Ferveur

Une messe de mariage dans la Sarthe et la visite de la cathédrale de Chartres m’ont mis au contact de catholiques fervents.

Dans la vaste église d’un bourg de la Sarthe, deux ou trois cents personnes sont rassemblées pour célébrer le mariage d’un couple d’une trentaine d’années. Un livret contenant les textes et les chants a été remis. Une jeune femme dirige les chants, assistée d’un piano et d’une guitare. La sonorisation est efficace.

Autrefois catholique fervent, je me suis détaché de l’Église catholique il y a trois décennies. Je m’étais alors demandé quelles valeurs je partageais avec le pape Jean-Paul II. Son refus du sacerdoce des femmes, son obsession pour une morale sexuelle obsolète, sa condamnation de la théologie de la libération heurtaient mes convictions. Peu à peu, ce sont les fondements du credo catholique que j’ai mis en doute : l’image de Dieu comme père tout-puissant, la résurrection de Jésus.

Vitrail de la cathédrale de Chartres

Je me définis aujourd’hui comme agnostique. Je n’exclus pas qu’un Dieu existe, mais je ne sais pas. Je suis frappé, lors de cette célébration de mariage, par la permanence de ce catholicisme fervent que j’ai quitté autrefois. Je ne connais aucun des cantiques, mais une grande partie de l’assemblée les reprend à pleins poumons. Certains sont en latin, en italien ou en espagnol. L’un d’entre eux, « resucitó » (il est ressuscité, en espagnol) résonne dans la nef. De nombreux jeunes s’agenouillent au moment de la consécration. Je retrouve le même enthousiasme lors d’une visite de la cathédrale de Chartres alors qu’a lieu la grand-messe dimanche, dans un grand concours de foule d’âges mélangés.

Ce catholicisme fervent n’est pas réactionnaire ou identitaire. Les mariés se sont fiancés au carmel de Lisieux. Leur foi est humble, attentive aux joies et aux souffrances de la vie. Elle est empreinte d’un bonheur simple. On ne ressent chez eux nul anathème ou nulle vindicte contre ceux qui pensent autrement.

Quelque chose m’interroge. Il y a quelques décennies, quelques-uns des frères, sœurs ou amis des jeunes mariés seraient devenus prêtres, religieux ou religieuses. Il n’y en a aucun aujourd’hui. Que se passera-t-il demain lorsque le clergé vieillissant ne sera plus suffisant pour constituer la structure permettant l’épanouissement d’une foi catholique fervente ?

2 réflexions sur « Ferveur »

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