Chroniques d’un chat

Dans “forse non sono dio”, traduit en français par Géraldine Platz et Suzanne Estran sous le titre « Et si je n’étais pas dieu ? Chroniques d’un chat » (Gander Books 2024), l’écrivaine et amoureuse des chats Stefania Gander donne la parole à un chat qui raconte sa vie quotidienne auprès des « bipèdes ». Les citations incluses dans cet article ont été traduites par l’auteur de « transhumances ».

Tout petit, raconte le chat, j’ai été enlevé de ma mère par des bipèdes aux intentions troubles : veulent-ils me manger ? Tirer de moi une rançon ? Peu à peu, pourtant, ces doutes s’estompent, l’affection prend la place de la crainte, les bipèdes deviennent « papa et maman ».

Il n’est pourtant pas toujours facile de se comprendre. Quel nom me donnent-ils, par exemple ? « J’ai découvert ce qui est, avec une bonne approximation, mon nom : « No ». Court, efficace et facile à apprendre, cela ne me dérange pas du tout, même si cela pourrait être le diminutif de « Nontiazzardarescendisubitodalì » (N’essaie pas, descends de là tout de suite !), avec lequel ils m’ont appelé plusieurs fois. Je vais essayer d’en savoir plus dans les prochains jours. »

Le chat et ses bipèdes ne raisonnent pas de la même manière. Pourquoi un meuble n’aurait-il pas plusieurs fonctions : par exemple, pourquoi le canapé ne serait-il pas un lieu pour se reposer ET un griffoir ? Les portes constituent une autre source d’incompréhension. « Parmi tant de choses étranges, l’une des plus incompréhensibles sont les portes et la relation que les bipèdes entretiennent avec elles (…) J’aime être au milieu, un peu à l’intérieur et un peu à l’extérieur. Ça me donne confiance et puis j’aime ça, je n’ai pas à donner d’explications à qui que ce soit. »

Le livre couvre toute la vie du chat, depuis son « enlèvement » et son adoption jusqu’à son euthanasie sur la table d’une clinique vétérinaire, entouré de ces humains qui l’aiment et ne le laissent pas seul dans ces derniers instants.

Le récit de Stefania Gander est délibérément anthropocentrique. Il attribue le don du langage à un animal qui en est dénué, et il en résulte des scènes cocasses ou émouvantes. Il s’inscrit dans une logique opposée à celle de Desmond Morris (le chat révélé) ou de Karine Miermont (l’année du chat), qui s’efforcent de distinguer dans l’animal ses compétences proprement félines, qui le distinguent radicalement des humains. Des bipèdes, écrirait le chat de Stefania Gander.

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