Justice pour les victimes du Bloody Sunday

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Encore une fois, le caricaturiste Steve Bell a su mettre en scène un moment historique : justice vient d’être rendue aux victimes du « Bloody Sunday », le massacre par l’armée britannique de participants à une marche pacifique à Derry, en Irlande du Nord, le 30 janvier 1972.

Le 15 juin, le Premier Ministre britannique David Cameron a révélé le rapport de Lord Saville sur le Bloody Sunday. Commandée il y a 12 ans par Tony Blair, l’enquête a été critiquée tant par sa durée que par son coût, 195 millions de livres. Mais sans doute fallait-il qu’il en fut ainsi pour que Cameron puisse dire, sans être contredit : « je ne veux jamais croire quoi que ce soit de mal à propos de notre pays. Mais les conclusions sont absolument claires. Il n’y a pas de doute. Il n’y a rien d’équivoque. Il n’y a pas d’ambigüités. Ce qui c’est passé le jour du Bloody Sunday fut à la fois injustifié et injustifiable. Ce fut erroné. »

Les parachutistes tirèrent sur des hommes sans armes, parfois dans le dos alors qu’ils fuyaient ou secouraient les blessés. Ils mentirent aux enquêteurs.

A Derry, le discours du Premier Ministre fut reçu sans triomphalisme mais avec le sentiment que justice avait, enfin, été rendue.

Illustration : caricature de Steve Bell parue le 16 juin dans « The Guardian ».

Langues nationales ?

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En Belgique, le score élevé obtenu aux élections par le parti autonomiste flamand NVA atteste de l’exacerbation du conflit linguistique dans le pays.

Pourtant, Gary Young explique dans le quotidien britannique The Guardian le 15 juin que les langues nationales sont souvent le fruit et l’instrument de l’unification politique des pays, alors qu’on les présente volontiers comme « les fondations primordiales de la culture nationale et les matrices de l’esprit national » (Eric Hosbawn).

Le meilleur exemple de cela est l’Hébreu, qui à la fin du 18ième siècle se trouvait réduit à une langue classique – une langue religieuse réservée aux liturgies et à la synagogue- mais presque jamais parlée socialement. Le faire revivre d’une langue écrite à une langue parlée fut regardé comme crucial par le projet sioniste qui créa l’Etat d’Israël. C’est une langue maternelle que les enfants ont enseigné à leurs mères.

Historiquement, il y a un lien particulièrement lâche entre les nations modernes et leur soi-disant langue nationale. L’idée qu’un monarque britannique devrait parler l’anglais comme sa langue natale – ou même la parler tout court – est relativement récente, et les barons responsables de la Carta Magna, qui sont aujourd’hui célébrés parmi les premiers patriotes, ne parlaient pas anglais. Hobsbawm estime que seuls 2.5% des Italiens parlaient la langue nationale au moment de l’unification. « Nous avons fait l’Italie. Maintenant nous devons faire les Italiens », dit Massimo d’Azelio à la première réunion du Parlement de l’Italie unifiée en 1861.

Au moment de la révolution française, la moitié de la France ne parlait pas français et seulement 12 – 13% le parlait correctement. Et en Espagne, la question est loin d’être résolue. La langue officielle est le castillan, mais environ un quart du pays parle aussi l’une des trois langues régionales co-officielles, le catalan, le basque ou le galicien.

« Le 19ième siècle en Europe a marqué un tournant historique dans la construction du nationalisme moderne », écrivent Tony Judt et Denis Lacorne dans leur introduction à la Politique du Langage. « Nul ne dit plus que la nation existe parce qu’elle a une langue », mais plutôt « la nation existe, il faut donc lui donner une langue », quitte à reléguer les langues effectivement parlées au statut de dialectes.

Photo « The Guardian » : Bart De Wever, leader du parti autonomiste flamand NVA avec des supporters.

Fièvre du football

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La fièvre du football s’est emparée de l’Angleterre comme de nombreuses autres nations.

Bien que la Coupe du Monde de football ait commencé de manière décevante pour l’Angleterre (1-1 contre les Etats-Unis), les supporters anglais croient que leur équipe peut aller en finale et l’emporter. Ils ont les joueurs d’exception, tels Romney, Gerrard ou Lampard. Ils ont un sélectionneur aux nerfs d’acier, Fabio Capello, recruté en Italie pour faire fonctionner ensemble ces individualités brillantes. Ils ont même eu leur commedia dell’arte, avec la destitution comme capitaine de John Terry, coupable d’avoir eu une « affaire » avec l’ancienne fiancée d’un coéquipier.

Dans les rues, les bars montent des écrans improvisés pour la vidéoprojection. Dans beaucoup d’entreprises, la projection des principaux matchs est prévue dans les locaux et horaires de travail.  Dans les rues, de nombreuses voitures arborent le drapeau de l’Angleterre.

Photo « transhumances » : « mini » aux couleurs de l’Angleterre à Hampstead

Les gènes de l’autisme

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Des scientifiques sont sur la voie d’établir les déclencheurs génétiques de l’autisme, permettant ainsi un diagnostic précoce de cette condition. C’est ce que disent les journalistes du quotidien britannique The Guardian Alok Jha et Sarah Boseley dans un article paru le 10 juin.

Dans un article paru dans la revue Nature, des scientifiques partie prenante du « Autism Genome Project » indiquent qu’en comparant des caractéristiques génétiques de populations d’autistes et de personnes non affectées, ils ont identifié des variations génétiques plus fréquentes dans le premier groupe. Ces « copy number variations » peuvent consister dans des bouts d’ADN manquants ou au contraire des copies supplémentaires de séquences dans les gènes et autour.

Cette découverte donne l’espoir d’une détection précoce du risque d’autisme chez les jeunes enfants. « Actuellement le diagnostic de l’autisme est entièrement comportemental et dure longtemps. Les parents sont soumis à un long processus dans lequel leur enfant est évalué, dit Louis Gallagher du Trinity College de Dublin. Certains enfants ne reçoivent pas de diagnostic avant l’âge de cinq ans. Grâce à une détection précoce, ces enfants pourraient bénéficier d’une intervention plus tôt, susceptible de limiter la gravité de leur condition ».

La National Autistic Society l’appelle  « un handicap de développement qui dure pour la vie et affecte la manière dont une personne communique et est en relation avec les gens qui l’entourent ». C’est un spectre de dysfonctionnements, et non un seul, qui implique une « triade de désajustements » : difficultés avec la communication sociale, l’interaction sociale et l’imagination sociale. Les personnes autistes ne peuvent « lire » les autres personnes à la manière dont la plupart des adultes arrivent à le faire. Elles ne comprennent pas le langage corporel ou les expressions faciales et peuvent prendre les plaisanteries au pied de la lettre. Quelques unes peuvent ne pas parler mais communiquer par des gestes. Elles peuvent se tenir trop près ou dire des choses qui semblent impolies ou déplacées. Elles peuvent ne pas être capables de se placer dans les bottes d’une autre personne ou de prédire ce que leur compagnon est sur le point de dire ou faire.

Référence de l’article du Guardian : http://www.guardian.co.uk/science/2010/jun/09/genetics-autism-story-tracker. Photo du film Rain Man, avec Dustin Hoffman et Tom Cruise (1988)