Objectif SMART : sourire

 100217_invictus3.1266428740.jpg

L’une des tâches ardues du management est de fixer des objectifs SMART : spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et avec un temps assigné pour sa réalisation. Le film Invictus de Clint Eastwood nous en donne une jolie illustration.

Le tout nouveau président Nelson Mandela prend possession de ses fonctions et de son bureau. Le chef du service d’ordre, noir, qu’il a nommé, réclame des renforts pour assurer la sécurité d’un président qu’une partie de la population n’accepte pas. Dans le cadre de sa politique de réconciliation et de construction d’une nation multiraciale, Mandela lui envoie plusieurs anciens gardes du corps de De Klerk, blancs naturellement.

La coexistence entre les ennemis d’hier au sein de la nouvelle équipe est difficile. Les blancs ont du mal à accepter un chef noir ; les noirs ne croient pas en la loyauté de leurs nouveaux collègues. Pourtant, le tableau de service se met en place. Un objectif est fixé aux gardes du corps : sourire. Si face à une foule hostile ils affichent un visage crispé, l’objectif leur est fermement rappelé  par le circuit radio interne.

Ceci pourrait être un bon exemple de management. Pour les gardes du corps, sourire est un objectif SMART. Il est Spécifique : il n’entre pas dans la description de fonction du garde du corps, c’est un effort particulier qui est demandé. Il est Mesurable : le chef pourrait mesurer le nombre et la durée des sourires ! Il est Atteignable, même si le réaliser demande certainement de gros efforts aux « gorilles ». Il est Réaliste, car l’effort n’est tout de même pas surhumain. Enfin, il y a un Temps assigné pour sa réalisation : tout de suite !

(Photo du film Invictus)

Assassinat à Dubaï

100219_hamas-killing-001.1266609835.jpg

L’assassinat à Dubaï le 19 janvier d’un cadre de Hamas, Mahmoud al-Mahbouh, soulève de nombreuses questions.

Le Ministre israélien des Affaires Etrangères, Avigdor Lieberman, n’a pas voulu confirmer ni démentir l’implication des services secret, le Mossad, indiquant que son Gouvernement suivait une politique d’ambigüité en matière d’Intelligence. Sans craindre de se contredire, il a poursuivi « je pense que la Grande Bretagne reconnait qu’Israël est un pays responsable et que notre activité de sécurité est conduite selon des règles du jeu très claires, prudentes et responsables. » Il en a déduit que les relations entre son pays et la Grande Bretagne ne souffriraient pas de l’usage frauduleux, dans l’opération de Dubaï, des passeports de six citoyens britanniques vivant en Israël.

De fait, la réaction du Gouvernement britannique a été modérée. L’Ambassadeur israélien a été convoqué au Foreign Office pour « échanger des informations » sur l’incident. Il y a pourtant de quoi s’indigner : le truquage de passeports est un affront au pays qui les émet et en est propriétaire.

Mais on peut aussi s’étonner de la modération de l’opinion publique en Europe. Voici qu’un Etat s’adjuge le droit de condamner à mort sans procès et d’exécuter la sentence partout dans le monde. Où sont les droits humains ? Où est la démocratie ?

(Photo : le père de Mahmoud al-Mahbouh brandit une photo de son fils lors de ses funérailles. La photo comme les informations est extraite du quotidien britannique The Guardian. Voir en particulier www.guardian.co.uk/world/2010/feb/19/israel-britain-dubai-killing).

2000 pages de « transhumances »

p5230074.1266267780.JPG

 « Transhumances » a dépassé 2000 pages consultées le 13 février. La fréquentation du blog reste limitée, mais s’accroît d’un mois sur l’autre.

Ces dernières semaines, l’article le plus consulté a été « suicide assisté » qui traitait du cas de Kay Gilderdale, acquittée de l’accusation de meurtre contre la personne de sa fille, qu’elle avait aidée à mourir. Un lien a été établi avec cet article par la version électronique du quotidien gratuit « 20 minutes », ce qui a acheminé vers le blog plusieurs dizaines de lecteurs. De manière plus curieuse, un article rédigé en octobre vient en seconde position : « Gerda Taro, photographe de la guerre civile espagnole ». Viennent ensuite ma chronique du Colloque Coface Risque Pays, ma recension de la mise en scène d’Hamadou Hampâté Bâ par Peter Brook et « les paroles d’enfants immigrés » extraites d’un article de l’hebdomadaire italien Venerdì.

