Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, j’évoque une recommandation faite au ministre de la Justice d’accorder une réduction de peine exceptionnelle pour agir efficacement contre la surpopulation carcérale ; je constate que le concept de « grand remplacement » est pertinent pour caractériser le plan du gouvernement israélien de recoloniser Gaza ; je m’étonne de la vitesse à laquelle la Chine s’impose comme une puissance scientifique et technologique.
Agir efficacement contre la surpopulation carcérale
Les effets d’annonce du ministre de la Justice Gérald Darmanin alimentent régulièrement les chroniques d’étonnement de « transhumances ». Cette fois, il n’est pas à la manœuvre. L’AFP informe qu’un rapport, commandé par son prédécesseur Didier Migaud, lui a été remis en mars.
Rédigé par une équipe composée de magistrats, d’une avocate et d’un directeur de prison, le rapport affirme que « la surpopulation doit désormais être appréhendée pour ce qu’elle représente effectivement : un état d’urgence ». Ils préconisent, écrit l’AFP, « que le législateur détermine « en urgence » une « réduction de peine exceptionnelle » s’appliquant à tous les détenus condamnés et purgeant une peine d’emprisonnement en détention, « sous réserve des exclusions à déterminer par le Parlement » ».
Rappelons que, comme l’écrit la Cour des Comptes, « l’augmentation mensuelle nette de la population incarcérée est d’environ 500 détenus selon le ministère de la justice. Pour y faire face, il faudrait disposer chaque mois d’un nouvel établissement, comparable aux maisons d’arrêt de Nanterre ou de Toulouse Seysses, dont la capacité théorique est de 600 places. »
Grand remplacement
Le grand remplacement de la population de souche par la submersion migratoire est, en France, un fantasme de l’extrême-droite.
À Gaza, le grand remplacement de la population palestinienne par des colons est un projet en action. Le premier ministre israélien Netanyahou a annoncé son intention de conquérir Gaza. Il fait pour cela appel à des dizaines de milliers de réservistes. « La population de Gaza sera déplacée pour sa propre protection », a-t-il affirmé cyniquement.
Rappelons qu’affamer une population, détruire ses hôpitaux, ses écoles, ses lieux de culte et de mémoire constitue un crime contre l’humanité.
Le défi technologique chinois
Dans sa chronique économique hebdomadaire (The Monday Briefing), l’économiste en chef de Deloitte, Ian Stewart, explique comment la Chine est passée du statut d’usine du monde à celui de puissance technologique, capable de concurrencer les États-Unis, l’Europe, le Japon et la Corée du Sud dans la production de biens et de services de très haute technologie.
« En janvier, écrit Ian Stewart, la société chinoise DeepSeek a stupéfié les marchés financiers avec la sortie de son modèle d’intelligence artificielle générative R1. Il a égalé l’efficacité des modèles les plus avancés de la société américaine OpenAI, leader du marché, mais a été produit à une fraction du coût.
« L’annonce de DeepSeek fait partie d’une série de développements récents qui marquent une nouvelle étape dans l’évolution économique de la Chine. »
Un chiffre cité par l’économiste en chef de Deloitte est particulièrement éloquent. « La Commission européenne dresse une liste annuelle des 2000 entreprises qui investissent le plus dans la Recherche et Développement. En 2013, seules 93 de ces entreprises étaient situées en Chine, contre 658 aux États-Unis. En 2024, le nombre d’entreprises chinoises figurant sur la liste avait plus que quintuplé pour atteindre 524, contre 681 aux États-Unis et 322 dans l’UE. »
L’évolution du monde s’accélère. L’irruption tonitruante de Trump 2 oblige les Européens à prendre conscience de la fin des équilibres géopolitiques issus de la seconde guerre mondiale. Le défi silencieux de la technologie chinoise est aussi redoutable.