Bangalore

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Plusieurs membres de mon équipe de Watford sont allés à Bangalore étudier les possibilités de sous-traitance de processus actuellement exécutés en Grande Bretagne.

Ce voyage d’études s’inscrivait dans un projet visant à identifier des tâches manuelles répétitives qui sont actuellement exécutées à Watford et qui pourraient être transférées à moindre coût à nos collègues indiens. L’idée est de maintenir le même nombre de salariés en Grande Bretagne malgré une croissance de 10% par an. Elle est aussi d’accroître la compétence du personnel dans le service aux clients et la maîtrise des risques.

La mission d’étude a été impressionnée par ce qu’elle a trouvé à Bangalore. Les collègues indiens travaillent dans des bureaux peut-être plus modernes et fonctionnels que ceux que nous occupons à Watford, malgré un loyer 80 fois inférieur. La plupart d’entre eux détiennent un double diplôme universitaire, en ingénierie et en finance. Le taux de chômage des jeunes diplômés est si élevé que même des emplois peu qualifiés sont fébrilement recherchés.

Nos collègues indiens utilisent tous les systèmes informatiques de l’entreprise et les maîtrisent dans le détail. Le temps d’apprentissage de nouveaux procès est minimal. Des contrôles de qualité sont systématiquement mis en place et appliqués rigoureusement. Nous découvrons que si nous pensions leur confier des tâches que l’on n’a pas pu encore informatiser, ils sont capables de prendre en charge des fonctions qualifiées.

Nos collègues indiens travaillent par équipes pour s’adapter aux fuseaux horaires de Tokyo, de Paris et de New York. Bien souvent, la journée s’achève pour eux lorsque toutes les tâches ont été menées à bien.

Nous touchons du doigt la réalité de la mondialisation. L’avance de l’occident en termes de technologie et d’organisation se réduit à grande vitesse. Mon équipe de Watford doit évoluer vers des fonctions à plus grande valeur ajoutée, exécutées dans une organisation de dimension internationale : même avec de la formation, tous en seront-ils capables ?

Illustration : pièce Disconnect de Anupama Chandrasekhar

Devoir de mémoire

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Berlin est une ville au passé déchirant, entre le troisième Reich et le Mur de la Honte. Les Berlinois s’efforcent de ne pas oublier.

Près de la Porte de Brandebourg, des centaines de stèles grises, de tailles et d’inclinaisons différentes constituent l’Holocaust Mahnmal, le mémorial de l’holocauste.

Aux environs de la Porte de Brandebourg, des croix blanches célèbrent la mémoire de Berlinois de l’est tués alors qu’ils tentaient de franchir le mur.

A côté du musée d’histoire allemande, la Neue Wache est un mémorial aux victimes du fascisme et du militarisme. Sous la voute se trouve une statue de Käte Kollwitz, la mère et l’enfant.

A proximité du Kulturforum, la prison de Plötzensee, où furent décapités ou pendus des milliers d’opposants au nazisme, dont les auteurs de l’attentat contre Hitler, a été transformé en mémorial de résistance allemande.

Cette volonté de regarder l’horreur en face peut troubler le visiteur d’un week-end. Pourtant, le devoir de mémoire est fondateur de l’Allemagne d’aujourd’hui, un pays qui se veut ouvert, tolérant et démocratique.

Photo Fabienne Bonnet : « Mémoire », l’Holocaust Mahnmal. www.prismatic.aminus3.com

Etonnantes élections britanniques

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Les élections du 6 mai en Grande Bretagne ont été pleines de surprises, pour les Britanniques et plus encore pour les observateurs de l’étranger.

La surprise majeure est l’absence de traduction de la « Cleggmania » sur le résultat des élections. Non seulement le Parti Libéral Démocrate ne progresse pas, mais il perd 5 sièges !

Un observateur français est dérouté par la manière dont les Britanniques vivent l’élection. Le fait qu’elle se déroule un jeudi est presque anecdotique. Ce qui surprend, c’est la polarisation exclusive sur le nombre de sièges. En France, on se focalise d’abord sur le taux de participation. Ici, on n’apprendra qu’incidemment qu’il a été de 65% au lieu de 61% en 2005. La forte participation a été soulignée par les journaux, mais surtout parce qu’ici et là des électeurs de la dernière heure se sont vu interdire l’accès aux bureaux de vote après des heures de queue.

En France, on accorde une grande importance au pourcentage des votes pour chaque parti : 36% pour les Conservateurs, 29% pour les Travaillistes, 23% pour les Libéraux Démocrates. De l’autre côté de la Manche, ce qui compte est le nombre de sièges, respectivement 306 (+97) pour les Conservateurs, 258 (-91) pour les Travaillistes, 57 (-5) pour les Libéraux Démocrates. Un observateur français remarquera que 2 millions d’électeurs de plus ont voté pour les Conservateurs que pour les Travaillistes, et 1.4 millions de plus pour les Travaillistes que pour les Libéraux Démocrates. Il s’indignera de ce qu’il y faille 120.000 électeurs pour élire un député Libéral Démocrate, 35.000 pour un député Conservateur et 33.000 pour un député Travailliste.

 La démocratie est solide des deux côtés de la Manche. Mais elle est vécue de manière bien différente.

Photo The Guardian : les médias à Westminster.

Egales opportunités

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L’un des modules de formation à distance obligatoires pour les salariés de mon entreprise au Royaume Uni a pour nom « égales opportunités et diversité ».  Son contenu serait vraisemblablement très différent de l’autre côté de la Manche.

Comme nombre d’entreprises du secteur financier en Grande Bretagne, celle où je travaille impose à son personnel de suivre des programmes de formation par Internet sur des sujets de « compliance », c’est-à-dire de respect de la législation. Ces programmes couvrent une variété de sujet tels que les mesures contre le blanchiment d’argent ou le respect du consommateur. Un module traite des égales opportunités et de la diversité.

Le module explique pourquoi l’entreprise et chacun de ses membres ont intérêt à la diversité, c’est-à-dire à la présence de personnes de sexes, âges, croyances ou ethnies différentes. Il détaille les règlementations qui garantissent d’égales opportunités à tous et punissent la discrimination en raison du genre, de l’orientation sexuelle, de la nationalité, de la couleur, de la race, de l’origine ethnique, de la religion ou d’un handicap.

Les « égales opportunités » sont garanties par la loi dans tous les pays européens. Toutefois, l’application est différente d’un pays à l’autre.

Lire un curriculum vitae en Grande Bretagne relève de l’herméneutique. Des informations cruciales comme le sexe ou l’âge des candidats sont omises, et aucune photo n’est fournie. Il faut s’efforcer de s’en faire une idée à partir de leur parcours universitaire et professionnel.

Une fois la personne recrutée, la situation est exactement inverse. Les directions de ressources humaines sont vivement encouragées à tenir des statistiques aussi détaillées que possible par genre, âge, groupe ethnique, handicap. En France, on crierait au fichage et on suspecterait des intentions malveillantes. En Grande Bretagne, il s’agit de mesurer les discriminations de manière à les corriger.

(Photo : Marathon de Sao Paulo, The Guardian)