Chaque jour, une vingtaine ou une trentaine de visiteurs viennent sur le blog, dont environ une moitié constituée de personnes qui ne le connaissent pas et le trouvent en posant à par un moteur de recherche des requêtes qui correspondent dans la majorité des cas à ce qu’offre le blog. Le nombre de visiteurs augmente régulièrement.

 Les commentaires sont encore rares. L’interactivité est la principale piste d’amélioration de « transhumances » dans les mois à venir.

(Photo : sculpture évoquant la pièce Macbeth de Shakespeare à Stratford upon Avon)

Cap Trafalgar

100212_libro_cabo_trafalgar.1265962889.jpg

 La bataille de Trafalgar, le 21 octobre 1805, a marqué la mort et le triomphe de l’amiral Horatio Nelson, dont j’ai évoqué la biographie dans un précédent article de Transhumances. Pour marquer le deux centième anniversaire de la bataille, Arturo Pérez Reverte écrivit un livre magnifique, Cabo Trafalgar, à la fois solidement documenté et romancé (Cabo Trafalgar, Arturo Pérez-Reverte, Alfaguarra 2004).

Napoléon, qui veut envahir l’Angleterre, a ordonné à l’Amiral de la flotte Villeneuve de mettre le cap sur la Manche. Mais celui-ci, apeuré par une première confrontation avec l’Amiral Nelson au large du cap Finisterre, court se réfugier à Cadiz. Menacé de Conseil de Guerre, il finit par prendre la mer après avoir recruté de force des centaines d’hommes, souvent agriculteurs ou marins pêcheurs, pères de famille, qui n’ont aucune expérience des navires ni de la guerre.

La flotte est franco-espagnole. Le pouvoir en Espagne est entre les mains de Godoy, intriguant et amant de la Reine. La hiérarchie de la flotte est en bonne partie composée d’aristocrates pistonnés. Marins et sous-officiers touchent leur solde avec des mois de retard.

Villeneuve applique une stratégie énoncée plus de 100 ans auparavant. Les deux camps forment une ligne parallèle qui se canardent et passent à l’abordage. A la vue de l’escadre anglaise, il donne l’ordre de virer à 180º et de remettre le cap sur Cadiz. En raison de leur poids et du faible vent, les navires manœuvrent mal et des trous se forment dans la ligne. De plus, l’ordre de Villeneuve ne peut que s’interpréter que comme une préparation à la retraite, ce qui ne contribue pas au moral de l’encadrement.

Les navires de Nelson avancent sur deux lignes perpendiculaires à la ligne franco-espagnole. Leur stratégie consiste à couper la ligne là où elle est trouée et à neutraliser successivement chaque navire ennemi en profitant à chaque fois de la supériorité numérique. Comme ce sera le cas plus tard avec la Ligne Maginot, la stratégie de l’ennemi n’était pas décrite dans les manuels ! La bataille peut commencer. Les hommes déploient des filets au-dessus du pont pour recevoir les objets qui vont tomber en rafale depuis les mats, on jette du sable pour ne pas glisser sur le sang des hommes qui vont tomber au combat.

A l’ineptie des chefs, dont certains désertent purement et simplement, répond le comportement finalement héroïque des soldats, dans de nombreux cas encore adolescents, souvent amenés à cette boucherie contre leur gré. Dans le feu de l’action, le mélange de peur viscérale et de soif de vengeance pour les camarades assassinés galvanise les hommes. Ce n’est pas la raison qui parle en eux, seulement l’instinct de la dignité.

Le livre de Pérez Reverte est un récit palpitant, un témoignage historique documenté jusque dans les moindres détails, une histoire d’hommes embarqués pour l’enfer. Le langage mis dans la bouche des espagnols parlant des « gabachos » (expression qui désigne les Français comme « yankee » les Américains) est divertissant : « yenesepá », « orrevuar », « cuá ? », « mon petichú »… De la même manière, le parler des andalous est restitué de manière phonétique, ce qui est drôle mais aussi un peu dérangeant pour un lecteur étranger.

Le désastre de Trafalgar était prévisible. Il dérivait directement d’une structure politique fondée sur l’intimidation et l’arrogance en France, sur la corruption et l’esprit de classe en Espagne.