Fraternité en 2012

The Guardian a sélectionné cette photo de Rich Lam parmi les meilleurs clichés de l’année 2011. Elle a été prise pendant des émeutes à Vancouver. Après avoir chargé les manifestants, la police s’était retirée. Pensant que la fille était blessée, le photographe prit cet instantané. Ce n’est qu’une fois rentré à sa base qu’il comprit que le couple s’embrassait.

 La meilleure photo de 2011 est le message que « transhumances » souhaite transmettre à ses lecteurs pour 2012. Nous sommes entrés dans des temps difficiles. On peut s’attendre à de nouvelles convulsions économiques, sociales et environnementales dans l’année qui commence. Ce qui importe dans la photo de Rich Lam, ce n’est pas la police, c’est le baiser.

 Le vœu de « transhumances » à ses lecteurs, c’est qu’ils vivent intensément les rencontres que la vie leur offre et qu’ensemble nous redécouvrions le troisième terme de la devise républicaine : Fraternité !

Joyeux Noël 2011 !

Sur les pentes du volcan de la Fournaise, à l’Ile de la Réunion, la nature reprend ses droits après que la lave a brûlé et broyé la végétation sur son passage inexorable. Tout espoir de vie et de couleurs semblait enseveli sous une masse de roche grise. Pourtant, une petite plante réussit à s’accrocher, à prendre fragilement racine et à fleurir, petite tache rouge sur la surface sombre, scarifiée et boursouflée.

 Petite fleur rouge de la solidarité lorsque la crise financière incite aux replis frileux.

 Petite fleur rouge des résistants de Homs face à la grise dictature syrienne.

 Petite fleur rouge de la lutte pour le respect de l’environnement.

Petite fleur rouge de la résilience dans l’épreuve.

 Petite fleur rouge de Noël !

 Joyeux Noël à vous, lecteurs de « transhumances », et à ceux qui vous sont chers !

Christmas Party 2011

J’ai déjà évoqué dans « transhumances » la « Christmas Party » qui rassemble le personnel de notre entreprise pour un soir de fête à l’approche de Noël.

 Le « social committee » a choisi cette année de célébrer Noël au château de Hatfield, à une vingtaine de kilomètres de Watford. Le château fête en 2011 son cinq centième anniversaire, mais la grande salle dans laquelle nous dînons existait déjà lorsque la future reine Elizabeth I (1533 – 1603) passait son enfance à Hatfield. Une troupe de comédiens anime un dîner tout élisabéthain, avec le roi Henri VIII et la reine Elizabeth eux-mêmes présidant le festin.

 C’est la cinquième fois qu’en tant que « managing director », je prononce un bref discours. La Christmas Party est un moment fort : je célèbre la communauté vibrante que nous constituons, les personnalités qui vont prendre leur retraite, le respect que nous nous gagnons progressivement sur notre marché. Il y a un an, toute une équipe travaillait pour l’activité de factoring. La stratégie a changé, le factoring a été abandonné et l’équipe a peu à peu quitté l’entreprise. L’entreprise vit de l’énergie et de la chaleur de la communauté d’hommes et de femmes qui la constitue, mais elle ne cesse aussi d’aspirer et de refouler des personnes. Nous vivons d’autant plus intensément la magie de Noël, ici et maintenant, que le temps file entre nos doigts comme de l’eau de source.

 Photo de la grande salle de l’ancien château de Hatfield préparée pour une Christmas Party.

Lire les Emeutes

Le quotidien « The Guardian » s’est associé avec la London School of Economics pour réaliser une ambitieuse étude sur les émeutes qui ont secoué la Grande Bretagne en août 2011. Intitulée « Reading the Riots » (lire les émeutes), l’étude a donné à lieu à une série d’articles et de tribunes sur les causes d’une agitation que le gouvernement britannique a largement imputée à des gangs de délinquants.

 Dans une première phase, les chercheurs ont interrogé 270 personnes impliquées dans les émeutes et travaillé la base de données de 2.5 millions de « tweets » échangés pendant la crise.  Ils vont maintenant s’intéresser à l’impact des événements sur les communautés affectées, les forces de l’ordre et le système judiciaire.

 Comme souvent, l’archevêque de Cantorbéry Rowan Williams a proposé une réflexion de fond. « Les rapports du Guardian Reading the Riots m’ont laissé avec une immense sensation de tristesse. Trop de ces jeunes estiment qu’ils ne peuvent pas avoir une relation ordinaire, humaine, respectueuse avec les adultes, – spécialement ceux qui sont en position d’autorité, la police par-dessus tout(…) Ce ne sont pas des gens qui se complaisent dans une culture de l’appropriation, et ce ne sont pas non plus, en général, des criminels convaincus. Ce ne sont pas non plus des héros de la protestation démocratique, la réponse de la Grande Bretagne à la Place Tahrir. Ce sont des gens qui ont un désir vague mais fort de ce qui ressemble à un emploi stable et n’ont aucune idée d’où le chercher ; qui globalement veulent vivre dans un climat où ils sont traités sérieusement comme travailleurs, comme citoyens, et comme des personnes avec des besoins ; et qui se sont habitués à être repoussés sur les marges.

 C’est pourquoi il y a un programme politique au sens le plus large : comment organiser notre vie ensemble en société ? Mais parce que beaucoup de ces gens sont endommagés – par leur histoire familiale, par une éducation dans des conditions presque impossible, par ce qui est ressenti comme une constante suspicion et discrimination – leur manière de relâcher la tension est destructrice et chaotique(…)

 La grande question que nous laisse Reading the Riots est si, dans notre société maussade, avec une inévitable austérité devant nous, nous avons l’énergie d’investir ce qu’il faut dans la famille, le voisinage et l’école pour venir en aide à ceux qui pensent qu’ils n’ont rien à perdre. Nous devons les convaincre, simplement, que nous, à la fois en tant que gouvernement et que société civile, nous mettrons de l’intelligence et des compétences pour leur donner la chance qu’ils n’ont pas. Sans cela, nous ferons face à d’autres éclats d’anarchie futile, dans lesquelles nous serons tous perdants. »

 Photo « The Guardian ».