Arte TV a récemment diffusé Problemos, film réalisé par Éric Judor en 2017 sur un scénario de Noé Debré et Blanche Gardin.
Victor (Éric Judor), son épouse Jeanne (Célia Rosich) et leur petite fille quittent leur vie parisienne pour passer quelques jours dans une communauté de « zadistes » qui s’opposent à la construction d’un parc aquatique au creux d’une vallée encaissée où serpente une rivière.
Leur petite fille aimerait jouer avec le seul enfant de la communauté, mais comment s’appelle-t-il ? Sa mère, Gaya (Blanche Gardin) a refusé d’attribuer à « L’Enfant » un prénom, ainsi d’ailleurs qu’un genre : ce sera à elle ou lui de choisir son nom et si son genre sera féminin ou masculin.
La communauté zadiste se considère comme une anticipation de la société idéale. Il n’y a pas de chef, la propriété privée est abolie, femmes et hommes vivent sur un pied de stricte égalité, les tomates (bio) sont les meilleures de la région. Les affrontements avec la police permettent de se sentir forts et unis. Des rites consolident l’esprit communautaire : pour manifester sa satisfaction, on tend les bras vers le ciel, paumes ouvertes en rotation.
Lorsqu’une pandémie décime la planète et que l’escouade de policiers surveillant la Zad est retrouvée morte devant son véhicule, la communauté doit son salut à l’isolement. Simon (Youssef Haidi), qui a été en contact avec l’extérieur, est placé en quarantaine. Il fait preuve d’ingéniosité, trouve le moyen de produire de l’électricité et monte une douche chaude. Les membres de la communauté commencent à rêver d’autre chose que de leur vie rêvée, ils aspirent à un minimum de confort.
Jean-Paul (Michel Nabokov), le gourou de la communauté zadiste, apparaît pour ce qu’il est : un manipulateur et un incapable. Quant à Gaia, elle finira dans une cage construite en rondins. Victor, le Parisien, prend le pouvoir. L’illusion d’une société parfaite se fissure et finit par s’effondrer.
« Problemos » s’attaque, d’une manière politiquement incorrecte, au mode de vie et aux croyances des résistants aux projets d’aéroports, de bassines ou de lignes de TGV. Mais il le fait d’une manière si décalée et drôle qu’on se prend de sympathie pour ses personnages déjantés et qu’on sent bien qu’il joue sur le deuxième et le troisième degrés. Le spectateur rit beaucoup devant ce théâtre de l’absurde où il se trouve sans cesse pris à contrepied par des situations décalées poussées jusqu’à l’hyperbole.