La basilique Saint Julien de Brioude

 La basilique Saint Julien de Brioude, dans le Massif Central, est un chef d’œuvre de l’art roman.

 Nous quittons Anne et Benoît, qui nous ont chaleureusement accueillis dans leur superbe maison en Ardèche, et traversons le Massif Central de Privas au Mont Dore en remplissant nos yeux de paysages somptueux et en visitant à Brioude et Saint Nectaire des trésors de l’art roman.

 La basilique Saint Julien de Brioude est particulièrement intéressante. Elle présente de magnifiques chapiteaux. Un grand nombre de murs ont conservé leurs fresques d’origine – on sait que les églises du Moyen Age étaient intérieurement recouvertes de peintures et ignoraient la pierre nue que nous admirons tant aujourd’hui.

 Un artiste coréen, Kim en Joong, a été choisi il y a quelques années pour dessiner des vitraux seyant à cet édifice multiséculaire. Le résultat est excellent : le graphisme et les couleurs sont modernes mais participent de la même élévation d’âme que les architectes du onzième siècle avaient su insuffler à la basilique.

 Photo « transhumances »

René Payet, le « Don Camillo péi »

Le Journal de la Réunion et le Quotidien de la Réunion rendaient hommage hier à René Payet, qui vient de disparaître à l’âge de 89 ans.

 Son autobiographie avait pour titre « quel diable de prêtre » (Karthala 1996). On l’appelait aussi le prêtre rouge, ou encore le « Don Camillo Péi » (Péi = dont le pays est la Réunion). A vrai dire, l’analogie n’était pas appropriée. Loin de s’opposer aux Peppone du parti communiste réunionnais, René Payet en était le compagnon de route. Il avait longuement collaboré à leur journal, Témoignages, sous le pseudonyme de « Olivier Tienbo », qui en lui-même représentait un double clin d’œil à la créolité : « Tienbo » pour tiens bon ; O.T. pour « Oté ! », l’interjection favorite des Réunionnais (avec un sens voisin de « ça alors ! »).

 René Payet était en conflit chronique avec l’évêque Gilbert Aubry, qui ne supportait pas son engagement politique à gauche : René s’était présenté trois fois à des élections (sans jamais être élu) et avait présidé un Mouvement pour l’égalité, la démocratie, le développement et la nature, proche du Parti Communiste.

 En lisant les réactions des lecteurs du Journal de la Réunion on ressent, malgré les cicatrices des combats passés, une grande affection. Certains Réunionnais pouvaient ne pas aimer ses opinions et ses engagements, mais nombreux sont ceux qui ont été baptisés, catéchisés ou mariés par lui. Il faisait partie de la famille. On souligne sa profonde humanité, son humour, son courage.

 Grâce à Robert Ageneau, j’ai eu l’occasion de rencontrer René dans les années quatre-vingts et quatre-vingt dix. J’étais un jour allé à Orly l’accueillir à l’arrivée du vol Air France de La Réunion. Il m’indiqua qu’il avait des bagages à récupérer au terminal de fret. Les bagages en question étaient principalement des bombonnes de Rhum Charrette. Il sut se montrer convainquant : les douaniers fermèrent les yeux sur ce « cadeau pour les paroissiens exilés en métropole ».

 Quelques années plus tard, je lui rendis visite dans son presbytère de Saint Louis. Il me parla des pratiques de sorcellerie dans les hauts de la Réunion, de comment elles permettaient aux gens de conjurer une peur ancestrale. René aimait vraiment les gens et les comprenait.

 C’est une personne exceptionnelle qui vient de s’éteindre.

 Photo : Journal de la Réunion.

Le Poët Laval (Drôme)

Le Poët Laval, Château des Hospitaliers
Exposition "la couleur dans tous ses états"

Le Poët Laval est un village médiéval près de Dieulefit dans la Drôme provençale.

 Le village et son château, les Hospitaliers, était en ruines au début du vingtième siècle. Des travaux de restauration ont été menés pendant des dizaines d’années à l’initiative d’une association et par des particuliers qui ont aménagé des hôtels de charme et des ateliers d’artiste. Poët Laval fut aussi une place protestante : on y trouve un petit musée du protestantisme et le point de départ d’un sentier de randonnée qui mène en Suisse et en Allemagne, lieux d’exil des huguenots chassés par les dragonnades.

 Dans le château de Poët Laval se donne jusqu’au 11 septembre une magnifique exposition de Jacqueline Carron (travail sur les couleurs), Sabine Boisson (photographies) et Isabelle Jacquet (sculptures). Les œuvres sont mises en valeur par un éclairage judicieux dans de belles salles aux pierres apparentes.

Vieille rue au Poët Laval

 Dans le village, Naima Carbonare expose dans son atelier « l’Artisterie » des peintures-collages inspirées de la nature.

 Ce village est un hymne à la beauté.

 Photos « transhumances »

Trésors du Paradis

Le British Museum présente jusqu’au 9 octobre une exposition intitulée : Trésors du Paradis, saints, reliques et dévotion dans l’Europe médiévale.

 Jérusalem, Compostelle, Rocamadour, Cologne, Cantorbéry… Le Moyen Âge a été traversé par une ferveur religieuse qui, à partir de la découverte de la croix du Christ par Sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin, s’est appuyée sur des objets intimement associés à la vie des saints qui ont sublimé cette ferveur. L’exemple le plus étonnant de cette sacralisation des objets est un morceau du cordon ombilical de Marie à Jésus exposé dans un joli reliquaire appartenant au Musée de Cluny à Paris.

 La ferveur religieuse se transforme en émotion artistique. Les objets présentés par l’exposition, le plus souvent en métaux précieux forgés et sertis de pierreries, constituent de véritables trésors, magnifiquement mis en valeur par un éclairage savamment étudié.

 L’acquisition des reliques, la construction de sanctuaires pour les accueillir et l’organisation des pèlerinages représentaient un enjeu économique important. Pour acquérir la Couronne d’Epines, Saint Louis dépensa l’équivalent de la moitié du budget annuel du royaume et fit construire un écrin de verre, la Sainte Chapelle. En Grande Bretagne, les reliques de Saint Cuthbert à Durham et de Saint Thomas Beckett à Cantorbéry attiraient des foules immenses et polarisaient une part importante de la richesse produite.

 L’exposition rappelle l’extraordinaire voyage mondial des reliques de Sainte Thérèse de Lisieux, que nous avions croisé à Tolède il y a quelques années et qui est aussi passé par Londres. Le besoin de vénérer le souvenir de célébrités, religieuses ou profanes, prend des formes diverses aujourd’hui mais reste bien vivant.

 Illustration : British Museum.