Derrière la seizième porte

Dans « derrière la seizième porte, une classe pour s’évader dans la prison » (Rue des Écoles / Récits, l’Harmattan, mars 2015), Françoise Leclerc du Sablon raconte son expérience d’enseignante en prison pendant une douzaine d’années.

 L’auteure est aujourd’hui visiteuse de prison dans l’Yonne et membre de l’ANVP. Elle connait bien la prison pour avoir enseigné dans une maison d’arrêt du nord de la France pendant ses dernières années d’activité professionnelle au sein de l’Éducation Nationale. La seizième porte, c’est celle qui ouvrait sur sa salle de classe après un parcours d’obstacles fait de portails, de gâches électriques, de sas et de grilles. Continuer la lecture de « Derrière la seizième porte »

Elucubrations sur les longues peines

Sous le titre « 1000 ans de prison effectués en 8 heures ? », Europe 1 s’est fait l’écho d’un article provocateur et cynique publié en août 2013 par une universitaire britannique, Rebecca Roache.

 L’article de Rebecca Roache a été publié dans le blog collectif d’enseignants d’Oxford « Practical Ethics ». Il est intitulé « Enhanced punishment : can technology make life sentences longer ? » (Châtiment renforcé : la technologie peut-elle rendre plus longues les condamnations à perpétuité ?). L’auteure part du cas d’un couple condamné à la prison à perpétuité pour des sévices ayant provoqué la mort de leur fils de 4 ans. En réalité, ils devraient être libérés au bout de trente ans. Pendant leur temps en prison, ils bénéficieront de conditions qu’ils ont refusées à leur fils : nourriture, service de santé, activités éducatives et récréatives, garantie du respect des droits. En comparaison de leur crime, la sanction semble inadéquate. Comment s’assurer que ceux qui commettent des crimes de cette ampleur soient suffisamment châtiés ? Continuer la lecture de « Elucubrations sur les longues peines »

On ne voit pas bien

Dans mes précédentes chroniques « on verra bien » et « on a bien vu », j’ai évoqué la situation de Kevin, que je visite à la maison d’arrêt où il est détenu.

 Les portes, une à une, se referment. Kevin a perdu le statut « d’auxi » qui lui permettait de se déplacer à son étage, de gagner un pécule et de tuer le temps. Le certificat d’hébergement qui appuierait une demande de libération sous contrôle judiciaire n’arrive pas. Son avocate ne donne pas signe de vie. Il ne reçoit pas de « parloir famille ». Continuer la lecture de « On ne voit pas bien »

On a bien vu

Dans la chronique intitulée « on verra bien », je décrivais le fatalisme de Kevin, un jeune homme actuellement détenu en maison d’arrêt. Dans le temps mou de la prison, les choses évoluent parfois vite, pas toujours dans le bon sens.

 Kevin semble subir les événements de sa vie (« on verra bien »). Je me demandais la semaine dernière s’il réaliserait son seul projet : demander de changer de cellule, son codétenu lui étant devenu insupportable. Continuer la lecture de « On a bien vu »