et de références et inventant ce qu’on appellera plus tard la séparation des pouvoirs, à la base des systèmes démocratiques.

Le site du château et son architecture diffusent un sentiment d’harmonie et de sérénité. La visite confirme ce sentiment. Tant par sa taille humaine que par le fait qu’il a été habité par des dizaines de générations, il donne l’impression d’un vrai lieu de vie. L’usage de boiseries dans presque toutes les pièces renforce cette impression chaleureuse.  La bibliothèque, une grande salle recouverte d’une voûte réalisée par un charpentier de marine, est pleine de la présence de Montesquieu.

Montesquieu était propriétaire de vignes. Aujourd’hui encore, celles-ci structurent le paysage. Près de La Brède, le château de Smith Haut Lafitte est d’un grand intérêt pour son architecture, par les rangées de vignes gorgées de raisin en cette fin d’été et par les sculptures qui parsèment le domaine.

Photo « www.chateaulabrede.com »

Œil pour œil

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Au nom du principe « œil pour œil », un juge saoudien vient de demander à deux hôpitaux s’ils accepteraient de sectionner la moelle épinière d’un homme accusé d’avoir rendu paraplégique un homme qu’il avait blessé.

The Guardian du 19 août mentionne une dépêche d’Associated Press : « un juge saoudien a demandé à plusieurs hôpitaux s’ils pourraient endommager la moelle épinière d’un homme après qu’il eut été condamné pour avoir attaqué un autre homme avec un couteau de boucher et l’avoir rendu paralysé. C’est ce qu’ont rapporté des journaux hier. L’Arabie Saoudite applique la Charia strictement, et il lui arrive de décider de punitions fondées sur l’ancien code de « l’œil pour œil dent pour dent ».

Abdul Aziz Al Matari, 22 ans, qui était resté paralysé à la suite d’une agression, demanda au juge d’appliquer à son attaquant, selon la Charia, une punition équivalente. Le journal Okaz dit qu’un juge de la province de Tabuk, dans le nord-ouest du pays, a demandé à au moins deux hôpitaux une opinion médicale sur la question de savoir s’il serait possible de rendre la moelle épinière inopérante. L’article indique que le principal hôpital de Riyad, l’hôpital spécialisé Roi Faysal, ne procèderait pas à l’opération. Il cite une lettre de l’hôpital disant « qu’il n’est pas possible d’infliger un tel dommage », fondant apparemment son refus sur des raisons éthiques. »

Les religions se prêtent à des interprétations légalistes. Pour nombre de fanatiques, Dieu est un Juge tout puissant qui fait appliquer un code rigide et inspire la terreur. Mais la compassion (l’un des piliers de l’Islam sous le nom d’aumône) fait aussi partie du patrimoine génétique des religions. Nombre de croyants prient un Dieu qui est esprit, énergie et amour. Fanatiques et prophètes peuvent-ils coexister ? Ou bien faut-il maintenant chercher des vérités multiples, sans la sécurité des dogmes, hors des religions ?

Illustration: Yves Tanguy, indefinite divisibility, Bullaflo Museum

Postpositions

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Les postpositions sont le sel de la langue anglaise.

Tous les étudiants de la langue anglaise connaissent l’importance des postpositions, ces particules invariables qui se placent après un verbe et en changent le sens : « to look at someone », c’est regarder quelqu’un, « to look after someone », c’est le chercher.

En anglais, la créativité se niche souvent dans les postpositions. En associant un verbe avec une postposition dans une configuration unique, on réussit à exprimer en peu de mots une idée qui, en Français, requiert une longue explication. Voici un titre de The Guardian du 17 août : « woman suspected of killing husband is talked down from hill ». Le début de la phrase ne pose pas de difficulté en français : il s’agit d’une femme suspectée d’avoir tué son mari. Le reste est plus difficile : on lui a parlé (talk) de manière à ce qu’elle consente à descendre (down) d’une falaise (cliff) et renonce à se suicider en se jetant dans le vide.

L’efficacité de cette phrase est stupéfiante. Une anthologie des postpositions en dirait plus de la culture britannique que des traités de sociologie.

Un mot de la falaise en question : il s’agit de Beachy Head, à l’ouest d’Eastbourne sur la côte sud de l’Angleterre, dont le vertigineux aplomb attire les candidats au suicide de tout le pays. Les jours d’affluence, des aumôniers patrouillent pour les dissuader. En équipe avec la police, ils ont réussi à convaincre Sally Challen, 56 ans, de ne pas se jeter dans le vide dans le remords d’avoir tué son mari : « des agents de police et les aumôniers ont réussi à accompagner une femme de 56 ans du Surrey jusqu’en lieu sûr depuis le bord de la falaise de Beachy Head, après avoir parlé avec elle plus de trois heures dimanche après-midi », dit un communiqué de la police.

Photo « transhumances » : Beachy Head