Relance de la police de proximité Outre-Manche

Après des années de désinvestissement dans la police de proximité, le gouvernement anglais a décidé de lancer une garantie de police de voisinage (neighbourhood policing guarantee), appuyée sur un financement de 200 millions de livres et la création de 1 300 postes.

Sur le site du gouvernement d’Angleterre et du Pays de Galles, on lit : « La police de quartier est une police visible et communautaire.

« Il s’agit d’instaurer la confiance, de s’attaquer aux problèmes locaux, de protéger les personnes vulnérables et de travailler avec des partenaires pour créer des solutions à long terme. Qu’il s’agisse de patrouiller dans les parcs et les rues principales, de visiter les écoles ou d’aider à prévenir les comportements antisociaux, les équipes de quartier jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’ordre local. »

Les policiers de voisinage se déplacent à pied ou à vélo. Ils écoutent les habitants du quartier. Il n’y a pas deux jours semblables, dit l’un d’entre eux. À un moment donné, vous pouvez gérer la circulation lors d’une collision, le lendemain, visiter un collège local ou prendre des nouvelles d’un résident inquiet. Les policiers de voisinage sont d’excellents communicateurs qui aiment travailler avec les autres, restent calmes sous pression et font la différence là où cela compte le plus.

Dans un article intitule “do broken windows mean broken Britain?” (des fenêtres bisées signifient-elles une Grande Bretagne brisée ?), le Financial Times relève une distorsion entre les statistiques de la délinquance en Grande-Bretagne et la perception du public. Les chiffres attestent d’une baisse de la délinquance, alors que les gens ont le sentiment qu’elle s’accroît.

Le Financial Times explique ce décalage par le fait que la « criminalité de rue » a augmenté rapidement. Au cours de la dernière décennie, le nombre de vols à l’étalage a cru de plus de 50 %, celui des vols qualifiés (y compris les vols de téléphones et de voitures) de plus de 60 % et celui des crimes au couteau de près de 90 %.

Les citoyens, exaspérés de voir leurs vitres brisées et leurs clôtures cassées par des bandes d’adolescents et de jeunes, ont le sentiment que la police est absente et la Justice injuste. « Quelle est la bonne réponse à cette socialisation de la criminalité ? se demande l’auteur de l’article. La réaction instinctive est souvent une peine punitive, même pour des infractions mineures. Mais cela risque d’accélérer, et non de retarder, la généralisation de la criminalité. » En revanche, une police près de gens donne de meilleurs résultats.

Le gouvernement français suit une voie inverse. Bien que les études démontrent que le durcissement de la politique pénale ne freine pas la criminalité mais jette de l’huile sur le feu en accentuant la marginalité et la colère d’une partie de la population, il continue de faire croire qu’en tapant plus fort, et encore plus fort, il offrira plus de sécurité aux citoyens.

Non, les vitres brisées ne signifient pas que le pays soit brisé, dit le Financial Times. En France aussi, on ferait bien de rapprocher la police du voisinage, au lieu d’en faire un outil toujours plus répressif.

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