Dans « Toi qui m’aimais », la réalisatrice Diane Kurys évoque le couple formé par Yves Montand et Simone Signoret dans les dix dernières années précédant la mort de cette dernière, en 1985.
Simone Signoret (incarnée par Marina Foïx), qui fut d’une exceptionnelle beauté, est devenue une femme âgée, abimée par l’alcool, ignorée par les réalisateurs, employant son temps libre à écrire ses mémoires.
À l’inverse, Yves Montand (Roschdy Zem) est en pleine gloire comme chanteur et comme acteur. Il multiplie les conquêtes féminines, son principal trophée n’étant autre que Marilyn Monroe, suivie par beaucoup d’autres. Montand est séduisant. C’est un menteur invétéré, habile à raconter l’histoire à son profit et au détriment des autres, à commencer par Simone, son épouse.
Simone fait mine d’endurer stoïquement les escapades amoureuses de son mari, inéluctablement suivies d’un retour au bercail. Elle fait mine aussi d’accepter d’avoir disparu dans l’ombre, alors qu’il est en pleine lumière. En réalité, elle souffre atrocement des trahisons, de l’effacement et surtout du vieillissement.
Lorsqu’on lui propose d’incarner Madame Rosa dans « La vie devant soi », c’est un rôle de vieillie prostituée en fin de vie qui s’offre à elle. Montand lui conseille de refuser le rôle, à la fois par l’image de vieille décatie que dégagera le film et parce qu’il redoute que, revenue sous les projecteurs, son épouse luis fasse de l’ombre.
Les critiques unanimes saluent la performance de Marina Foïx, qui incarne avec intensité une femme brulant d’amour et de de ressentiment, forte en apparence mais laminée par les déceptions et par l’âge. Elle est plus réservée concernant Roschdy Zem, qui semblerait mal à l’aise dans son rôle. Je pense au contraire que le malaise fait partie du personnage : Montand, chaque fois qu’il retrouve Signoret après une escapade, sent le poids de ses trahisons.
« Toi qui m’aimais » est un beau film sur un couple qui doit se réinventer à mesure que les années passent et que s’installe la vieillesse, Qu’est-ce que la fidélité ? Pour Montand, Signoret restera jusqu’au bout la femme de sa vie.
